Bobby Fischer vient d’achever son "exil mental intérieur", selon les termes de Kasparov son rival. C’est-à-dire que les news tristes viennent d’annoncer qu’il est mort. Ce qui fiche un coup à l’échiquier dont il fut un Grand Maître à l’âge de 15 ans. Un coup extraordinaire quoi !
C’est pas banal et même un peu fou comme tour de pion, de régner si jeune sur un jeu si vieux que très-antique. Il a été le maître ès stratégies sur le petit bout de bois de bout carré aux 64 cases du mat. Et il fut le fondateur de cette pratique professionnelle à l’échelle mondiale.
Les échecs sont un vieux jeu des Amériques-Indiques-Orientales qui figurait comme une sorte de champ de bataille. Celui de Kurukshetra soit la grande warrie mythologisée, entre les troupes du paradis et les troupes infernales. Et au milieu, le dieu hindou Krishna l’infiniment fascinant de bleu cosmique profond, et près de lui, son bien-aimé et plus valeureux des guerriers Arjuna.
La philosophie dévoilée en ces lieux, fut qu’il fallait se battre pour amener le règne de la lumière. Car ceux qui vont mourir sont déjà morts, puisqu’ils combattent pour les ténèbres. C’est le vieux coup du truc à l’éclate, comme on dirait le Bien contre le Mal, O mes frères et soeurs.
C’est dire si ce petit pré carré est une quintessence du struggle for life humain. Et que toutes les folies s’en fulgurent vers toutes les combinaisons possibles des solutions délirantes, à quantième coups par avance. C’est un peu de l’esprit de Fischer prompte au gambit. C’est-à-dire une tactique qui sait avancer un pion pour le sacrifier et pour tromper l’adversaire, et pour gagner la partie à la fin, sinon toutes les parties.
Lesquelles parties du grand jeu mondial ? Tout d’abord la guerre froide, puis la complexité mentale dedans le joueur ; enfin la provocation et les exigences de folies pour conserver la liberté individuelle... Ce sont toutes ces digressions que Fischer a tentées pour rester le jeune maister adolescent, comme un artiste du jeu postrême. A la manière d’un Marcel Duchamp, qui inventa l’art contemporain. Et qui se transforma en un champion des échecs, pour mieux se cacher du commun de l’ordinaire. Et par aventure, pour gagner un peu sa vie de retraité ès arts...
Bobby a biaisé autant qu’il put tenir, en refusant de remettre son titre mondial en jeu, pour brouiller les pistes. Aussi, en refusant des caméras qui le troublaient en plein drap de sa partie la plus définitive. Pis encore, il sombra dans l’antisémitisme verbeux, quand sa mère était juive. Et qu’il n’y vit aucune contradiction, pourtant assez oedipienne...
Et parmi d’autres errances, il vécut en exilé de ses Amériques natales, pour achever le délit de ses cases noires en traitant l’Amrica de Satan carrément. Et jusqu’à se réjouir des attaques du 11/9/2001. On le constate, il avait quelque esprit de contradiction, ajoutée d’une ligne de force en diagonale du fou, certainement.
Après un passage au Japon et sa case prison étrangère, pour usage de passeport frauduleux, il fut accueilli par l’Islande et ses paysages des luttes fondamentales, entre volcans runiques et ses glaces des éléments fondamentaux, qu’on lit bien dans les anneaux elfiques de Tolkien. C’est dire si Fischer a groové tous les champs de bataille terriens et de la surnature aussi, genre héroïc fantasy.
Et plus encore, nous ne savons pas vraiment les guerres qu’il aurait menées, seul dans son cerveau entièrement voué à l’échiquier de lui-même. Car, ce ne furent pas Spasky, ni Kasparov, non plus que l’URSS qui furent ses vrais adversaires. Mais lui même en suprême maître de soi, devenu ce clochard céleste à la Kerouac "on the road again"... Nul ne sait encore ce qui culbuta ce Sovran Maister à son maître-instant, sinon qu’il aimait trop les stratégies secrètes.
Friday, January 18, 2008
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