Il est inutile de rappeler que j’étais absent sous les poutres blanchies de cette journée mémorable. Pourtant, j’ai pu suivre tout et d’un oeil fixé sur mon moniteur, depuis le petit déjeuner jusqu’aux amusements du soir. Tout d’abord, j’ai admiré la prouesse technique qui a su faire venir les agoravociens jusque sous les poutres de ma maison briarde et par l’autoroute de l’information, sur laquelle Tessier était coincé en panne malgré la flotte des taxis qu’on peut héler avec un portable. Autrement dit, Demian était absent volontairement et Tessier (in)volontairement non plus.
L’assistance se comptait-elle en centaines de personnes ? On ne pouvait le voir. De plus, Carlo Revelli annonçait toujours les seuls inscrits qui ne sont pas forcément conformes aux chiffres de l’ensemble des personnes présentes. Ce flou était du meilleur goût pionnier, et les décors aussi, puis les coups de gueules, les révoltes montantes du Panda aussitôt avortées par un semblant de milicien. Pionnier encore : les passages people furtifs puisque tout était dit auparavant du cinquième pouvoir. Il fallait se montrer ou être vu.
Pour autant, on a entendu Carlo Revelli dire que le Wiki Enquête coule de l’ancre, que la plupart des projets résolument numériques et immatériels ne prennent pas si bien. En raison du fait que le cinquième pouvoir et notre ére sont assez glaciaires encore. Il annonça, comme il le fait depuis 2005 : que Joël de Rosnay et lui pensaient à une manière de rémunérer les contributeurs. Ce qui est bien mais un peu long à venir.
On entendit même un internaute revendiquer son droit d’auteur, que les grands médias ne téléchargent pas ses oeuvres qui sont ses blogs de l’artiste blogueur qui veut qu’on le nomme en néon très-lettré. Aussi, on entendit Joël de Rosnay s’essayer à ses théories complètement décoiffées comme le landing très dur d’un transfuge des services secrets sur le terrain de foot des théoriciens des complots complètement materazzés. Le tout pour faire tomber la tour des désinformateurs qui sont, ni plus ni moins, nos gouvernements eux-mêmes. On comprit mieux l’admiration que Carlo Revelli porte à son maître ou professeur et initiateur du Journal. Puisqu’on vit les influences se tisser et se jouer en liens directs par-devant nous par l’effet de la conférence visionnaire en streaming. Une admiration que nous comprenons, puisque nous pensons de la même façon, à ceux qui nous ont fait entrer dans le savoir de tout ce qui est inutile, hormis pour courtiser les plus belles femmes : la science.
On y vit aussi sur l’estrade, Monsieur Bilger qui parle vraiment bien comme au XVIIIè siècle. Si bien qu’il pourrait deviser de n’importe quel sujet, comme le repas de midi ce qu’il fit, et nous étions toujours figés dans cette béatitude comme devant la bravitude sortant toute nue du puits. Et puis vint Tristan Mendès France qui a dit cette chose inouïe comme tout ce qui surgit dans les commentaires d’AgoraVox : Que la désinformation est un mot qui ne voudrait rien dire. Là ! je reconnais m’être un peu égaré dans mes réflexions à propos du vague. Il est vrai qu’il avait été piégé par Paul Villach qui venait de sortir sa pipe de Magritte de son étui, qui tire plus vite qu’on désinforme sur AgoraVox. Ce qui est très rapide.
Toutefois, Tristan s’est farouchement réveillé de son sommeil, en évoquant les médisants du net qui refont l’histoire et toujours sur le mode confessionnel qui pourrit la politique depuis le moyen-orient jusqu’à l’Usine de la Seine Saint-Denis. Puis vint le meilleur, Quitterie Delmas dont le fan club se déploie instantanément sous ses discours de la politique du buzz. Mais dans une sorte de débat qui filait comme une conversation de tea-table. Le cinquième pouvoir à l’heure du thé, c’est celui qui me convient finalement, si l’on me permettait cette vision toute personnelle de la journée du cinquième boudoir.
Après toutes ces entremises, il y eut un dernier débat vivement mené par Carlo. Avec sa voix italienne qui sait accrocher comme le sud, il sut donner toute leur neuve importance à des écrivains qui semblaient stupéfaits d’être postés à devoir expliquer leurs théories d’auteurs d’articles citoyens. Dix minutes par tête et d’une certaine façon, ceci donna au tout une cohérence plus maîtrisée que celle qu’on ne voit jamais dans les nombreux débats du quatrième pouvoir qui agonise depuis des décennies à la télé.
Il reste que, hormis Quitterie et Virginie et d’autres belles jeunes femmes blondes que la promo nous montre sous toutes formes de vidéo prises au lasso par la cravate de Nuesblog, je n’ai vu que des personnes qui représentent peu la génération montante. Des quadras et plus encore, ce qui est conforme à la notion de pouvoir installé, et donc moins à la forme du cinquième échelon du pouvoir qui devrait tout renverser comme une vague jeune et improvisée. Non, tout était minuté et si bien-mené que presque a contrario. Ce qui n’est pas pour me déplaire.
Demian West
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