Thursday, April 19, 2007

Présidentielles USA 2008 : le trésor est démocrate




Dans les primaires des présidentielles de 2008 aux Etats-Unis, des experts ont déterminé une nette avance des démocrates pour la récolte des fonds qui doivent ouvrir au plus haut-siège de la Maison-Blanche. En effet, quand le camp républicain du président sortant Bush n’a pu réunir que 29 millions de dollars pour ses trois candidats aux primaires, les démocrates ont su attirer un montant de 60,8 millions de dollars et pour trois candidats également.


Pire encore pour les républicains, les espérances des soutiens aux dauphins de Bush n’excèdent pas 40 %, ce qui laisse dire à "USA Today" que les clefs de la Maison-Blanche sont en passe de changer de mains politiques. A la vérité, aux Etats-Unis, cette mesure des fonds apportés à la campagne des candidats est un étalon d’observation assez sûr, quant aux prévisions des résultats sortis des urnes. Et la différence, au double pour l’avantage des démocrates, plaide pour un alignement de toute la sphère médiatique et économique sur cette attente de la victoire des démocrates en 2008. D’autant qu’on n’avait pas vu une telle défaveur d’un président sortant depuis 1974 et le limogeage pitoyable de Nixon, et auparavant le ferme rejet de Harry Truman en 1952.


Demain, ce sera donc une course symétrique de trois candidats contre trois, à l’instar de la fameuse course des Horaces contre les Curiaces dans l’Antiquité. Mais, avec une femme parmi eux et à la pointe talonnée du camp démocrate : la sénatrice Hillary Clinton de New York. Avec elle, les sénateurs Barack Obama et John Edwards devront avoir les pieds ailés comme Hermès. D’autant plus que Clinton les devance déjà avec 33,7 % d’opinions favorables, contre 24,7 % pour Obama et 16,8 % pour Edwards, selon "RealClearPolitics.com".


En face, la fratrie adverse se compose de l’ancien maire de New York, le très people Rudy Giuliani, qui bénéficie de 30,5 % d’opinions assurées par "RealClearPolitics.com". Quand McCain remporte seulement 11,5 % et Fred Thomson piétine à 9,7 %, loin derrière la victoire.


Pourtant, les Américains ont une manière de faire les comptes qui sait ajouter de la complexité à ce jeu des prévisions électorales. Un peu comme en France on s’amuse à piéger ou à miner les rails des sondages qui prétendent annoncer le plus sûr gagnant, avant que ce soit aussitôt démenti par les faits. Par exemple, nul ne peut ignorer aux Etats-Unis que Obama a su récolter le plus fort taux d’aides financières pour les primaires. Ceci, avant que Hillary Clinton redresse son retard par un transfert de ses fonds pour sa campagne des sénatoriales. Ainsi, Obama, qui avait 24,8 millions de dollars, s’est vu devancé par Clinton, quand elle décida d’ajouter à ses 19,1 millions, les 10 millions depuis sa cassette de sénateur. En conséquence, Clinton se vit à la tête de plus de 30 millions à la fin mars, ce qui aide pour la route qui monte à la White House. Toutefois, l’Afro-Américain Obama a su marquer les esprits par sa prouesse qui sut mettre l’ambitieuse Clinton dans l’urgence sinon la panique. Par ailleurs, il est inutile d’évoquer la fortune du troisième prétendant qui est laissé loin derrière, comme un misérable qui ne saurait se payer un siège mais un strapontin pour diriger la plus grande ou puissante démocratie du monde.


Quant aux républicains, ils n’ont plus la confiance des investisseurs de la politique, comme si leur temps était dévalué. Et jusqu’aux faibles 12 millions que Giuliani a fastidieusement raclés dans les fonds de tiroirs de la campagne à la Maison-Blanche, ruinée par son locataire actuel.


Il ne fait plus trop de doute que les démocrates, et partout dans le monde, tournent la page d’une politique dure et droitière qui laisse désormais la main. Comme en France où les élections de dimanche prochain s’aligneront probablement sur la social-démocratie allemande ou italienne, en tous les cas européenne, et bientôt américaine comme notre propos l’amène. Finalement, les forces politiques du centre-gauche reçoivent, d’ores et déjà, le vent de la foule devenue favorable. Et les électeurs portent ces forces de la social-démocratie vers une grande traversée transatlantique qui changera certainement les politiques étrangères et l’avenir du monde dans un sens plus modéré et conciliant. Car ces changements annoncés sont inévitables, dès lors qu’on voit même les forces financières, traditionnellement ultralibérales, mettre la main à la poche pour écarter la politique de Bush qui a échoué, et pour soutenir enfin les démocrates partout.


Demian West

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