Tuesday, January 09, 2007

Le Congrès Américain croit au Coran

Le 4 janvier 2007 aux Etats-Unis, un membre du Congrès vient de prêter serment pour entrer dans la carrière prestigieuse. Aussi Keith Ellison dut-il s’y prendre selon les traditions les plus fermement établies dans ce sanctuaire de l’Amérique. C’est-à-dire qu’il a dû promettre entière fidélité à la nation sur le livre qui saurait garantir au peuple américain sa plus fidèle parole et intégrité : Le Coran !

Eh oui ! Il est désormais rendu public que le recours à la Bible ne serait plus le seul qui soit accepté et autorisé par la Constitution, pour bien dire de telles formes contractuelles de la politique, entre les élus et le peuple qu’ils sont censés représenter. Et mieux encore : cette obligation envers la Bible paraît, aujourd’hui, une vision déformée sinon désinformatrice de la pensée des premiers Américains, à tout le moins de leurs leaders les plus "sacrés" et revendiqués. Thomas Jefferson n’appelait-il point les citoyens américains à ce qu’ils brisent leurs chaînes imposées par la religion - que Jefferson pensait carrément en termes d’une superstition ?


Il reste que les adversaires du Coran, et le républicain Virgil Goode, prétendent, maintenant, qu’ils seraient en mission sur leur propre territoire, que la naissance de la nation américaine fut un fait quasi religieux, ce qui pour eux voudrait simplement dire : biblique. Certes, ils en avalent des chapelets de couleuvres en prières, et qu’elles leur serrent un peu le col. Surtout depuis qu’ils ont pris connaissance de la nature du plus rare objet sur lequel le premier musulman élu au Congrès, Keith Ellison, vient de prêter serment : un rare exemplaire du Coran et si précieux que celui de Thomas Jefferson soi-même.

C’est le chef de la Bibliothèque des livres rares du Congrès et de la Division des collections spéciales qui porta lui-même cet incunable par les rues autour du Capitole pour le rapporter à la Bibliothèque après la cérémonie, presque comme à Bagdad. C’est donc l’objet le plus rare - qui symbolise l’atmosphère de tolérance qui pressait partout dans les premiers temps fondateurs de l’Amérique - qui reçut la main et le serment d’Ellison, un natif de Detroit qui se convertit tantôt à l’islam.

Et ce n’est pas tout : Frederic Frommer d’Associated Press donne tous les détails historiques sur cet ouvrage qui est l’édition et la version du Coran, traduit en anglais, qui sut former la compréhension de l’islam en Europe au XVIIIe siècle. Le Congrès l’avait acquis en 1815 quand Jefferson vendit sa collection personnelle, pour remplacer la bibliothèque du Congrès qui dut subir la péripétie d’un autodafé par les troupes anglaises durant la guerre de 1812. A Washington, on dit aisément, et pour joindre quelque sourire de circonstance à cette heureuse issue d’une reconnaissance d’un musulman par un biais si délicat et touchant : que l’acquisition de ce livre fut "une excellente affaire !"

Demian West

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