Après le flash des services très-discrets et dans tous les médias européens où l’on vit des fouilles archéologiques —je veux dire corporelles— dans les aéroports anglais, on a découvert une vérité qui était cachée au plein milieu de nos terres : une vérité méditerranéenne en quelque sorte. Que les terroristes, encore présumés innocents, seraient bien des citoyens anglais et donc européens. Et qu’ils seraient d’obédience mahométane sinon islamique plus radicale.
Pourtant, ce qui nous est dit, sur le ton qui scoope tranchant, est un fait acquis depuis des lustres. Puisqu’une grande part des citoyens européens sont musulmans, et faut-il le rappeler : tous présumés innocents de crimes qu’ils n’ont point commis et qu’ils ne les commettront jamais. Une vérité à conserver par-devers soi, mais sur un mode très discret ou selon des voix rassurantes pour calmer le jeu. Car de dire, que des terroristes potentiels seraient des citoyens mêlés aux peuples mêmes qu’ils menaceraient, susciterait les pires résistances spontanées qui sont à l’affût de ces occasions de lynchages légaux. Dès lors, qu’elles attendent tous prétextes pour bien-marquer les différences, afin qu’on puisse les reconnaître, si même en des actes paradoxaux. Comme lorsque la laïcité fut instrumentalisée, et sortie à escient, mais juste pour interdire deux ou trois voiles islamiques, et jamais quand on vit auparavant des croix chrétiennes ou païennes des jeunesse gothiques bien de chez nous où la barbarie sait encore s’égayer. Et que ces modes barbares s’en trouvèrent a contrario comme plus sanctifiées que l’islam, ce qui la fiche mal pour un goth en ostentation.
Voilà donc, ce qu’il arrive quand on voudrait trop effacer l’apport de la culture arabe en Occident : on finirait par ne plus la voir, ni de compter dans les statistiques les musulmans qui vivent au milieu de nos terres : des méditerranéens en somme. Si bien qu’on les redécouvre comme une vieille peur de l’étranger cachée parmi nous, et qu’elle exploserait dans tous les avions des médias seulement.
Tous les événements plus récents démontrent l’usure lassante de ces guerres des nerfs ou de ces guérillas archaïques de l’opinion. Que celles-ci soient livrées à la ville ou par Israël dans ses champs oublieux ; et contre des arabes, qui viennent tout-de-même de gagner la bataille du coeur au Liban. Comme une Lady Diana avait vaincu les coeurs, dans la mort et donc dans la pire perte au côté de son ami arabe : en une défaite qui sut tout rafler comme des plus grandes victoires, car elle disait trop de son humanité vulnérable.
C’est pourquoi, et selon les mêmes raisons du coeur, on devrait se réjouir que la contradiction soit plantée au milieu des terres mêmes, méditerranées, du peuple juif : comme l’ont montré les appels subversifs des juifs pour la paix . Quand ce peuple fait face à ses propres conflits internes, qui font naturellement suite à ses conflits externes qui relèvent de fresques vétéro-testamentaires qui semblent hors d’âge. A leur côté, les Etats-Unis ne vont pas un meilleur train, quand ils sont littéralement stoppés dans leur progression qu’ils ne contrôlaient vraisemblablement plus du tout. Comme si leur machine avait été lancée pour la grande chaîne de fabrication des démocraties en kit, et qu’elle a broyé des plus sympathiques Charlots de nos "Temps Modernes". Et ces conquérants US du business démocratique, sont-ils arrêtés aujourd’hui, au bord du caractère irréductible des frontières mouvantes de la civilisation islamique, que celles-ci s’étendent intérieurement ou extérieurement. Car, nous sommes probablement arrivés en un point où l’on ne peut plus avancer dans ces croisades de la dernière folie des siècles. Finalement, à cause de cette lassitude des peuples si laminés par l’arrogance occidentale, qui se montre si pseudo-démocratique quand elle refuse d’admettre qu’elle vient d’atteindre le "limes" ou les frontières de son Empire —extérieures et intérieures—comme Rome dut s’y résoudre en son temps pour s’ouvrir au nouveau monde.
