Le renard UDF est dans le poulailler socialiste. L'affaire avait commencé quand Bayrou avait presque atteint la marée haute des sondages socialistes et qu'il avait comme suggéré qu'il verrait bien un ministre et pas des moindres dans les habits de Dominique Strauss-Kahn. Aussitôt, ce socialiste de la realpolitik a lancé une sorte d'invite en retour et assez directe, à ce que Bayrou et ses troupes sachent "rejoindre le pacte présidentiel de Ségolène Royal", pour créer un front anti-Sarkozy définitif .
D'emblée, les analystes politiques y voyaient une sorte de rupture avant même toute réunion. C'était méconnaître la façon dont les éléphants bougent et comme ils savent faire leur politique massive et subtile tout à la fois. Car, les socialistes se sont réunis mercredi, lors de leur réunion hebdomadaire, pour débattre et faire le point sur des questions usuelles des stratégies de la plus haute importance, puisque si près de l'échéance électorale.
Et force leur est de reconnaître, que la figure de Bayrou planait littéralement sous le dais planté de roses la tête en bas, et que ce Bayrou perçait surtout dans les esprits qui en débattaient au vif. Car, bien que Hollande avait exigé en préalable qu'on n'évoquât pas tant le rival UDF, aucun des leaders qui tenaient la place n'ont pu faire l'économie soit de se positionner par rapport à Bayrou, soit d'en mesurer la menace qui pointait partout. Et c'est tout le camp socialiste qui fuit littéralement de ses transfuges vers le centre. Si l'on entend bien les propos de DSK :"Il faut parler de Bayrou, mais aussi à ceux qui vont chez Bayrou". Certes, l'invite de DSK a ouvert la brèche mais pas dans le sens qu'il supposait entraîner.
C'est pourquoi, Laurent Fabius s'est opposé tant qu'il le pouvait à cette stratégie de la main tendue qui vire désormais à la main donnée. Il a dit vertement et fermement qu'il s'agissait d'une "erreur" de stratégie, de tactique sinon de manoeuvre. Car, il pense que s'aventurer dans le camp adverse c'est déjà se soumettre à sa règle sur son terrain où l'adversaire excelle. Pourtant, Fabius en fut tout autant piégé, car tant qu'il s'attaquait à DSK et donc pour préserver son camp, il le poussait, dans le même temps, à la rupture avec les socialistes et donc dans les bras du Centre. Alors que Fabius voulait retenir ceux qui se pressaient d'aller vers le centre, si attractif ou aimanté comme on voudra, et certainement séducteur par ce goût de la victoire anticipée qu'il diffuse. Et nous savons les politiques assez pourvus d'un flair exercé à ces heureuses échéances-là.
C'est donc une sorte de mouvement que plus personne ne maîtriserait dans la classe socialiste, tout de même un peu paniquée par ce trop plein de maîtres et de maîtresses dont on ne discernerait plus bien qui gouvernerait une ligne concentrée qui pourrait encore offrir une victoire. En effet, qui parle encore de vaincre, quand on se contente tout juste d'éviter l'échec ? Et surtout, qu'il faut éviter les lendemains tragiques des mauvais calculs qui rendent encore plus cuisantes les défaites annoncées.
Pour Strauss-Kahn : "Le débat stratégique, on pourra l'avoir après les élections. Bien évidemment, on ne le pose pas de la même manière selon que l'on gagne ou que l'on perde". Quant aux gardiens du champ idéologique Fabius, Emmanuelli et Mermaz, ils ne jurent que par la vision bien tracée par les fers socialistes posés sur le cheval en 1964 et 1965. Lorsqu'ils avaient fondé la "Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste" laquelle, ils l'assurent encore, n'était jamais du Centre.
Pour éviter toute manoeuvre hasardeuse à sa flotte qui fend les médias vers l'Elysée, le capitaine Hollande dut exiger que tous tentent de "mettre de plus en plus de différences entre Ségolène Royal et François Bayrou". Peut-être est-ce la raison pour laquelle tous évoquèrent Bayrou pendant toute la réunion. Cependant que la voix de Ségolène était presque étouffée par les débats autour de son adversaire, qui n'était même pas présent. Comme un effet des sondages qui dominent manifestement les relations politiques et les esprits mêmes, tellement ces opinions publiques savent y jeter la fièvre sinon la panique.
Il reste que Jean-Pierre Chevènement a constaté que "Bayrou est en train de devenir le candidat antisystème". Aussi, Fabius tenta-t-il de colmater les voies d'eau UDF. Quand, DSK négociait déjà sa main tendue désormais offerte. Et que, finalement, Ségolène semblait aller sur les pas de son idole Jeanne d'Arc. Un peu comme elle irait au feu déclinant d'une "mystique" socialiste, qui pense tellement au Centre qu'elle s'en trouve déjà tout contre.
Demian West
1 comment:
Je suis de ceux qui pensaientque FrançoisBAYROU ferait un bon premier ministre de DSK...DSK n'étant pas dans la course, il ferait à mon sens un bon premier ministre de BAYROU
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