Thursday, January 29, 2009

Manifestation de censeurs

Comme c'est la coutume les jours de manifs, Demy a manifesté mais pas où on l'attendait. Aujourd'hui le 29 janvier, je suis allé faire un tour sur la page Facebook de Pierre Moscovici du Parti Socialiste. Bien sûr, il s'est passé très peu de temps avant que j'ai lancé un commentaire qui se voulait dérangeant, comme une seconde nature qui est devenue ma nature entière. Il faut ajouter pour ma défense en manière de mauvaise foi, que tous les intervenants ne laissaient que des chiffres des manifestants à Perpignan, à Limoges ou encore à Paris mais vu du balcon.

C'était drôle de voir le socialisme réduit à cette posture d'observateur du défilé de lui-même où il n'était pas tant. J'ai tout de suite subi une volée de bois vert de la part des deux ou trois fanatiques des années 80 mitterrandiennes, comme un revival du rockabilly du pire mauvais goût. Quand je suis dans une telle quelle escarmouche des mots, je me sens en des aises trop espacées. Car c'est trop facile de faire mordre la poussière à ceux qui ne répètent que les antiennes de leur jeunesse, qu'ils ont apprises par coeur quand ils faisaient la grève de la pensée personnelle.

Je n'avais qu'à dérouler les errances du socialisme, qui a fait l'histoire des dernières années du XXème siècle. Elles pèsent lourd dans les mémoires traumatisées des nostalgiques de la grandeur de l'idéal chrétien du socialisme, c'est ainsi que je l'appelle, car j'aime la précision des contradictions. Entre des lancers de "con" ou d'autres termes voués à qualifier ma personne, qui osait tout de même exprimer une opinion inverse à la poussée des eaux dans la rue qui manifeste, j'eus quand même quelques beaux échanges avec des femmes réellement désespérées. Peut-être étaient-elles ces parents isolés avec un enfant, qui sont les personnes les plus vulnérables en France...

Bref ! les hommes m'ont injurié amplement, c'est-à-dire systématiquement. Et les femmes ont tenté de me séduire et de m'emporter dans leur camp certainement plus tendre et dialogueur. Il reste que ça donnait l'air d'une fichue pagaille, tout comme dans la manif en France, qui parlait plus en nombre qu'en revendication bien exprimée. C'est probablement la grande manif contre la crise, sans responsable puisque mondiale, et finalement contre le mal de vivre.

A la fin de la journée, je parvins quand même à faire dire à mon interlocutrice : Qu'elle avait choisi d'entre les socialistes "le moins pire" selon ses propres termes, elle parlait de Moscovici. Je rappelais qu'à l'inverse de Plenel l'autoritaire idéologue, Moscovici n'avait pas encore censuré sur sa page Facebook. Et aussitôt, c'est ce qu'il fit. Pour tomber dans le même piège que le moustachu gendarme Plenel. Moscovici m'a interdit l'accès à sa page Facebook, pour que le débat s'arrêtât-là.

Je suppose que Plenel craignait que je lui fasse perdre une part de sa clientèle d'abonnés pour son journal "Médiapart". Ce qui ne laisse pas augurer d'une charpente bien solide de sa boutique de Presse. Me donner tant d'importance ou à mon vopisque en me censurant si vitement, c'est dire son aveu public de grande faiblesse. Quant à Moscovici, il cédait à la même panique. Comme si j'étais le renard dans le pouillis socialiste de la ferme moscoviciste, et que j'avais dévoré tout du long de la journée des manifs toutes les poules de sa clientèle politique.

Et ce sont des personnes de cette eau-là qui englue, qui devraient gouverner et garantir nos libertés ? Quand ceux qui les défendent finissent par dire qu'ils n'ont pas trouvé mieux, et qu'ils s'en contentent... Et que nous obtenons pour toute réponse dans un débat sur un forum tout ce qu'il y a de plus normal : La fermeture de toutes les vitrines et les sacs de sable derrière lesquels les Plenel et Moscovici se cachent pour ne pas descendre dans le débat avec votre humble narrateur.

Manifestement, ils n'ont pas encore compris ce qu'est le net, qui n'est pas un outil de censure mais d'expression libérée. Car aucune censure ne peut parvenir à ses fins dans l'espace de ce médium. Tout ceci est explicitement indiciel que nous assistons à la fin d'un monde ou d'une culture française en déclin, certes : mais qu'il s'agit seulement du déclin de la culture des maîtres autoritaires loin du Peuple, qui ont peur dès lors qu'ils mettent un grand pied sur le net; pour en être boutés hors et par leurs propres recours à la censure, qui voudrait détrancher les idées adverses et ceux qui les expriment.

Ils ont peur de la lettre et de l'esprit, qui coulent toujours. Comme l'eau qui va sa pente naturelle et qu'elle sait user toutes les vieilles pierres les plus brutalement fixes et fermes.



Demian West

2 comments:

Anonymous said...

Dommage !

Anonymous said...

Dommage !