Le "Washington Post" nous a remis de la lâcheté française dans l’assiette de son éditorial du 18 août, intitulé : "Où sont allés les Français ? Loin, dans les bas-côtés." ...du conflit israélo-libanais s’entend. Et de rappeler en ouverture bien-sentie de ce tir nourri, que la France ne s’épargne jamais quand elle aime à donner ses conseils, et pendant tout l’été que dura cette guerre. Certes, c’est la prérogative de toute nation majeure : si l’opinion américaine ne regrettait, encore une fois, que la France ne l’assumait plus sur le terrain. Et que les Américains prétendent même craindre pour la paix, à cause de ces hésitations coutumières des Français.
Il est vrai : que la France a demandé l’arrêt des hostilités, et dès le début des frappes israéliennes ; vrai aussi, elle a appuyé la demande arabe, que les belligérants se retirent du Liban, et avant toute intervention d’une force onusienne. Enfin, elle a exigé, cette semaine, la fin du blocus des ports et des aéroports Libanais. Et ceci, bien que la raison du blocus lui semblât justifiée : puisqu’il devait interdire tout flux d’armes, depuis la Syrie et l’Iran vers le Hezbollah au Liban.
Jusque-là rien à médire : hormis le refrain entonné par la France, dont le maître-mot de la diplomatie reste : une seule armée au Liban et libanaise. Mieux encore : la France a mitonné, certes avec quelques pincements du poivre-et-sel US, la résolution de l’ONU adoptée vendredi, laquelle doit installer une seule armée libanaise sur le terrain. Et, le "Post" y sent bien quelque quadrature du cercle.
Car, cette armée devrait être éployée au sud-Liban déjà occupé, et avec si peu d’armes et désuètes ; aussi sous le couvert d’une allégeance en forme de soumission aux forces onusiennes : et dont la France s’était engagée à pâtisser le ciment du plus fort contingent. Si même que l’Ambassadeur de la France auprès de l’ONU annonçait la prise de la pâte...au plus vite. Mais, dès lors que les Israéliens se furent retirés en laissant les forces du Hezbollah presque hésitantes, la pâte fut retombée sur Jacques Chirac qui ne lâcha plus qu’une seule compagnie de 200 hommes ajoutés aux 200 autres sur le terrain. Ce qui fit un sacré mécompte des promesses françaises. Joint : que le général en charge de ces troupes, désespérément innombrables, prendra sa retraite du terrain, en février : et la France avec lui. Ce qui finit de brûler, de ce pied-là, toute la cuisine diplomatique.
C’est pourquoi, l’opinion américaine piaffe de tant d’appétit déçu par cette cuisine française qu’elle ne goûte plus du tout. Quand l’Amérique sent, à quelle hauteur de légèreté fumeuse, la France ne voudrait toujours pas engager ses forces dans des conflits au Proche-Orient. Toutefois, dans les rangs français on goûte, aussi peu, la recette que le "Post" et l’opinion américaine savent habilement oublier, quand ils mettent sur la table leur soufflé bien-levé en tous prétextes. Alors que le concours consistait plutôt à composer une sorte de menu diplomatique qui visait à réduire, autant qu’on le pouvait, les interventions étrangères pour redonner enfin toute sa légitimité à une nation envahie : le Liban.
Et c’est bien ce maître-mot de la France dans toute sa meilleure diplomatie que l’Amérique bushienne répugne toujours a sentir en son fumet le plus subtil. Les USA n’auraient-ils pas pris le pli de négliger la souveraineté des nations proche-orientales ? Pour qu’ils nous servent, à nouveau, la sauce gâchée des lâchetés du maître-coq français qui met les ergotants dans le plat. Le Proche-Orient serait donc ce théâtre pimenté des cuisines diplomatiques : où l’on apprend vite qu’il est probablement deux manières d’étiquettes pour se montrer une grande puissance, qui ne serait point invitée à une table étrangère.
Demian West
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