Du 14 novembre 2007 au 27 janvier 2008 à Richmond-Virginia, le Virginia Museum of Fine Arts va à la plage pour nous montrer les oeuvres du premier impressionniste Eugène Boudin. C’est un grand destin de petit homme provincial qui, par force de sincérité et de persévérance, parvint à littéralement changer la face des arts picturaux et de toute la conception du métier de peindre.
En effet, le jeune papetier Boudin de Honfleur fréquentait les artistes qui venaient dans sa boutique pour y trouver des supports assez rares. Car il s’appliquait à son métier para-artistique. Tant et si bien qu’il rencontra le grand barbizonnier Troyon, aussi Isabey, le fameux peintre des marines, et enfin Baudelaire le théoricien de la poétique littéraire et picturale.
Tout ce monde des arts l’incita à quitter boutique pour qu’il fasse un peu le peintre. Et c’est ainsi qu’il prit tout naturellement le chemin des plages, où s’ébattait la gentry de l’époque proustienne, et, au-dessus, les nuées qui firent sa gloire. Puisque Monet et Corot soulignèrent que leur Boudin était insurpassable dans la représentation des ciels marins. Il fit école entre la peinture grasse et opaque des paysages français et les aquarelles des côtes anglaises translucides de Bonington, Ruskin ou Turner.
Il exposa au Salon où il fit grande sensation. Ainsi que la simplicité virtuose sait jouer des critiques, comme l’archet joue de l’instrument. On le reconnut sur-le-champ, tant il sut obtenir naturellement la bienveillance du Baudelaire définitif, quand il vous avait consacré devant tout Paris c’est-à-dire le monde entier.
A l’étude des toiles du génial Boudin, on y sent surtout cette annonce du pleinairisme auquel il forma Monet, qui reconnut finalement tout lui devoir. Aussi, on saisit tous les effets de nacre dont la peinture à l’huile est féconde. Une ligne d’horizon, et quelques lichettes savent poster des personnages en grand devis de conversations mondaines, et tous sont dans le bain et vêtus à la mode "plus ènième parisienne", comme dirait le très francophile Burgess.
On y voit dans les toiles de Boudin, toutes les nuances de gris colorés et de bleus pâles qui suggèrent autant la sérénité estivale que les vagues plus tempétueuses, comme en arrière-plan du XXe siècle à venir des couleurs métalliques de la mélancolie guerrière.
D’une certaine façon, Boudin c’est encore le livre peint des rêves mémoratifs proustiens, mais de la madeleine azuréenne.
Wednesday, September 05, 2007
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