Friday, January 02, 2009

Comment se rendre favorable l'année neuve

Quand les fêtes sont passées, on se retouve vite assez lourd et figé comme après l'accident. On semble comme extasié mais par la stupeur, et très incapable de savoir qu'en faire de cette nouvelle année qu'il va falloir remplir plus aisément que les nombreuses coupes de champagnes que l'on aurait bues avant de sombrer dans le fleuve de l'oubli. Il nous reste bien quelques souvenirs d'avoir survolé la route comme le font les TGV quand on a trop bu. Et certes, on a redoublé de prudence comme les papys flingueurs de la grande route qu'on l'appelle les "30 glorieuses". Mais ça ne fait pas son an.

Quand on est jeune, c'est simple. On respire l'air pour y trouver les trains qui nous emportent comme des jet-streams vers des projets qui se montent sur des ans, et des décennies. Mais à la fin quand les projets descendent, cette ivresse des grandes entreprises précipite le temps. En fait, plus on est occupé et entreprenant et plus le temps file et emporte tout. Mais c'est le réglement dans l'économie de la jeunesse qui aime bien griller les saisons.

C'est une période agréable, quand la chance et la Providence nous sourient. Car on n'a qu'à se laisser porter, en travaillant au seul apaisement de l'angoisse, que tout ceci finira bien un jour. Mais, dès qu'une affaire cesse, une autre arrive et c'est le cycle des énergies, là où le monde se passe et avance. Parfois, on sent réellement cette énergie comme une voiture ou son moteur qui accélèrent et tournent en nous. Et c'est la vérité, nous sommes des moteurs qui tournent et sentent les courants qui traversent les airs en nous traversant mieux encore. La clé qui starte est de ne pas s'interroger et d'y aller...

Il reste qu'en 2009, on sent bien que tout le monde a le pied un peu lourd, comme flottant dans la coulée de béton qui prend. Moi, Demy, je trouve que c'est une chance, ou une sorte de sas de la Providence qui parle. Une forme de vide avant le neuf, si l'on peut ainsi dire. Car c'est une bonne sensation quand on saisit qu'on vivait dans le mensonge jusque-là. Et qu'il faut tout recommencer. Alors, peut-être serait-il bon de créer 2009 comme on fait une belle oeuvre du Beau, du Bien et du Vrai. C'est-à-dire en ignorant le canon ou la forme paradigmatique à créer, mais en la dégageant du bloc brut et hostile, soit en écartant simplement ce qui ne convient pas.

Un peu comme si l'on savait vraiment agir quand on sait enfin ignorer... ce qui ne va pas, ou créer des espaces vides pour que l'air y puisse circuler, et dans le même temps, à celle fin d'apaiser nos vies. Finalement, il faudrait savoir se retrancher dans ce qui a survécu au carnage 2008, et donc se contenter de ce qu'on a. Ce qui est une science favorable pour aller profond dans le temps. Peut-être ne pas vouloir plus, cette année. Et se reposer sur l'acquis en le rendant plus fixe et ferme. Ne pas en faire trop et tout est dit. Ne pas cumuler trop d'amis car il en vient vitement avec quelques vrais bouts d'ennemis dedans, et trier, filtrer, conserver, améliorer, bétonner.

En d'autres termes, c'est probablement une année qui serait favorable à bien explorer toutes les voies pour se mieux protéger des dérèglements de la Providence qui semble redistribuer les cartes dans une sorte d'année zéro. Alors profitons de ce temps qui nous est donné, et qu'on est encore étonné d'y prendre part, comme on est étonné que la violence du monde nous ait épargné une fois de plus l'an passé. Une vie tranquille et sereine : comme c'est long et inutilement riche et prodigieux !

Demy

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