A Washington DC, on s’inquiète de savoir si l’aigle américain n’a pas deux têtes qui agiraient chacune à l’inverse de l’autre, tant la politique étrangère apparaît schizoïde. En effet, les élites s’interrogent, comme on manifeste dans la rue à New York, sur le bien-fondé des faucons US qui, après l’invasion au rouleau compresseur sur l’Irak, mettent en place des régimes démocratiquement élus, ce qui serait bien, s’ils ne s’empressaient, aussitôt, de faire le lit, dans leurs textes constitutionnels, à la shariah ou la loi islamique.
L’article 2 de la Constitution irakienne stipule que : " Aucune loi qui contredirait les prérogatives de l’islam ne saurait être établie" . Et Sayyed Ayad est un membre libéral du Parlement irakien qui demande la séparation de la mosquée et de l’Etat ; et, pourtant, il n’a exprimé aucun doute, pendant son voyage aux Etats-Unis, sur le choix pro-shariah que ferait bientôt le peuple irakien. Et, que l’Irak testerait, au moins pour dix ou vingt ans, cette formule de loi islamique. Comme il en fut en Afghanistan, et désormais tantôt en Irak. Aussi, aux Etats-Unis, on pense ardemment aux suites de ce contournement des voies démocratiques, qui a contraint, il y a peu, l’apostat devenu chrétien, Abdul Rahman à s’expatrier en Italie pour fuir les exercices si définitifs de la shariah, qui se décident soit au tribunal soit à la rue.
Aux Etats-Unis, on comprend qu’il faille respecter le droit des peuples à leur auto-détermination. Mais, sur le territoire provincialiste US, on ne saisit plus l’utilité du sacrifice des soldats américains pour une telle cause : laquelle bien que démocratique, irait, dans ses prolongements et conséquences, à rebours des plus fondamentales conceptions de la liberté occidentale, pour laquelle ces jeunes soldats se seraient quand-même un peu engagés et qu’ils en meurent.
Par ailleurs, on se lasse aussi du comportement absurde de la jihad qui résiste férocement, car elle veut mettre l’envahisseur américain à la mer. Ce qu’on peut comprendre, mais beaucoup moins quand ces troupes infernales des infidèles US aident à installer des régimes pro-shariah, que ces combattants de la jihad réclament jusqu’à se jeter dans des charges suicidaires. Aussi, Il est légitime que le citoyen de la rue US y sente quelque paradoxe, sinon un parfum amer de contradiction, qu’il faudrait, à tout le moins, lui expliquer.
Et, dans son éditorial du "Washington Times", du 28 avril et intitulé "Shariah Nations", Diana West se fait l’écho de telles oppositions qui montent pour poser cette question qui sourd comme à basse note. Elle suppose que le front serait tout autre, et même plus vaste qu’il y paraît. Et, elle propose une carte du conflit qui s’espacerait selon trois axes : d’abord, depuis la grotte introuvable de Ben Laden vers Téhéran ; puis, selon les flux des révoltes qui flambent du Danemark des caricatures jusqu’aux rues fumantes et hurlantes de Tel Aviv ; et enfin, selon un nouvel axe très-surprenant qui irait de la banlieue allumée, pour ne pas dire illuminée, de Paris jusqu’à la chaise électrisée de Moussaoui au Tribunal du Ground Zero.
En effet, elle déclare une drôle de guerre US qui devrait faire plus fort que le débarquement de Normandie en 1944 "to win France", ce sont les termes mêmes de notre belle amazone. Mais, aussitôt, en sage éditorialiste elle modére son propos, quand elle précise que le front occidental, c’est-à-dire américain, contre l’instauration des régimes gouvernant selon la shariah, exigerait préalablement une meilleure compréhension de l’islam. On a senti le vent du boulet !
C’est-à-dire, qu’elle préconise une lutte mais transposée sur le champ des idées : pour d’abord expliquer les buts démocratiques, sinon pour combattre leurs détournements. Et, qu’il faudrait engager au plus vite un processus de réflexion, qui s’espacerait au-delà du train trop tranquille des débats du nouveau "Groupe d’Etude Irakienne". Lequel a, certes, été mis en oeuvre par le "US Institut pour la Paix", dont les personnalités non-gouvernementales conseilleraient la Présidence Bush. Mais, qui est composé de vétérans trop politiquement corrects, pour pouvoir oser un vif débat qui saurait briser le sceau d’anciennes conceptions trop usées, sinon leurs siestes notoires. Car, il est assez admis, que ce ne seraient pas les poussifs James Baker, ni Vernon Jordan qui pourraient renverser les stratégies, qui ont amené un tel détournement des votes démocratiques qui finissent par faire le lit de ce qu’ils tentèrent d’éloigner à tout prix.
Diana West demande donc à la Présidence, ainsi qu’à l’opinion descendue dans la rue, la constitution d’un "Groupe d’Etude de l’Islam" qui serait composé de personnalités qui auraient tranché leur langue de bois avec toutes échardes. La rue y serait très favorable, puisque les citoyens et toutes élites et people confondus manifestent à New York, et à reprises ces jours-ci.
C’est pourquoi, Diana West vient de proposer les personnalités suivantes pour constituer le "Groupe d’Etude de l’Islam" : Hirsi Ali, Bat Ye’or, Bruce Bawer, et Andrew G.Boston. Car désormais, au coeur de l’Empire, ont craindrait plus l’extension de la shariah par le processus démocratique que par les excès de la jihad, et surtout en Europe et dans la France : qui est étrangement perçue, si nous n’étions juste avant la saison touristique, comme la pointe la plus avancée de la peur de l’islamisation, tant l’Amérique s’espacerait sur tous les fronts.
Demian West
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