Vrai, il était sur fond noir, sous un lustre ténébreux, comme pour nous dire des couleurs du malaise. Ses deux avocats massifs et mouvants, comme deux ailes de part et d’autre dans le dos, genre l’ange déchu, quoi ! Le bien et le mal scénographiés, comme à la télé. Vrai aussi, que le Président de la Commission parlementaire était montré sur fond clair, et pour les mêmes raisons, mais a contrario cette fois.
Et là, ô mes frères et soeurs, je sentis bien quelque évocation des mises en scènes, que l’on pourrait dire maccarthystes, et parentes des chasses aux sorcières fantasmatiques. Assez, pour ne pas craindre qu’elles fussent peut-être volontaires, ou quelque chose comme ça.
Ah ça ! J’étais chez moi, c’est sûr, en liberté, comme qui dirait dans mon quant-à-soi. Genre mon vieil Alex de l’ "Orange mécanique", mais bien rangé des charrettes de ces terreurs paniques. On nous avait annoncé, façon de parler, de la bidonske bidoche bézoumni, à la téloche des familles. Un juge qu’ils allaient juger tzarrible... on allait voir !
Le visage de Burgaud dans le noir, était si blanc ou vert, enfin d’une couleur qu’on ne connaît pas trop, si nous ne l’avons pas déjà ressentie nous vider de nous-même : la couleur de la terreur. Au gré de nos souvenirs angoissés de noctambule, et d’abord si doucement mélancoliques, dans le tableau intitulé "Nighthawks" de Hopper en 1942 ; aussi, des lumières blafardes et soufrées des distorsions effrayantes de l’expressionnisme allemand, en noir et blanc ; enfin, le black and white si "love and hate" de la "Nuit du Chasseur", de Charles Laughton en 1955.
Ce film noir qui nous narre la terreur d’enfants pris au piège, par un imposteur qui s’est introduit habilement, sous couvert des habits de l’autorité morale, dans leur propre famille. Et, dont la mise en scène dramatique nous dit, plus subtilement, des jugements hâtifs des maccarthysmes ; aussi, pour arrêter toutes les charrettes à la Burgaud, de celles que le juge mit en branle, quand-même.
Car, nos glazes tivi-sidérés virent cette réthorique de la terreur, ou esthétique de la terreur, qui vira un peu à l’imposture : quand le juge fut maquillé comme en victime photo-anthropométrique, à la place la plus médiatique qui revenait plus certainement à ses victimes. Au moment, quand nous venions juste de sortir de la projection du film de George Clooney : "Good Night, and Good Luck", autour de Ed Murrow et de son émission "See it now" sur CBS, aux temps de la terreur du maccarthysme. Et, qu’il paraît, aujourd’hui, pour marquer les intolérances de notre époque.
Vrai encore, que la plus forte esthétique de ces images filmées, puis télévisuelles, ajoute du malaise au doute. Parce qu’elles réaniment la scène primitive maccarthyste, en distribuant les rôles et places. Plus largement, quiconque apparaît sur l’écran, en pleine toile, y est forcément promu au rang de star, par le fait même hypnothique : qu’il soit accusateur ou qu’il soit victime. A fortiori, quand il est cadré en place de victime de la question, jusqu’à apparaître si vulnérabilisé qu’on le perçoit, à la fin, comme un enfant tremblant, et donc presque innocent : ce qui a été dit du juge, après cette prestation qu’il aurait demandée.
C’est alors un effet de la télévision, que l’on pourrait dire : icônique. Et, un effet d’icône qui tourne toujours à la rédemption, hagiographique ou héroïque, du type en gros-plan télévisuel. Ainsi, est-ce une rhétorique de l’image qui sanctifie et blanchit, et qui semble favoriser les impostures les plus invraisemblables. Tout comme le ferait le plus habile et le meilleur des avocats. A la différence, qu’il y serait à l’oeuvre dans son plus noble office : ce qui n’est pas la meilleure raison de la télévision. Dacodac ? Ô mes frères.
