Après la parution de l’article "L’Envie du Demian West" sur Agoravox et qu’il causait de mon départ de ce journal, je voudrais y répondre, mais sur Centpapiers, et non sur Agoravox comme Carlo Revelli m’y a invité.
A la lecture de cet article, et après dissection des commentaires, j’ai bien retenu que mes quelques détracteurs me donnaient, dans le même temps qu’ils demandaient mon départ, un statut de "bouc émissaire". Je dis tout de suite que j’y ai surtout vu une tentative malhabile de justifier des maltraitances verbales et pulsionnelles, assez semblables à celles des alcooliques qui jurent par tous les dieux qu’ils aiment leurs victimes. Et assez pour leur donner tous les coups que ces victimes réclamaient forcément, selon les plus ivres propos de la rage et de la haine.
C’est bien cette irresponsabilité qui est lâchée dans de tels discours. Et on peut s’étonner que des rédactions laissent passer de tels articles, qui n’ont d’autre but avoué ou caché que d’exprimer la violence contre un seul, qu’il s’appellerait Demian West ou Nicolas Sarkozy. J’ai demandé à Carlo Revelli qu’il retire cet article diffamatoire et il ne l’a pas fait. En prétextant qu’Agoravox n’a jamais retiré un article de sa une, ce qui est faux.
Pour ma part, je suis persuadé que cet article a fait et fait encore plus de mal au journal qui le publie, qu’il saurait faire aucun mal réel à la personne qui serait visée, tout au contraire. Car, institutionnaliser la diffamation et donc inciter à la Presse trash sans retenue c’est avilissant au premier degré pour qui s’y adonnerait.
Puisque le seul moteur et but serait de provoquer la personne à ce qu’elle réponde, afin que le cycle avilissant puisse perdurer. Et qu’il profite seulement à ceux qui tirent leur substance immédiate de l’audience moulinée par ces dispositifs provocateurs et vexatoires. Déjà, je trouvais avilissant et contre-démocratique tous les dispositifs de notations des commentaires, qui ont vite été préemptés pour justifier les vexations les moins démocratiques : lynchages quotidiens, effets de meutes en rien maîtrisés par la rédaction, et destruction systématique des constructions pédagogiques à long terme.
D’aucuns se souviendront que j’avais tenté une suite conséquente d’articles sur les arts, en manière d’initiation aux arts. Et, la constitution même d’Agoravox a favorisé une démolition systématique de cet effet pédagogique. Car, les commentateurs y venaient pour casser de l’artiste ou de la culture, ce qui est déjà un très mauvais signe de fréquentation, si j’ose dire. Et pis encore, en reprochant à l’auteur d’être seul responsable de ce harcèlement qu’il subissait.
Bien sûr, on nous a souvent répondu qu’il était question de liberté d’expression. Et c’est de cette façon habile que j’ai compris que la structure du dispositif était de permettre des digressions telles qu’elles seraient normalement rejetées en démocratie et dans les échanges des civilités les plus courantes. Et plus étonnant encore, quand l’exigence qui gère le coeur du dispositif de la modération des articles, amenait la plupart des textes à ce qu’ils s’alignent docilement sur la stylistique des articles "fondateurs" en sorte de modello. C’est-à-dire que la pensée qui est induite voudrait que pour qu’un article soit publié, il soit assez conforme à l’esprit et à la forme stylistique très technicienne et donc peu inventive et pas trop littéraire. Et tout pour favoriser l’information locale ou simple et véritable par le témoin même, ce qu’on nomme le "journalisme citoyen".
La chose a-t-elle ainsi produit deux espaces, dont l’un espace des articles était de plus en plus fade et transparent d’un vide de matière forte et odorante. Et de l’autre espace des commentaires parcouru par des hordes de barbares qui avaient tout oublié des lois de la République des échanges. Et jusqu’au jour où la rédaction a laissé passer des articles qui s’en prenaient nommément à des rédacteurs eux-mêmes.
Ce fut la limite outrepassée. Et ce fut le début de la fin, du moins pour ma collaboration. Car, qui oserait encore soutenir qu’il y aurait là quelque forme de journalisme quelconque. Bien sûr que non ! Et la seule raison d’un tel suicide rédactionnel serait la course perdue d’avance vers l’audience qui recule et à tout prix, soit en sacrifiant la tête même de la bête ou de l’édifice. Pourvu que l’audience tienne encore demain comme au cirque romain...
