Monday, February 19, 2007

La bataille de Londres en voiture...




Londres pourrait bien être le laboratoire des prochaines mesures de circulation restreinte des véhicules dans toutes les capitales du monde dont Paris. En effet, Ken Livingstone, qui est le maire de la City, vient d'applaudir à son propre plan d'extension de la zone d'accès payant au centre de Londres. Et dans un mouvement d'autant plus courageux, qu'il y rencontre de furieuses troupes d'opposants qui manifestent effrontément, c'est-à-dire à la rue, leur droit de circuler hors des taxes et des amendes cloutées qui pleuvent sur la City comme les fusées durant la "bataille de Londres".


Certes la zone incriminée était la plus congestionnée du poumon londonien. Et il fallait en extraire les citizens de leurs voitures pour les entasser dans le métro à l'heure des sardines huilées à la tâche. Ce qui ne se fit pas sans quelque pression des agents de l'underground, qui savent vous pousser au fond du wagon avec un flegme qui "mind the gap".


Aujourd'hui, la zone est doublée et elle s'étend à l'ouest vers les quartiers chics, depuis Westminster vers Kensington jusqu'à mazette Chelsea, où l'on cause classy. Pas comme à l'east-end où les accents rauques vous interdisent les plus belles places dans la City des bonnes affaires, sous les tubulures high-tech de la Lloyd's. Mais à l'ouest, pour vous le dire franchement et sans que je remue mon petit doigt qui tient la tasse de tea-table : On n'aime pas ça.

Car, les sujets de sa Majesté bien-carrossée se battent pour conserver ce privilège du noble volant en roues libres. C'est un fait, qu'il faut payer 8 pounds pour entrer dans le secteur protégé : pour chercher dans la jungle des commerces exotiques sa baguette de pain ou ses croissants orientaux, soit un peu français. Certes, il faut compter un peu moins, quand on y cherche ses enfants à la sortie de l'école. Mais ça coûte horriblement cher, quand on ignore le dispositif qui vous cumule les mandats comme des amendes à chaque passage ou pour chaque écart subreptice dans la zone "vous êtes filmé".


Ce qui peut atteindre le millier de pounds exigées par le bailifff ou la maréchaussée, de certains imprudents qui seraient passés trop souvent et par-dessus ou dessous, ce qu'ils nomment carrément le "mur de Berlin" qui cernerait Londres. Un terme routinier lancé par Gordon Taylor, le représentant de l'"Association des Résidents de l'Ouest Londonien". Que des pauvres on vous dit...Puisqu'on les vit manifestants comme réduits à la marche pour protester de leur misère quotidienne.


Il reste que, selon Malcolm Murray-Clarck qui est le responsable du dispositif : le "mur" a nettement favorisé une qualité retrouvée de l'environnement urbain. En effet, depuis 2003, la circulation des automobiles a baissé de 20 %. Et donc, 70000 véhicules ont pris le pli de rester couchés au garage, pour la cause écologique. Et à la faveur des bicyclettes qui savent mieux montrer leurs jambes et leurs charmes plus naturels qui savent dérailler London the Best.


Des réductions tarifaires avaient adouci le passage du terrible check point entre ouest et est, pour les mères qui voulaient cueillir leurs enfants à la sortie des écoles de Harry Potter soi-même où l'on circule du balais. A la vérité, le maire risque gros pour avoir appuyé sur ce dispositif de son plus sûr siège éjectable. Car, il doit gérer 220000 conducteurs dont la majorité le menace, à chaque passage de cette frontière de l'octroi, de ne plus jamais voter pour lui. Comme si les vraies décisions politiques ou sociales exigeaient, en quelque sorte, le sacrifice de celui qui vous les annonce, et encore plus de celui qui les met en oeuvre, et même s'il avait été élu pour cette raison de les imposer.


Demian West

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