Il est vrai enfin, que la justice appartient à tous. Mais sur l’écran, on nous l’a donnée à voir en juge-machine, selon le vieux fantasme napoléonien d’efficacité. Et, que ce juge avait viré si aigre d’insensibilité déshumanisante, pour, finalement, se ressaisir et se mettre en une place qui revenait à ses victimes. Et donc ce fut, d’une certaine façon, une chasse aux sorcières et une pseudo-victime, bien fictionnelles, qui semblent plus concurrentes du film de Clooney, qu’une utile expression de l’affaire réelle que nous attendions. C’est-à-dire qu’on nous montra une mise en scène qui renvoyait à une fiction, vraisemblablement destinée à nourrir nos dévorations, que l’on voulût tantôt éducatives, mais qui nous ont distrait, dans le même temps, des victimes réelles.
Nous ne pouvons douter qu’il résultera, de cette commission, quelque suite favorable et technicienne du Droit. En revanche, la réalité qui semble s’en dégager, tout-de-suite, de ces tivimages : c’est qu’on se gardera, maintenant, d’être happés par de quelconques chicanes juridiques. Ce qui est sage ! Mais aussi, pour ne pas risquer de tomber coupable bien qu’innocent. Autrement dit, le doute que tous réclamaient dans la procédure, et pour qu’il profite à l’accusé, est aujourd’hui plus étendu et espacé : mais probablement comme notre doute en la Justice même. Mis en scène dans le corps des juges, si humiliés et blessés en live. Ce qui n’était pas utile, mais qui fait image et de la plus forte impression et audience ! Si bien qu’il en naîtra aisément un nouveau mythe, et potentiellement actif dans toutes les familles.
Toutefois, ces icônes posent une vraie question : comment informer et montrer les dérives de nos grandes machines collectives, devenues trop complexes, pour que quiconque puisse prétendre encore les maîtriser ? Si peu qu’elles dévorent donc des individus isolés ou affaiblis.
Et, peut-être, fallait-il montrer, en complément de cette imposture des images du juge Burgaud en pseudo-victime, les images introuvables parce qu’elles n’existent pas : des visages de la terreur des condamnés d’Outreau, pendant leur solitude la plus intime, quand ils étaient en face d’un juge trop jeune et trop mécanique. Mais, nous ne doutons pas qu’elles feront le scénario d’une fiction prochaine. En attendant, c’est le juge Burgaud qui nous les a montrées en les revêtant.
Et, ces fictions-là nous montreront un jour, que, dans ces doutes des procédures cumulées, c’est la procédure elle-même qui devient un préjudice. Puisque, d’une part, le justiciable craint trop la fin, soit la décision qui le condamnerait à tort, soit quand il s’accuse lui-même des pires crimes qu’il n’a pas commis pour fuir ces pressions intolérables, soit quand il tente de se suicider, comme on l’a vu à reprises. Et pourquoi pas, quand il s’offre à la dévoration médiatique...
C’est une terreur de Justice bien-singulière dans notre République, où chacun tombe à la suite, et jusque devant les mâchoires des caméras. Tellement, qu’il nous faut espérer en une dernière Instance, plus au-dessus de ces terreurs paniques : la République, incluant nous tous... A-t-elle certainement tout prévu.
Vrai, je venais de voir ce film, la première du retour du vieil arroseur arrosé, mais d’un juge jugé ! Et, j’étais chez moi, en liberté c’est sûr, dans ce qu’on dit tantôt mon quant-à-soi ! Et j’ai dit en pensant, comme ça, que le truc genre terreur nous mènerait tous à mentir, tellement on aurait peur pour not’peau. Ce qui n’est plus karacho du tout.
Alors j’ai dit comme ça, en moi-même : vrai, si on s’en sort, ce s’ra la chance, quoi !
Demian West
Et là, ô mes frères et soeurs, je sentis bien quelque évocation des mises en scènes, que l’on pourrait dire maccarthystes, et parentes des chasses aux sorcières fantasmatiques. Assez, pour ne pas craindre qu’elles fussent peut-être volontaires, ou quelque chose comme ça.
