Jusqu’au 17 septembre, le Centre Beaubourg est investi par les joujoux d’Annette Messager. C’est une artiste de l’assemblage qui part de rien pour mettre en branle plus d’un hémisphère, soit le monde entier qu’elle intrigue par ses installations d’art contemporain.
Mettons-nous, un instant, à la place du visiteur du commun de l’ordinaire. Il entre dans Beaubourg pour être déjà fortement impressionné par ses tubulures jamais innocentes. Et qu’elles lui évoquent cette ancienne usine à gaz, dans laquelle son aïeul avait été manoeuvré par le grand capital des années proto-marxistes. Et cet homme de la foule entre, tout par le tremblement, dans l’installation organisée par la spirituelle Annette. Il y voit des pantins en peine d’articulations utiles. Tous sont accrochés ainsi qu’ils pendouillent à la chaîne, comme pour une opération d’une cuisine douteuse de femme non moins âpre au doute.
C’est le Pinocchio vif, mais de bois soi-même. Aussi, le visiteur y verra tous les gamins-mécanos nés des pulsions des femmes qui sont en cherche de maisons de poupées. Enfin, ces pantins évoquent des rêves de mondes mécaniques, qui font souvent se pâmer les petits garçons qui aiment les grues et les garages du grand train de Noël.
Tout d’abord, notre visiteur ne se reconnaît pas dans ces objets bien installés. Car il est en grande coutume d’être hostile à l’art contemporain, qu’il snobe farouchement, dira-t-on. Par ailleurs, l’homme de la foule ne reconnaît pas son monde qu’il vient de quitter. Quand des peluches déchirées et des bêtes en trophées sont assimilées et cousues à ces pantins. Et pour mettre en oeuvre une sorte d’organisme anarchique, dans lequel il évoluerait désormais comme à l’intérieur d’un corps. Il le sent bien qu’il y a là quelque allusion à un bio-pouvoir que la femme connaît bien. Et qu’elle en use habilement pour circonscrire les excès des hommes. Puisqu’elle est la maîtresse des naissances. Il sait bien qu’elle a porté son enfant comme il fut porté lui-même par sa mère.
Aussi, la femme sait-elle les nécessités du corps, et probablement mieux que l’homme qui serait plus attaché aux joutes idéologiques. C’est pourquoi, elle s’y complaît et qu’elle insiste sur le mode non-rationnel de ces échanges. Nous voulons parler de l’amour ou de l’attachement et des sentiments, qui ignorent souvent les raisons assassines orfévries par la logique des maîtres à penser assez barbants.
En si bon train, notre visiteur vient d’entrer dans une oeuvre d’art contemporain, qui n’est plus une surface réfléchissante renvoyant une simple image glacée comme un tableau. Non ! Il évolue dans l’oeuvre même d’Annette Message, qui est une architecture de la collection et de l’assemblage. Et cette installation le jette au plein de ses propres pulsions. Car l’art contemporain donne à voir et à vivre les canaux par lesquels nos pulsions libidinales fluent dans le corps et hors du corps, vers les autres et vers les objets de nos désirs. Auparavant, le tableau était certes composé de ces mêmes canaux, mais congelés dans la surface plane fixe et ferme, aussi dans les médias qui sont des canaux plus à vifs.
Annette Messager produit la répétition sérielle pour lentement évacuer la réflexion rationnelle. Comme Warhol avait inauguré cette pratique du vertige dans ses sérigraphies reproduites sans fin. Et donc, pour parvenir à extraire ou à ranimer la force vive au-dedans de nous. Celle qui ne ment pas, par force d’accumulations de prétextes logiques. Et, d’une certaine façon, c’est bien une sorte de photographie sculptée en trois dimension des flux féminins, que Messager nous communique dans ses créations exposées et bien accueillantes. Afin, que nous comprenions mieux ce qui bouge la femme au-dedans d’elle, et ses mystères vers l’infiniment intérieur.
Si notre visiteur reprenait un peu de son regard d’enfant, il comprendrait sitôt que l’art contemporain c’est un truc à l’éclate vachement bien foutu, et avec de super nanas qui font des trucs très cools.
Demian West
Friday, August 10, 2007
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