Il n'est nulle part mais il est partout, derrière le gris aveugle des écrans saponifiés qui tentent de manipuler les masses inertes. C'est l'homme de la foule qui est le maître de ses dépôts de toutes ses économies qu'il a dû poser dans des banques qui s'entrechavirent pendant une crise mondiale aux allures de théâtre excessif, presque d'amateurs.
En effet, depuis plus d'une semaine que les médias nous annoncent des nuées d'épargnants faisant la queue devant leur banque rétive, on n'en voit pas le moindre lopin d'une queue qui traînerait sur les trottoirs où l'on peut toujours voir l'homme de la rue dans ses activités ménagères cryptées et inchangées. C'est donc que la panique de la bourse des médias ne prend pas.
D'aucuns diront : Pas pour l'instant ! quand à la telly des journaux flasheurs, les journalistes éclairés pas les spots des ambulances professent cet oracle depuis si longtemps qu'il en est devenu sans effet d'influence ou de suggestion velléitaire. Tout pareil au dispositif plastique de toute bonne oeuvre de Warhol vouée à démonter les stars et le système des médias : La répétition ennuie et désamorce le message contenu et diffusé par les images...
Car c'est probablement d'un bras de fer assez nouveau qu'il s'agit. Puisque nous voyons bien deux forces qui se font une opposition ferme et fixe. Et la première, les médias, veut contraindre la seconde et dernière, la foule. Et ce qu'il en ressort nettement, c'est que ça ne marche plus. Peut-être ce dispositif n'a-t-il jamais fonctionné, et nous en sommes rendus à cette évidence : Que les gens n'écoutent pas les médias pour gérer leurs propres intérêts en lesquels ils ont placé tout leur coeur et donc leurs billets d'amour bien vert qui trust-en-God.
Et cette foule est un grand ensemble qui se sait non-agir de sa façon inerte, comme un esprit de la foule qui ne communiquerait pas ou d'une façon si invisible ou intuitive que globale ou universelle, peut-être métaphysique. On dirait que l'individu y prend toute la mesure des gesticulations médiatiques, qu'il a certes pu décrypter depuis des décennies qu'on se fiche du public en lui annonçant hier, et par des foudres d'analyses cumulées, ce qu'il ne se passera jamais le lendemain.
Il reste que je ne confondrai jamais l'homme de la foule avec les intervenants agités des journaux du web dits "participatifs". Car là, s'y expriment des troupes de charlatans et de vendeurs de leurs propres discours sur eux-mêmes, que le monde n'attendait jamais et tout pour néant, ou pour distraire l'après-midi des maisons de passes ou de repos qui n'en demandaient pas tant de ces niaiseries et de ces grossièretés jetées à la rue du web. En revanche, l'homme de la foule parle peu mais il n'en pense pas moins, comme il dirait.
D'ailleurs, c'est bien dans ces journaux éphémères que la foire à la panique est la plus vive et même emportée, quand dans la rue tout est calme, et on peut circuler y a rien à voir ! Hormis, le film "Coluche", qui sort dans quelques jours, et que là ! nous tenons certainement une vraie nouvelle de quelque importance "informative" (ce qui est déjà un gros mot), et probablement "panique" au sens que le libératoire Topor donnait à ce mot et au mouvement artistique "Panique"qu'il avait créé et fédéré avec des pointures du coup de pied au culier par la provoc.
En procédant à la réincarnation filmique de Coluche, le flegmatique Antoine de Caunes et l'excellentissime Demaison-Coluche frappent un grand coup dans la clinique des films pèpères qui bricolent l'événement. Là ! c'est du sérieux ! dirait Sarkozy pour ouvrir le bal des journaux à grands tirages de couvertures à soi.
L'homme de la foule ce n'est pas le paniqueur ni le paniqué, non plus que le bourseman excité par la chaleur du gouffre à gaufres des rôtisseries des neufs et cheap hamburgers aux rats dans Wall Street district. L'homme de la foule c'est le spectateur hâtif d'aller voir le film événement, qui met enfin en rôle le véritable homme de la foule que fut Coluche. Et que cet homme-là osait dire des trucs qui seraient traqués comme la dernière folie de nos jours, une folie vouée immédiatement à une trépanation de la zone humoristique de ses tripes de cerveau, heureusement non encore localisée.
Courrez voir ce film dans lequel Deila Vogur, la muse enchérie de Demian votre humble narrateur, joue une top-modello qui est un canon chargé jusqu'à la gueule de la caméra aussitôt ravagée et fondue par tant de beauté germanopratine, déjà perceptible dans la bande annonce qui brûle. (C'était la minute promo glissée par notre monde des profits pas petits, O mes frères et soeurs !) Tout le monde s'y met à courir vers le revival Coluche comme une manière de retour vers le paradis perdu et l'Âge d'or.
A l'inverse, d'autres s'y prennent mal comme Lederman l'ex imprésario de Coluche et d'autres avidités familiales, qui se jettent déjà contre le film pour en ralentir le succés annoncé, en bons petits boursicoteurs et spéculateurs sur le scandale et prendre le film en otage. En d'autres termes, pour qu'il en tombe des petits gains procéduriers ou événementiels, et donc pour bien-profiter du retour de Coluche qui savait faire. La crise !
Nous vivons une époque de grands bouleversements de créances païennes. Alors n'ayons pas peur d'être l'homme de la foule qui osait dire aux prophètes bibliques : "Mangeons et buvons car demain nous mourrons. " Et profitons en pour tenter quelques dernières folies, qui passeront bien avec le reste de la médecine. En d'autres termes coluchiens : "Foutons leur au cul !"
Car demain tout reprendra son cours merveilleux des anesthésistes gaffeurs et aussitôt amnistiés. Ceux des paumés qui auront changé leurs économies en lingots d'or les revendront à perte ruinés, et l'homme de la foule qui n'aura pas bougé, pas paniqué, ce sage retournera à son anonymat nocturne du plus grand sommeil encore de ses lourdes masses inertes. Quand les moucherons médiatiques ne les piqueront plus, puisque la crise ne sera plus de saison.
Demian West
Thursday, October 09, 2008
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2 comments:
Quand on lit l'article du Canard Enchaîné sur la Caisse d'Epargne je me demande quel est le mobile qui pousse ce journal à écrire de telles choses. En temps de guerre ça relèverait de la trahison.
La moitié JC d'Allard a été squatté par le diable et tous les grands prêtres d'Agoravox sont venus pour l'exorciser.
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