Ah ça ! J’étais chez moi, c’est sûr, en liberté, comme qui dirait dans mon quant-à-soi. Genre mon vieil Alex de l’ "Orange mécanique", mais bien rangé des charrettes de ces terreurs paniques. On nous avait annoncé, façon de parler, de la bidonske bidoche bézoumni, à la téloche des familles. Un juge qu’ils allaient juger tzarrible... on allait voir !
Le visage de Burgaud dans le noir, était si blanc ou vert, enfin d’une couleur qu’on ne connaît pas trop, si nous ne l’avons pas déjà ressentie nous vider de nous-même : la couleur de la terreur. Au gré de nos souvenirs angoissés de noctambule, et d’abord si doucement mélancoliques, dans le tableau intitulé "Nighthawks" de Hopper en 1942 ; aussi, des lumières blafardes et soufrées des distorsions effrayantes de l’expressionnisme allemand, en noir et blanc ; enfin, le black and white si "love and hate" de la "Nuit du Chasseur", de Charles Laughton en 1955.
Ce film noir qui nous narre la terreur d’enfants pris au piège, par un imposteur qui s’est introduit habilement, sous couvert des habits de l’autorité morale, dans leur propre famille. Et, dont la mise en scène dramatique nous dit, plus subtilement, des jugements hâtifs des maccarthysmes ; aussi, pour arrêter toutes les charrettes à la Burgaud, de celles que le juge mit en branle, quand-même.
Car, nos glazes tivi-sidérés virent cette réthorique de la terreur, ou esthétique de la terreur, qui vira un peu à l’imposture : quand le juge fut maquillé comme en victime photo-anthropométrique, à la place la plus médiatique qui revenait plus certainement à ses victimes. Au moment, quand nous venions juste de sortir de la projection du film de George Clooney : "Good Night, and Good Luck", autour de Ed Murrow et de son émission "See it now" sur CBS, aux temps de la terreur du maccarthysme. Et, qu’il paraît, aujourd’hui, pour marquer les intolérances de notre époque.
Vrai encore, que la plus forte esthétique de ces images filmées, puis télévisuelles, ajoute du malaise au doute. Parce qu’elles réaniment la scène primitive maccarthyste, en distribuant les rôles et places. Plus largement, quiconque apparaît sur l’écran, en pleine toile, y est forcément promu au rang de star, par le fait même hypnothique : qu’il soit accusateur ou qu’il soit victime. A fortiori, quand il est cadré en place de victime de la question, jusqu’à apparaître si vulnérabilisé qu’on le perçoit, à la fin, comme un enfant tremblant, et donc presque innocent : ce qui a été dit du juge, après cette prestation qu’il aurait demandée.
C’est alors un effet de la télévision, que l’on pourrait dire : icônique. Et, un effet d’icône qui tourne toujours à la rédemption, hagiographique ou héroïque, du type en gros-plan télévisuel. Ainsi, est-ce une rhétorique de l’image qui sanctifie et blanchit, et qui semble favoriser les impostures les plus invraisemblables. Tout comme le ferait le plus habile et le meilleur des avocats. A la différence, qu’il y serait à l’oeuvre dans son plus noble office : ce qui n’est pas la meilleure raison de la télévision. Dacodac ? Ô mes frères.
Il est vrai enfin, que la justice appartient à tous. Mais sur l’écran, on nous l’a donnée à voir en juge-machine, selon le vieux fantasme napoléonien d’efficacité. Et, que ce juge avait viré si aigre d’insensibilité déshumanisante, pour, finalement, se ressaisir et se mettre en une place qui revenait à ses victimes. Et donc ce fut, d’une certaine façon, une chasse aux sorcières et une pseudo-victime, bien fictionnelles, qui semblent plus concurrentes du film de Clooney, qu’une utile expression de l’affaire réelle que nous attendions. C’est-à-dire qu’on nous montra une mise en scène qui renvoyait à une fiction, vraisemblablement destinée à nourrir nos dévorations, que l’on voulût tantôt éducatives, mais qui nous ont distrait, dans le même temps, des victimes réelles.
