Jusqu’au 14 octobre 2007 à Pittsburgh, le Frick Art Museum revient sur la postérité de William Bouguereau qui fut le plus grand peintre de l’académisme français de la fin XIXe siècle. En effet, Bouguereau avait une telle notoriété, qu’il enseigna sa pratique picturale à de nombreux étudiants en art, qui venaient des Amériques par classes entières.
Aujourd’hui, le nom de Bougereau ne signifie plus que vent de l’oubli, pour le grand public qui l’apprécierait pourtant. Jugez-en : il avait une facture si lissée qu’on pensait assister à quelque banquet des dieux au plein de ses oeuvres. Tout y était plus hyperphotographique que mieux encore idéalisé. Ca donnait envie de toucher, comme une peau de la statuaire grecque sait nous happer, d’abord par nos mains si promptes aux caresses.
C’est pour cette raison que cet artiste, champion des Olympiens, fut démoli par les impressionnistes Manet et sa suite, auxquels Bouguereau sut rendre la pareille. Les impressionnistes emportèrent le consteste et on déboulonna la statue du plus grand peintre français. Il est vrai, qu’on avait de quoi rendre la monnaie, et qu’il y avait des peintres de bon lieux pour le remplacer.
C’est seulement dans les années 1970, que le président Giscard d’Estaing sut réanimer le culte de ce plus grand peintre, qu’on gara forcément à la gare d’Orsay, et pour en faire le chef des arts de ce musée. Il faut avoir vu La Naissance de Vénus exposée dans le salon d’honneur de la gare devenu musée d’Orsay. Car c’est un des plus beaux morceaux de la peinture mondiale, autant par le fait technique que par l’achèvement du raffinement cultivé, de la fin de l’art arrivé à son terme. Devant l’oeuvre comme devant un Vinci, on comprend immédiatement qu’il est impossible de rivaliser avec cette virtuosité glacée de connaissance surabondante de métier joint à la perfection formelle.
Les impressionnistes le condamnèrent car il représentait des femmes idéales, et donc qu’elles ne font pas du shopping. Et qu’elles étaient sans odeur, d’aucuns goûteurs dirent sans saveur. Manet avait choisi de représenter les femmes de la rue, qu’il confondait quand même avec des courtisanes. Certes, cette vision impressionniste semblait en conformité avec le fantasme le plus couru dans la société masculine, qui voulait de vraies femmes trop offertes plutôt que réservées.
Cependant Bouguereau connaissait un succès mondial, parce qu’il proposait des images pour rincer l’oeil en pointe du bourgeois. Par le biais de lourds prétextes de scènes olympiennes qui savaient gonfler et jeter les chairs lactées des déesses au premier plan de l’image bien charnue de fesses si douces comme le miel.
Les élèves de Bouguereau perpétuèrent son style et par le biais, paradoxal pour l’époque, de femmes peintres américaines dont Cecilia Beaux et Elizabeth Gardner, qui firent avancer la cause des femmes peintres. Enfin, Robert Henri fonda le groupe anti-académique aux Etats-Unis, et il influença définitivement la Ashcan School.
Il fut élève de Bouguereau, et son parcours laisse explicitement entendre qu’il faut avoir fréquenté de bons maîtres réguliers pour prétendre à casser la vieille boutique des conventions. Un peu comme Picasso, l’adolescent virtuose et bon fils de son père peintre, qui cassa le dessin, parce que c’était lui et que c’était le temps venu.
Demian West
Monday, September 10, 2007
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