Le musée du Jeu de paume à Paris présente Steichen, une épopée photographique. Cet artiste d’origine luxembourgeoise émigra aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle. Pour y créer ses premières photographies au mitan des années 1880. Elles sont encore dictées par la rhétorique picturale que d’aucuns diront assez symboliste, pour leur seule modernité qui colle avec le temps de symbolistes.
En fait, il s’agit plus certainement de ce qu’on nomme le pictorialisme. Soit la photo conçue comme l’achèvement du tableau. Quand ce médium devait encore trouver son propre discours. Puisque, selon les théorèmes de Mac Luhan, un médium représente un référent ou un modèle, quand il se représente lui-même, dans le même temps. Par exemple, la télévision diffuse ses émissions dans lesquelles nous voyons apparaître toutes caméras et micros ou dispositifs qui signifient que nous sommes à la télévision.
Steichen fut le photographe qui fit ce passage de la peinture à la photographie libérée des référents au pinceau et à la toile. Il reçut les cours de peintures de l’Académie Julian. Mais il cessa de peindre en 1920. Après avoir inauguré, avec d’autres, les premières photographies autochromes inventées par les frères Lumière. Steichen est emblématique de cette fin du XIXe siècle, entre Paris et New York, quand les peintres devinrent photographes. Certains par déchéance de leur activité de peintre, et d’autres par l’attrait pour cette nouvelle technique picturale.
La marque de Steichen est une sorte de sfumato que nous ressentons, aujourd’hui, comme une nostalgie du siècle des romantiques et des impressionnistes. Quand lui y mettait la charge du temps qui fuit virgilien. Comme une photographie qui pense l’histoire et le contingent. Steichen se lia d’amitié avec Stiegliz le créateur de la revue d’avant-garde Camera Work.
Edward Steichen inventa la photographie "directe" et non plus imitatrice de la peinture. Il aborda tous les thèmes, le paysage, le portrait, la mode. Et il composa des couvertures pour Vogue et Vanity Fair.
Son travail marque le tournant du siècle vers la représentation directe et réaliste. C’est-à-dire, vers un abandon des références à l’antique et à l’historicisme qui fit tout le XIXe siècle. C’est donc une sorte de construction du nouveau siècle qui apparaît hors de la brume. Un peu le "Flatiron" building de 1904 qui reste une figure d’angle étroite qui nous fait passer d’un boulevard à l’autre en une vision de nanoseconde du flash de Steichen.
Demian West
Wednesday, October 17, 2007
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