Pour mémoire : il est deux événements que l’histoire nous a montrés et qui seraient du meilleur enseignement, aujourd’hui. D’abord au XIXè siècle, la Guerre de Sécession américaine qui vit le sud et le nord s’affronter jusqu’à l’épuisement ; en des pires inventions mécaniques pour tuer ; plus cruellement encore qu’on voulait tuer son propre frère. Si que ces deux pôles de l’Amérique furieuse sont devenus et sont réunis, aujourd’hui, en la plus grande puissance mondiale, après qu’ils se furent réconciliés exsangues. De même, en notre époque du village global, une guerre ne semble-t-elle pas, et définitivement, une affaire de tuerie civile entre nordistes et sudistes, encore ? Plus tard, l’Allemagne et la France ont flambé en une décennie comme en une nuit, tous les empires européens qui étaient quand même mondiaux, et pour une simple histoire de la meilleure famille dont le ménage avait mal tourné son nouveau siècle. Et tout pour se réconcilier à grands coups de constructions de palais pour la paisible dispute verbale. Et plus près de nous, on sentit un autre point de lassitude quand on disait dans les années 1980, que les "russes aimaient leurs enfants aussi", on connaît la suite de la chanson guère froide : une Europe qui s’étend jusqu’aux mosquées de la Chine, et sans que quiconque ait aligné les canons et toutes batteries.
A la lueur de ces grandes vagues humaines, on saisit mieux, qu’une fois le point de lassitude atteint : les nations comme les criminels voudraient rejoindre, à nouveau, leur humanité. Comme Razkolnikov, dans "Crime et Châtiment" de Dostoïevsky, avait tout tenté pour se convertir à l’aveu de son crime. Après qu’il avait commis les pires meurtres injustifiés, mais si terribles que souverains jusqu’à l’effondrement de toute sa personnalité psychique, à la fin du remords.
Par ainsi, il ne fait plus de doute que, pendant tout ce tumulte hérité des temps anciens qui s’effondrent, il s’installe en Europe une nouvelle tendance assez civilisatrice, plus médiatrice, ou médiane comme on la dirait : méditerranéenne. Et qu’elle y tente de mêler l’ "arabie heureuse" et tous Orients grands ou petits, aux meilleures conceptions des arts et des techniques et de tous échanges citoyens, avec les occidentaux que les musulmans sont devenus eux-mêmes par le fait. Tant il est vrai que : l’agitation de deux ou trois islamistes radicaux ne saurait voiler l’immensité de tous les musulmans qui vivent en paix et fraternellement, au jour la journée, au milieu de nos terres communes. En conséquence, ces terroristes supposés révèlent-ils plutôt, et a contrario, la plus grande foule des musulmans paisibles et justes, qui aiment leurs enfants comme nous aimons les nôtres.
Notre neuve société de l’information dépouillera, certainement un jour proche, les frontières de leurs prérogatives qui les portaient à causer des guerres barbares. Et, probablement, les mots, venus de l’internet aussi, seront des armes de la paix méditerranéenne, vers la constitution d’un nouveau concept déjà nommé : la nouvelle Andalousie. Là où, historiquement, on trouve encore une mémoire médiévale commune aux peuples juifs, arabes et européens qui vécurent et jouirent de leurs cultures réciproques et partagées, si mêlées qu’elles ont sut préparer la Grande Renaissance des quattrocento et cinquecento, dont nous sommes tous issus : européens ou nord-américains.
Au milieu des terres : il faut donc compter, en Europe,sur un islam modérateur qui saura maîtriser les plus turbulents excès dans ses franges incertaines. Les extrêmes de l’islam ne sont-ils point liés à d’autres forces autant extrémistes qui vivent et qui appartiennent aussi à l’Occident ? Finalement, c’est un Occident ambigu qui se fanerait quand l’intégrisme islamique s’étiolerait. Car désormais, nul ne saurait plus ignorer que ce sont les extrémistes, et d’où qu’ils viendraient, qui s’empressent toujours vers toutes désolations en Méditerranée, soit sa libanisation. Finalement, le temps nous le dirait : quand la guerre ou le choc des civilisations seront passés, l’avenir appartiendra à la vaste paix dans la "Méditerranée Heureuse".
Demian West
1 comment:
Demian
C'est très conscientieux, en plus très beau ce que vous écrivez. J'ai eu à vous lire souvent. Sur Agoravox, y compris. Je reviendrai donc volontiers/nécessairement respirer l'air pur de ce blog. On aura l'occasion de se croiser, en tout cas. Cordialement.
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