L’INA et son Forum international d’été, où l’on reçut les conclusions des plus éminents spécialistes de la communication Daniel Dayan de Paris et Elihu Khatz de Pennsylvanie, ont poussé plus avant l’étude des liens entre le terrorisme international et les médias. Le Centre de recherche sur le terrorisme international a fixé une définition du terrorisme en tant qu’il utilise illégalement la force pour produire un changement dans la société.
Le terrorisme est plus communément compris comme un fauteur de troubles, provoqués soit par des individus groupés, soit par des gouvernements. Et, tous inscrits dans une tradition de pratiques violentes qui chercheraient à légitimer leurs causes respectives auprès des médias. C’est-à-dire, selon une tradition qui fut théorisée par la "doctrine Monroe" qui voulait que les Américains régissent leurs propres affaires. Cette politique fut aussitôt étendue, par la méthode Truman, vers l’ Amérique du Sud puis contre l’URSS.
Tout au long du XXe siècle, on assista à la montée de toutes dérives terroristes internationales et politiques, dont un des plus forts accents reste le terrorisme religieux. Comme les Zélotes qui empoisonnaient les puits en Palestine, au Ier siècle, les fanatiques religieux usent, aujourd’hui, de référents non temporels, soit spirituels. Et, en des croisades ou en des jihads qui s’autorisent abusivement de recourir au crime, pour atteindre leurs fins présupposées qui seraient en leurs plus hauts sièges, c’est-à-dire, et malheureusement, bien au-delà de la valeur - dévaluée - d’une vie humaine.
On le constate, c’est une idéologie qui semble plus radicale que le terrorisme politique, lequel annonce souvent ses attentats par avance. Certes, il fait plus volontiers preuve de retenue, mais probablement est-ce pour mieux manifester sa puissance potentielle, puisqu’il cherche, avant tout, une légitimité plus temporelle, qui doit s’installer dans le champ social pour le long terme. Parfois, il précipite d’abord le chaos pour renforcer l’Etat, et pour vite basculer le tout dans la dictature (quand il s’agit du terrorisme des extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche).
C’est un terrorisme révolutionnaire et idéologique qui recourt, parfois et pour établir le chaos, au terrorisme de "droit commun", même si le terrorisme de la criminalité cherche avant tout à étendre la prospérité du crime, et par des pratiques rationalisées, comme le négoce du narcoterrorisme. Et, sans égard pour la morale convenue, ces pratiques marchandes illicites finissent même par créer des richesses pour les populations locales.
Aujourd’hui, les moyens du terrorisme international deviennent de plus en plus idéologiques, en raison de la globalisation des échanges migratoires. Le terrorisme se diffuse en une idéologie globale qui serait spécifique à notre monde contemporain, jusqu’à infiltrer les nouveaux modes technologiques ou informatiques, sans toutefois qu’on ait jamais vu d’attentat international dans la sphère informatique. Plus récemment, il s’agissait seulement de corrompre des systèmes d’un pays ou de le menacer ; ou encore, il serait d’usage d’infiltrer des agents ou des chevaux de Troie derrière les lignes adverses, en des manoeuvres qui sont lentes et difficiles. Il reste donc, tout simplement, la pratique illicite du piratage des données secrètes, qui est la forme la plus commune du terrorisme numérique.
En revanche, le nucléaire reprend du terrain, depuis que les objets nucléarisés circulent plus aisément, dans un certain chaos post-soviétique. Car ces objets nucléaires présentent surtout l’avantage d’être une menace bien plus fantasmatique, chargée de la plus grande terreur, collective et individuelle. Et donc, ils constituent une parfaite arme de terreur, en raison de la grande peur des effets des radiations, de l’anéantissement total que cette arme induirait, si l’escalade prenait, en ses effets échelonnés vers la fin ultime.
Simultanément, la plus efficace et concrète menace de destruction massive reste le bioterrorisme, dont la mise en oeuvre et les infrastructures ont l’avantage, pour les terroristes, de présenter le coût le plus faible. Et il convient donc aux systèmes nationalistes et groupes ou gouvernements fanatiques religieux du tiers-monde, qui useraient le plus promptement de la menace terroriste. Toutefois, il faut bien noter que le but du terrorisme est d’amener la cause du terroriste vers son plus haut et plus vaste siège médiatique, pour y faire entendre sa raison, et donc pour la diffuser au monde entier : c’est alors le terrorisme médiatique qui deviendrait l’arme ultime dans cette évolution, et ceci dès après le 11 septembre.
Et dans ce sens, on comprendrait finalement que les groupes occultes usent volontiers du bioterrorisme, dans le même temps que les gouvernements agiteraient plutôt l’arme nucléaire avec toute sa puissance médiatique, en tant que ces deux modes peuvent représenter les menaces le plus efficientes. Mais, paradoxalement, ce serait la menace nucléaire qui porterait son plus puissant effet, et ceci quand elle ne serait pas utilisée... C’est-à-dire quand elle serait destinée à occuper tout l’espace des médias, alimentant la pratique du terrorisme médiatique.
Demian West
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