Saturday, July 14, 2007
Photoshopping de Pierre et Gilles au Jeu de Paume
Jusqu’au 23 septembre, le Jeu de Paume (site Concorde) nous propose une rétrospective des oeuvres de Pierre et Gilles. Il s’agit de photographies de people, mais retouchées à la palette de Monsieur Photoshop qui maquille bien. Et dans ce qui semble bien un détournement de jet set, soit du petit oiseau qui va sortir en ville. On comprendra d’emblée que l’exposition se fait sur un mode assez joyeux assumé, et d’aucuns diront même assez gay.
On y rencontre sur les cimaises flashées, des stars de la sphère rock dont la cosmique Nina Hagen ficelée comme une poupée harpie bien balancée dans le décor tout ce qu’il y a de plus kitsch. Car, les auteurs sont des artistes qui savent jouer de la présentation rococo, dans ce qui se réclame forcément de l’art de la performance sinon du happening. Il y a même du Body Art, si l’on songe au jeux identitaires des similitudes manifestes entre Gilbert et Georges, les artistes de la sculpture vivante des années 70, et Pierre et Gilles qui jouent plus de l’art de la communication et des jeux d’optiques entre collages de stéréotypes.
C’est un peu la suite de la réflexion poussée par Gilbert et Georges qui photographiaient des marginaux qu’ils exposaient en des murs rideaux de photos agressives et suaves. Le discours politique ou social était si critique qu’ils se sont aisément imposés dans la sphère du scandale, qui est la sphère people par le fait dans nos années post-2000. Et, tout naturellement, Pierre et Gilles ont suivi cette mouvance pour se glisser sur tous les murs de Paris, où l’on se montre pour étamper les fonds d’yeux et pour y être retenu. Chacun a pu voir leurs photographies si sucrées qu’elles induisent une mésaise qui s’achève en une saillie humoristique. C’est que l’art post-dada et publicitaire agit comme un défouloir plein de sous-entendus et de présupposés disruptifs et décalés qui font jouir l’esprit.
Ils jouent même sur cette notion de détournement et de retouche photo, par-dessus le souvenir inquiet des manipulations photographiques pratiquées par toutes les dictatures habiles et grossières. Ainsi, comment ne pas penser à ces photos où Trotsky et d’autres disgraciés disparurent pour qu’on puisse réécrire ou rephotographier l’histoire, pour la coucher du côté le plus utile et rutilant de la cause orwellienne ? D’ailleurs, les consommateurs que nous sommes tous, hormis quelques robots immatériels, ne sommes-nous point soumis à ce régime minceur de la photo lissée ? Les photos ne sont-elles pas transformées comme une pilule mensongère, qui sait nous faire avaler la médecine qui guérit toute révolte résiduelle.
Toutefois, la retouche est appliquée ici à la gentry people, qui en a connu d’autres et qu’elle sait se faire payer. Mieux encore, on y sent aussi des citations stylistiques qui évoquent agréablement le kitsch. Et par des prolongements doux comme le miel, ces citations rappellent le rococo du meilleur mauvais goût. Un peu du second style Louis XVI, juste avant la catastrophe de la chute des têtes de l’Etat. Et par le biais de petites mécaniques fabriquées et livrées sur la place de grève par la Maison Guillotin. Ces petites machines aiguisées du trou suggèrent furieusement, et dans le même temps, les obturateurs des appareils photographiques. On y passe la tête et votre portrait tombe dans le panier, avec la mention zappante : "Après moi, le déluge".
Nul doute qu’il est une sorte de décadence ou de dégradation dans le climat contestataire de l’art. Puisque Gilbert et Georges tenaient un discours destiné à montrer les inégalités sociales. Quand, Pierre et Gilles s’adonnent sans retenue au culte de la sphère people. Dans la plus revendiquée expression impériale ou romaine qui ne doute plus de la catastrophe pompéienne. Et dont la seule raison de cet art est de profiter pleinement et entièrement, du temps qu’il reste avant les craquements dans la nature et dans la cité culturelle et barbare. Ne se presse-t-elle point en roue libre dans le cratère du volcan qui rougit chauffé au blanc, pour l’ultime photographie éruptive si coulante des laves rocailles et fantastiques.
Demian West
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1 comment:
Demian je te mets ma Þ dans ton ()
François Mitterrand.
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