Pour admirer les Globes de Coronelli exposés à la Bibliothèque François Mitterrand, une éminente journaliste de Apaite et Demian West durent passer le long d’une galerie où sont exposés les portraits d’hommes et de femmes politiques français récemment photographiés par Jean-François Robert. Ce couloir, tracé par un tapis rouge interminable, en devint encore plus lourd à parcourir, quand nos deux cartographes oublièrent le beau jardin philosophique de la cour intérieure de la Bibliothèque. Tellement ils se virent écrasés par ces 60 images de visages en vastes gros plans, dont on peut et doit voir chaque ridule et duvet hypnotiques. Puisqu’il n’y avait nul endroit pour les éviter.
Tout d’abord, le passant averti verra, dans cette exposition "Face/Public", autant de citations de l’hyperréalisme des années 70, d’un Chuck Close par exemple, et ses grands portraits : quand la peinture rivalisait avec la photographie. D’ailleurs, on sent bien le traitement pictural et les retouches maniaques qui ajoutent à ces portraits, par Robert, une précision d’insecte dans son travail de rendu des détails. Mais, Chuck Close peignait des citoyens inconnus soient ses proches. Quand Robert a constitué une galerie de la nomenklatura politique qui confine ici au scandaleux, tant la référence aux cultes des personnalités soviétiques ou maoistes est manifeste.
Pire encore : le catalogue de l’exposition et tout le propos de l’artiste affirment le contraire : que ces politiciens sont montrés dans leur plus humble réalité, puisque ils sont pris et fixés en gros plan et dans un décor uniforme. Ce qui paraît aussitôt un mensonge aussi cynique que les discours qui assuraient les légendes dans les arts soviétiques qui se pensaient définitifs quand ils étaient plus simplement extrêmes. Il y a donc une violence qui se dégage de cette galerie qui évoque comme une errance du discours artistique. C’est-à-dire une rupture entre des immortels et les anonymes passants si contraints de courber leur destin sous ces soleils de l’arrogance étalés comme du papier... photomaton is watching you.
Probablement, la classe politique réunie sur ce mur n’a-t-elle pu prévoir l’effet désastreux de cette lignée de big brethren and sisters. Au bout de la galerie exténuante, tous de la bibliothèque, passants et portraits finissent par appeler une autre exposition qui serait composée de 60 portraits de Bush carrément, et tous semblables pour qu’on comprenne bien qui gouverne ou qui est le sujet de l’art qu’on impose à coups de marteau et de faux cils.
Car des personnes venues d’autres continents se postent devant ces peoples des urnes et on se prend en photo primesautière devant ces neuves tours de Monsieur Eiffel. A l’autre bout, le parisien marche d’abord, puis il se précipite vers la sortie, pour vite respirer à nouveau. Car, il craint quelque noyade ou, à tout le moins, une insolation descendue depuis ce mur de la supériorité congelée, mis en oeuvre par le Journal Le Monde soi-même. A-t-on jamais vu l’art afficher à ce degré-là sa connivence avec le politique de tous bords, comme une vassalité qui peut le plus sûrement détruire une carrière ? Car de l’art nous n’en avons guère vu que celui de la retouche photographique stalinienne qui ajoute quelques poils de barbe à Sarkozy, ou à d’autres, pour faire plus vrai au saut du lit, ou mal rasé après le travail d’une journée perdue au ministère du contrôle de l’information.
Demian West
Face/Public :
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3224,50-889273,0.htmlExposition du 30 mars au 20 mai 2007 à la Bibliothèque François Mitterrand à Paris.
1 comment:
Demian,
t'es trop con. Sucide toi.
Rodolphe
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