Nous ne pouvons douter qu’il résultera, de cette commission, quelque suite favorable et technicienne du Droit. En revanche, la réalité qui semble s’en dégager, tout-de-suite, de ces tivimages : c’est qu’on se gardera, maintenant, d’être happés par de quelconques chicanes juridiques. Ce qui est sage ! Mais aussi, pour ne pas risquer de tomber coupable bien qu’innocent. Autrement dit, le doute que tous réclamaient dans la procédure, et pour qu’il profite à l’accusé, est aujourd’hui plus étendu et espacé : mais probablement comme notre doute en la Justice même. Mis en scène dans le corps des juges, si humiliés et blessés en live. Ce qui n’était pas utile, mais qui fait image et de la plus forte impression et audience ! Si bien qu’il en naîtra aisément un nouveau mythe, et potentiellement actif dans toutes les familles.
Toutefois, ces icônes posent une vraie question : comment informer et montrer les dérives de nos grandes machines collectives, devenues trop complexes, pour que quiconque puisse prétendre encore les maîtriser ? Si peu qu’elles dévorent donc des individus isolés ou affaiblis.
Et, peut-être, fallait-il montrer, en complément de cette imposture des images du juge Burgaud en pseudo-victime, les images introuvables parce qu’elles n’existent pas : des visages de la terreur des condamnés d’Outreau, pendant leur solitude la plus intime, quand ils étaient en face d’un juge trop jeune et trop mécanique. Mais, nous ne doutons pas qu’elles feront le scénario d’une fiction prochaine. En attendant, c’est le juge Burgaud qui nous les a montrées en les revêtant.
Et, ces fictions-là nous montreront un jour, que, dans ces doutes des procédures cumulées, c’est la procédure elle-même qui devient un préjudice. Puisque, d’une part, le justiciable craint trop la fin, soit la décision qui le condamnerait à tort, soit quand il s’accuse lui-même des pires crimes qu’il n’a pas commis pour fuir ces pressions intolérables, soit quand il tente de se suicider, comme on l’a vu à reprises. Et pourquoi pas, quand il s’offre à la dévoration médiatique...
C’est une terreur de Justice bien-singulière dans notre République, où chacun tombe à la suite, et jusque devant les mâchoires des caméras. Tellement, qu’il nous faut espérer en une dernière Instance, plus au-dessus de ces terreurs paniques : la République, incluant nous tous... A-t-elle certainement tout prévu.
Vrai, je venais de voir ce film, la première du retour du vieil arroseur arrosé, mais d’un juge jugé ! Et, j’étais chez moi, en liberté c’est sûr, dans ce qu’on dit tantôt mon quant-à-soi ! Et j’ai dit en pensant, comme ça, que le truc genre terreur nous mènerait tous à mentir, tellement on aurait peur pour not’peau. Ce qui n’est plus karacho du tout.
Alors j’ai dit comme ça, en moi-même : vrai, si on s’en sort, ce s’ra la chance, quoi !
Demian West
3 comments:
Le bonjour Monsieur Demian,
Comme vous ,je pense,il faut marcher du bon côté de la rue,dans certains cas.
Le fortuit, des fois nuit.
excusez moi,pour la compréhension,c' était en rapport avec Burg and co...
Monsieur West
Personne est au dessus des autres sauf le Createur de toute chose le maître de l'art ultime celle de la creation de l'univers.
Certes je n'ai pas emmagasiné autant de connaissances artistiques que vous l'art artificiel.Je suis un enfant de la "télé" du mangas(estampes japonaises modernes) et de l'image.
Je voudrai vous poser les questions suivantes:
Qu'est ce que le beau? (en dehors de la question academique philosophique)
Quel est le but de la vie?
Qu'est ce que le véritable amour?
l'art est il indispensable à l'Histoire?
vos reponses sont certes propres a vous même.
Mais il y a vraiement des choses que je n'arrive pas à cerner dans le "monde de l'art" pourquoi cette tentation de créer une microsociété de gens bien pensant? l'art ne peut il pas êtres démocratisé?
personne est indispensable
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