Du 7 octobre jusqu’au 16 décembre 2007 à Penn State aux USA, le Palmer Museum of Art étend les grandes toiles de l’Ecole des peintres paysagistes de la Hudson River. Cette mouvance assez informelle des arts s’est constituée depuis les années 1825 jusqu’aux années 1880.
C’est donc une sorte de réflexion picturale sur la progression des pionniers dans tout le paysage américain. En effet, des peintres sentirent le besoin, plus ou moins sourd à basse note, de constituer une école picturale résolument américaine. Et qu’elle ne serait plus tant à la traîne des mouvements européens. C’est ainsi que Thomas Cole se mit à peindre les vastes paysages des bords de la Hudson River. Et donc, qu’il quitta la grande ville pour s’affranchir de la culture occidentale auprès de la nature sauvage.
Il s’attacha à rendre les détails les plus naturalistes, mais sans jamais dévier du point focal essentiel qui est la lumière solaire dans l’œuvre. Tant et si bien qu’on y a vu le doigt ou l’œil de Dieu. Car, pour ces colons protestants, la nature était le jardin même que la divinité jalouse sut concevoir pour y coucher ses créatures, et quelques massacres d’Indiens par aventure. On ne fait pas d’omelette sans casser... etc.
Cole eut un disciple si fidèle qu’il le dépassa sur l’arbre des effets de masse picturale et tout en largeur. Car Frederic Church savait peindre des Chutes du Niagara immenses qui déplacèrent les foules qui payèrent joyeusement pour voir le chef-d’œuvre définitif qui fouette des embruns aussi. Et l’on comprend alors, que cette peinture est un spectacle de l’immersion des sens et de la psyché. C’est d’ailleurs le lieu commun de la peinture américaine, qu’elle cherche à immerger le regardeur en parfaite conformité au paysage du pays continental, entre deux océans des infinités. Comme si l’Amérique était le pays de l’espace où souffle et surfe l’esprit et ses violences aussi. L’expressionnisme abstrait, des années 1945, reprendra cette leçon de l’immersion du regard dans des toiles immenses et vers la peinture des paysages abstraits de la psyché.
Le paysage est d’abord hostile par le fait barbare ou de l’entre-dévoration naturelle. Mais, tout le projet américain contenu dans cette peinture est de restituer son rôle bienveillant, pré-culturel ou post-culturel comme on voudra, à cette nature primitive. Et c’est le projet des dispositifs des Disneylands, qui s’attachent à reconstituer une nature traversée par des animaux robotisés et factices jusqu’à la docilité servile, c’est-à-dire artificielle ou hyperréaliste selon les mots de Umberto Eco. Cette programmatique idéologique est en germe dans le projet de la Hudson River. Conquérir l’univers sauvage pour y réinstaller le culte du monde parfait qui fait sa parade à heures fixes et fermes, pour ne pas rater les repas des prières dans la cantine de la multinationale à l’enseigne du clown grimé.
Certainement, autour de cette Hudson River School, on y discerne les influences du premier Constable qui fut le créateur de l’art des paysages, aussi de l’Ecole de Barbizon ou l’Ecole de 1830. Et on y trouve encore la persistance de l’influence du meilleur Millet, c’est-à-dire de ses années picturales qu’on a nommées « la période visionnaire ». Quand il ajoutait des effets luministes si puissants et évocateurs, qu’ils signifiaient quelque présence de l’esprit allié aux jouissances sensuelles. Des effets et sentiments en tous points semblables à l’esprit qui nous visite et qui nous traverse, quand nous sommes devant un paysage infini qui nous dépasse et que nul meilleur peintre ne saurait le saisir ou le peindre... sans rivaliser aussitôt avec Dieu lui-même.
Demian West
Monday, September 03, 2007
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