Aujourd’hui, je m’interroge quand à ce qu’on appelle dans ces latitudes, le journalisme citoyen. Et qu’il s’espace sur Agoravox, qui n’est pas des moindres, en une dévoration de lui-même et pour quelle fin et quel but ? S’agit-il d’organiser la grande mêlée des pires abus de l’expression ? Ou doit-on y voir le dépit d’avoir manifestement subi des échecs systématiques pour tous les projets satellites d’Agoravox ? Du moins si l’on considère les effets d’annonces et les promesses mirifiques qui inauguraient ces projets tous retombés comme autant de fusées après le décollage.
Par ailleurs, il semblerait que tout le dispositif éditorial a été conçu en manière d’accrocher le rédacteur ou le commentateur. Je m’explique plus avant. L’ouverture du journal tous les matins, induit une sorte de rendez-vous des rédacteurs qui apprendront le jugement de leur article par la modération. Ceci produit forcément un stress qui est organisé vers une sorte de dépendance horlogère et bientôt nerveuse. Par le fait que s’il y a refus il est solennellement vexatoire.
Quand, d’autres journaux citoyens comme Ohmynews et Centpapiers font paraître leurs articles régulièrement tout du long du fil de la journée, et sans cet effet de lancement collectif trop rassembleur et directif ou autoritaire. Ainsi, on peut, dans une discrétion assez favorable, reprendre la chose et la soumettre à nouveau. Et tout ceci sans le stress de cette mise en scène de sélection, et dans un organe qui n’a pas les compétences pour sélectionner selon des critères du savoir le plus solide et ferme. Juste le goût agoravocien, l’info choc et la raison de l’audience interviendraient-ils probablement. D’ailleurs souvent, la moitié de la une se poste dans la rubrique "Tribune libre". Là, on y trouve de l’info déballage au petit matin et au cul du camion des fausses bonnes idées genre arnaques fourguées par des convaincus d’eux-mêmes. Et pour le service après-vente on peut toujours se brosser l’anorak polaire.
Et plus certainement, la faculté de noter les commentaires a-t-elle jeté le journal dans un bataille rangée que les directeurs de rédaction s’empressaient de dire qu’ils ne la voulurent jamais. Ce pendant qu’ils l’organisaient avec toutes armes les plus distribuées aux plus orduriers commentateurs et donc vers l’arbitraire non-modération. Par le fait que l’anonymat reste la valeur la plus sûre de cette communauté de commentateurs en meute, si peu noble qu’elle veut agir sans jamais être vue.
Tout ceci n’aurait pour effet que de favoriser les facteurs les plus défavorables à la Presse, telle qu’on la voudrait féconde en informations et de neuves écritures. Quelle rédaction imaginerait donner son micro au plus agressif bafouilleur de la rue ? Et pour le coller à la une en lieu et place du rédacteur voué à informer le public ? Sinon à vouloir produire une sorte de nouveauté trash qui plaîrait au jour la journée, et sans qu’on y cherche jamais des explications sensée pour la justifier. C’est-à-dire que cette presse citoyenne est du spectacle. Et qu’elle est surtout informative de l’immédiateté culturelle mais trash, en tant qu’elle est destructrice à notre époque. Tout comme on détruit la planète et qu’on prétend encore nommer ça le progrès... Certes, vers le basculement planétaire dans le néant.
On ne doute pas que ceux qui oeuvrent dans ce spectacle grotesque s’y plaisent et qu’ils trouvent son bain agréable. Mais quand on se déplace comme je l’ai fait, et par force, vers d’autres biais pour mieux voir, on ne goûte certainement plus ce spectacle d’articles qui s’en prennent à un seul rédacteur. Et quand un article et ses commentaires m’ont dénigré pour la seule raison que j’avais décidé de quitter un journal qui ne convenait plus à mon expression et à mon droit, pourtant reconnus.
Puisque et statistiquement et affectivement (au regard des manifestations que mon départ a suscitées), je suis encore le plus grand contributeur de ce journal même. Aussi, suis-je assez autorisé à conclure en manière de conseil à ce journal, que la dévoration de soi-même porte un nom et qu’on l’appelle le suicide... mais désormais plus de moi-même.
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