Friday, January 18, 2008
Carlos est mort
Le chanteur Carlos est mort d’un cancer foudroyant, comme on dit, parce qu’il l’a appris il y a deux mois à peine. C’est dur et moche pour un bon vivant, et qu’il fut mieux encore connu pour être emblématique du "bon vivant", comme une icône de bacchus joyeux et insouciant au plein d’un jeu de tarot du destin.
Il l’a un peu forcé sinon forci son destin. Car, il fallait le faire, naître d’une Dolto qui fit la psychanalyse des femmes, là où Freud l’avait bâclée et même délaissée. Tant le docteur au cigare était préoccupé du seul point de vue de la libido masculante. Et en si bon train de psy, Carlos est allé tout droit vers la pente yéyé comme une évidence a contrario.
Il se fit un métier neuf, dans le genre assistant d’une Sylvie Vartan toujours en tournée de love avec son Johnny, dans les années 1960. Il formèrent une sorte de trio tout ce qu’il y a de plus célèbre et un peu naïf, puis hégémonique et dominateur. Et que les gens bien nés comme votre serviteur, qui n’écoutaient que Hendrix et London the Best, les trouvaient un peu nunuches sinon carrément ploucs et même envahisseurs contre David Vincent, l’architecte fou de nouveautés américaines.
C’est étrange ! car aujourd’hui que Carlos est mort, ainsi que son pseudo de pseudo terroriste, on ne pourra pas ignorer qu’il a su colorer toute une époque en France. Avec des chansons simples et bêtes mais qui ont bien marché, genre fonctionné jusque dans la pub des jus de fruits de l’oasis à tubes de néons, et surtout des tunes pas néant.
Sa carrière, c’est comme de prouver qu’on s’accoutume à tout. Ce que Montaigne a clairement démontré dans ses "Essais", qui sont le tube plus enième de tous les siècles. Et que plus la chanson est simple et plus elle reste. Un peu comme le bruit d’un siphon qui déconne, et qu’on retiendra mieux qu’une complexe mélodie orfévrie par quelque génie du bastringue rappeur ou hip hop des chics mauvais quartiers.
Il reste que c’est un exploit d’avoir réussi sa vie, écrasé par une telle figure en majesté de sa mère oedipienne XXL. Il faut lire ou relire "Sexualité Féminine" qui est un chef-d’oeuvre de la description du parcours psychique de la femme, tout au long de sa vie et de sa sexualité. C’est le plus beau livre écrit sur cet être étranger et divin qu’est la femme. Tout compte fait, ce chef-d’oeuvre est si gonflé de jouissance féminine, qu’il sait faire des babys hypertrophiés comme Carlos l’était. Et, qu’ils voudraient, en quelque sorte, jouir de la vie, en dévorant tout ce qui passerait à l’entour.
Evidemment, ça se finit mal et par la mort, qui frappe plus souvent les bons vivants. Parce qu’ils savent abuser de tout sans jamais craindre quelque rebours de manivelle. Mais, on retiendra qu’ils ont plus vécu, dans un même temps accordé aux autres. Un plus, ou une valeur ajoutée à la vie, que Carlos emporte avec lui. Là où il irait ,comme dans un rebours in utero vers sa mère, ou vers ce continent obscur de l’inconscient féminin qui oriente toutes nos vies. Comme les parques détranchent ou dénouent hâtivement les fils du destin à la fin.
Demian West
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