Tony Blankley, du "Washington Times" du 16 août, s’épanche sur le dernier ouvrage de Pat Buchanan intitulé "Etat d’Urgence" et pire encore "La conquête invasive de l’Amérique par le Tiers-Monde". L’auteur insiste sur ce qu’il décrit comme un glissement de toute la société médiatique américaine, vers toutes prudences verbales qui bâillonneraient littéralement tous ceux qui voudraient encore évoquer la question de l’immigration clandestine et ouvertement.
Il prétend qu’en 20 ans d’écart, les mêmes mots qui se voulaient un peu à l’abordage d’un tel sujet, et comme on trouverait un oursin sous son pied vacancier, vous coûteraient aujourd’hui votre carrière people et par ce simple excès d’une expression éternuée dans le camion en charge de cette nitroglycérine de l’immigration à l’arrière. Ce qui semble un peu une exagération, mais pour bien frapper les consciences avec son propos qu’il voudrait dérangeant.
On est coutumier, aux Etats-Unis, des conceptions de Buchanan, puisqu’il les perlabore en une succession de livres qui construisent cette théorie du non-dit, et qu’elle avance à basse note dans la mentalité populiste, qu’elle conquiert lentement et subtilement : pour faire rang contre l’immigration clandestine, si l’on voulait mieux dire la chose telle qu’elle est crainte.
Plus brutalement lâché : la raison de ce livre est, qu’il réclame tout simplement un moratoire à toute immigration même légale, pour pousser un pion d’une case tant qu’il peut en si bon train...
Son ouvrage sait reposer une statistique sur une autre, et ainsi du reste, pour établir que le crime, sinon la maladie, seraient le pré carré des Mexicains puis de tous autres illégaux aux Etats-Unis, comme une société gangrènée qui se "transmettrait" au corps même et plus-intègre des Etats-Unis. Certes, ses mots sonnent comme la cuillère du médecin, dont le sirop se doit d’être vomitif pour confirmer la toute-puissance armée du médicament, mais nous nous savons dans le pays de la violence du baril à six coups qui sait guérir définitivement...
Par exemple, on y dit dans ce livre dénonciateur que 95 % des crimes commis à Los Angeles sont le fait d’"aliens", pardon...d’étrangers. Et la tuberculose y reprendrait ses habitudes en Californie, après qu’elle eut subit quelque extinction qui dura tant qu’elle le put. Dans ce livre qui brûle des pages, toutes ses poupées chapitrées en épouvantails voudraient mettre le feu à la paille de la "Reconsquista", carrément, du sud-western des USA ; laquelle, il est vrai n’est plus un concept bidouillé par quelques caciques indigènes, en postes fixement derrières leurs sac de sables et toutes bibles bien-chargées. Puisque 58 % des Mexicains penseraient, jusqu’à même le dire, que : le sud des Etats-Unis serait bien une propriété du Mexique, ce qui n’arrange rien quand au flou des lignes frontières qui nous renvoient dans les cordes des manuels d’histoire pour la grande révision générale des 200 ans...
Par ainsi, les 47 consulats mexicains diffusent-ils des ouvrages dans les écoles, où l’on lirait par aventure que l’Amérique vola son sud au Mexique, et selon le point de vue du général Santa Ana, et pour cause...
Pour Buchanan, il suffit et c’en est trop. Dans son chapitre 9 : "Qu’est-ce qu’une nation" , il rejette la définition fondamentale des Etats-Unis, qui ne serait donc plus une nation qui aurait foi en la démocratie, l’égalité et les institutions formées par la Constitution. Quand on aura dit qu’il se réclame de propos "d’une grande vérité qui paraissent des blasphèmes en leurs débuts" on comprendra mieux, autant qu’on le craindra si l’on avait quelque connaissance de la cuisine mexicaine qu’on aime à la partager, le renversement qu’il espère engager dans la société américaine. Pire encore il y va de la pelle, quand il n’hésite pas à exhumer les pères de la nation, pour bien exploiter les casuistiques des raisons des liens du sang et du sol, qu’il place, "purement" et simplesse, avant toute idée de nation constituée. Par ainsi évite-t-il avantageusement, pour sa neuve politique au Karcher, les complications qu’on appelle tantôt les lois de la société ouverte. Reconnaissons qu’il sait mêler habilement toutes citations de Washington à De Gaulle, de Lincoln à Soljenitsyn et encore à Joseph de Maîstre, sinon déchirées dans la Genèse et les Psaumes pour patchworker un melting pot littéraire, mais tout pour arrêter-là les vrais mélanges dans le monde réel ou vivant.
Après que l’éditorialiste du "Washington Times" aura dit qu’il y avait quand même quelque danger à marauder sur cette ligne de front hasardeuse, il y devine aussi la nécessité urgente qu’on ouvre ce débat et plus largement aux Etats-Unis. Enfin, Buchanan n’a pas hésité à emprunter une citation à Péguy "nous ne saurons jamais quels actes de lâcheté auront été motivés par la peur d’être assez progressifs", et qu’il en justifie ses vues d’un progrès, rétrograde assez diront certains contradicteurs moins natifs des US.
Nous récupérons notre Péguy pour dire aussitôt que : si l’Amérique craignait de se fragmenter comme l’URSS le fit en ses temps plus-heureux de sa fin, on y tiendrait, aux Amériques, de tels discours paniqués sinon désunis ...
Demian West
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