Sunday, February 18, 2007

Bayrou fait la surprise attendue




Nul besoin d’être grand shaman isolé dans la steppe médiatique pour sentir le vent tourner dans l’opinion des Français qui se placeraient désormais plus au Centre. En effet, le correspondant parisien du "Telegraph.co.uk" Henry Samuel vient de jeter l’info dans des termes crus comme un serment d’amoureux gravé dans le cuir du plus robuste chêne béarnais. " Hier, le candidat centriste François Bayrou semblait recevoir tous signes favorables qu’il serait au second tour en mai." Voilà qui est dit...

Tout d’abord, Bayrou a su émerger doucement mais aussi sûrement, jusqu’à passer devant Le Pen. Car, l’extrémiste était vraiment trop occupé à ravaler sa façade médiatique. Et pour qu’il puisse mieux-racler ses fonds de mairies pour quémander ses signatures qu’il ne trouve plus comme la cassette de l’avare. Le Front National pourrait même être absent de ces élections.

Par ailleurs, les compères Ségo-Sarko ont estimé les coûts de leurs programmes respectifs, vraisemblablement, selon le même mode factice qui a su lancer leurs campagnes bollywoodiennes. A la vérité, on dirait qu’ils briguent une présidence vaste comme le continent européen. Leurs grandes machines électorales ne se battent-elles pas au premier rang des broadcasts américains, comme à la fabrique de la présidence à tous prix ?

La semaine dernière, l’opinion des analystes économistes était faite pour évaluer à, plus ou moins, 50 milliards d’euros les programmes respectifs de Ségo-Sarko, et donc bien au-delà de leurs estimations autour des 30 milliards. On le constate, ils avaient largement exagéré la faveur de leurs promesses budgétaires, et par excès de confiance en leur jeu de poker médiatique. Quand Bayrou reste plus modeste autour des 20 milliards. Et lorsque Bové flirte, comme un spoutnick en son orbe utopique, autour des 160 milliards d’euros.

Les prévisions forcées de Ségolène Royal ont été démenties par Eric Besson qui fut le responsable même qui était en charge de les mesurer dans sa campagne, et avant qu’il ait remis sa démission. C’est grave assez ! Et les promesses et mécomptes de Sarkozy, dignes des extravagantes turqueries de Molière, ont paniqué son staff de campagne. Depuis, ses chiffreurs semblent comme à la recherche de la fabrique du ciment qui fait tenir les châteaux de cartes. Puisqu’il leur faut trouver les milliards qui manquent à leur politique. Et, sans jamais que Sarkozy soit contraint de sortir les grands filets de la pêche aux contribuables. Enfin, juste le temps de la campagne !

C’est probablement la raison pour laquelle Bayrou vient de recevoir 56 % d’opinion favorable à ses promesses budgétaires. Alors que Sarkozy n’en ratisse maigre que 37 %, et que Ségolène y prend les quelques miettes dessous la table des 27 %. Certes, le Peuple Français est raisonnable surtout quand il voit sortir la charrette des taxes et des impôts qui mettrait en branle ses roues libres budgétaires. Quand les utopies de Ségo-Sarko ne manqueraient pas d’écraser quelques économies sous le matelas du français moyen, sinon ses seuls revenus vitaux qu’ils lui restaient. Et ce week-end, le sondage du Figaro vient de donner le coup de grâce : soit le chiffre des Français qui sont en accord avec Bayrou pour considérer ensemble que les promesses des concurrents Ségo-Sarko sont irréalisables : 74 % soutiennent Bayrou contre Ségo-Sarko. Mazette !

On comprend qu’on évoque, d’ores et déjà dans le QG socialiste, une "spirale dépressive" qui semble entraîner les deux lutteurs du camp de base Ségo-Sarko, hors d’atteinte de leur sommet himalayen. Et qu’il semble même s’éloigner. Puisque le récent sondage vient de jeter l’effroi parmi ces plus sûrs dauphins ou requins médiatiques. Car, pas moins de 79 % des Français disent que, pour eux, rien ne serait encore joué dans ces élections. Autant dire que les électeurs viennent de renvoyer Sarkozy et Ségolène à leurs études de campagnes présidentielles. Puisque tambours battants et confettis ont manifestement peu convaincu un peuple exigeant des solutions vitales pour son avenir.

Cependant, que "le Béarnais" François Bayrou paraît avoir résolument fait alliance avec une opinion de fond, qui aime plutôt son idée d’un gouvernement d’unité nationale qui serait composé de personnes venant de la droite et de la gauche. Une opinion qui voudrait dissoudre l’inertie du bi-partisme qui paraît usé comme une antiquaille maquillée qu’on voudrait fourguer au dernier passant crédule. Finalement, Bayrou propose une nouvelle formule toute tendue vers l’hyper-démocratie réconciliatrice, qui est déjà en oeuvre dans la sphère internet.

Aussi, cette manière de gouvernance mouvante et unitaire est-elle déjà au pouvoir en Allemagne. Et plus encore : le premier Ministre italien Romano Prodi le dit en ces termes ciselés par ces neuves évidences sondagières du week-end : "Pour moi, la gauche moderne et le centre peuvent faire un maximun ensemble." C’est peut-être la clé de ce calme qui agit au fond un Bayrou qui reste fixement dans sa ligne de force, vers un projet qu’il pourrait désormais réaliser. Puisqu’il est au plein de la course de fond, par ces chiffres d’une opinion, à tout le moins, surprenante... Alors qu’elle attendait le troisième homme.

Demian West

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