Tuesday, May 15, 2007

Le Rôle de la Blogosphère dans les Elections 2007




Il est un lieu commun de la politique post-électorale, qu’on s’interroge sur la véritable influence que la blogosphère aurait exercée sur les votes des Français. En effet, on lit partout, depuis Schneidermann jusqu’aux colonnes survoltées de Agoravox, des propos assez dépités à la suite des espérances déçues que l’internet n’a pu réaliser, à ce qu’on dit tantôt.


Tout d’abord, nul ne saurait préciser ou décrire le paysage politique que l’on aurait découvert, pour le cas où l’internet n’aurait pas appuyé ou au contraire amoindri une politique ou un candidat. Souvenons-nous que lors des élections présidentielles de 2002, on a assisté à une forme de nouveau mouvement subit et brusque en dent-de-scie. Par ailleurs, ce choc électoral paraissait assez conforme ou parent avec les sautes des tempêtes climatiques dues au réchauffement de la planète. Ainsi, on vit d’abord une extrême-droite écarter la gauche socialiste, contre toute attente. Et pour qu’elle se lance aussitôt contre le donjon central de la présidence même. Ce qui semblait impensable auparavant. Puis, Chirac obtint naturellement son plébiscite assez napoléonien, et, finalement, pour une présidence assez tranquille.


Si les modes des communications politiques et des médias n’avaient guère évolués, peut-être aurait-on vu en 2007, la poursuite de tels mouvements de hausse et de chute en manière de montagnes russes. Ainsi, on pourrait imaginer que les Français, un peu pris de panique devant les incertitudes favorisées par notre monde contemporain, auraient pu à nouveau tout mettre en oeuvre pour un nouveau plébiscite. Et probablement, pour consacrer une politique qui devait contenir des bouts d’extrême-droite, pour rendre les passions et les appétits plus solides. Car, on trouvait communément autant de protestation que d’attrait du risque dans ces manifestations un peu révoltées ou suicidaires, en tous les cas hors d’équilibre et incertaines. C’est pourtant une politique que Nicolas Sarkozy et même Ségolène Royal ont un peu tenté, et les électeurs avec eux. Puisqu’ils les incitèrent et les soutinrent, tout en rejetant le FN qui était la destination traditionnelle de tels votes qu’on cache honteusement. Et vraisemblablement Ségo-Sarko avaient-ils à l’esprit cette lame de fond en réserve de mémoire, qu’il fallait canaliser pour même en profiter. Et tout pour être porté au plus haut sur la vague du temps, si gonflée par cet esprit de plébiscite.


Toutefois, il ressort de ces élections, que le nouveau Président n’a pas été élu par un dispositif plébiscitaire. Mais, à y regarder de plus près, il a obtenu plus que la coutume des voix qui sont toujours proches de l’axe médian des 50 %. Ce qui veut dire que la tentation du plébiscite fut certes grande mais qu’elle fut retenue par quelque force qu’il nous revient de dégager ou de la trouver. Car dans ces conditions des présidentielles 2007, un plébiscite aurait pu instiller des tentations dans l’esprit même et l’exercice du pouvoir par le Président. Puisqu’une telle élection excessive porte naturellement à outrepasser un programme modéré ou plus consensuel. Le plébiscite est toujours un risque pour la plus sûre démocratie.


Aujourd’hui, nous voyons un Président qui met dans son gouvernement un peu du programme prélevé dans l’esprit de ces adversaires. Afin qu’il puisse mieux incarner la présidence de tous les Français. Sarkozy débauche Kouchner ou Allègre à gauche. Pendant que la droite courtise Bayrou et qu’elle promet tous rapprochements et toutes douceurs qui vont pourtant à l’encontre de ce programme d’une droite dure, que les électeurs attendaient. Comme si la droite était déjà engagée en un processus de dissolution dans l’opposition qui s’y infiltre par toutes voies démocratiques.


Notre thèse est que l’internet et la blogosphère ont agi de manière à soutenir les forces de progrès, dont le Centre et la campagne "Désir d’Avenir" qui sont cette opposition démocratique. Plus que les blogs auraient soutenu la droite sarkozyste et plus loin l’extrême-droite. Et que donc, si les internautes n’avaient pas agi à ce premier rang de veille démocratique, et massivement, on aurait peut-être connu un second plébiscite dans une présidentielle après 2002 en 2007. Mais avec des conséquences bien plus dangereuses, en raison de la jeunesse et de la nature plus vive du Président qui en aurait bénéficié, et que ceci se fut produit à droite ou à gauche. Car, il y faut une nature hors du commun et beaucoup de la sagesse qui manque aux jeunes même s’ils sont quinquagénaires, pour qu’ils sachent maîtriser les flux si abondants et donc incontrôlables quand ils sont lâchés par un plébiscite.


Demian West

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