Il vous reste quelques jours, jusqu’au 26 août, pour fondre sur Sao Paulo au Museu de Arte Assis Chateaubriand, et pour découvrir le cancan diabolique de Toulouse-Lautrec. Chacun le sait, Lautrec était en grande coutume de dépeindre le Paris des fêtes galantes de la bourgeoisie encanaillée dans la bohème des derniers feux du XIXe siècle.
Et tous d’avoir vu tantôt ses mappemondes de prostituées en cages dans les lupanars parisiens où venait s’éjouir le Prince de Galles pour des ententes cordiales plus exquisément déhontées que diplomatiques. Tout ce petit monde, des foraines gens à Paris, fit des oeuvres très rehaussées de coloris flashants posées sur le comptoir des flashes d’alcools profonds, et pour se payer l’absinthe verte et le sucre sur la cuillère en dentelle argentée.
Ce petit grand homme a peint tout ce qui bougeait hors des circuitions de la vie parisienne normale, du jour quoi ! Il a peint les étrangetés de la nuit, du théâtre, aussi des tripots, et de tous lieux inavouables pour tout bon chrétien qui les fréquente par aventure, avec une passion aussi persitante que le rendement du crayon de Lautrec.
L’expo est intitulée L’Artiste de l’instant et c’est bien. Car Lautrec fut probablement le premier à composer un oeuvre global entièrement voué à la séance instantanée. Certes, il était un post-impressionniste. Et donc il avait pris la leçon de Monet et consort. Monet n’avait-il point inventé la pochade qui se peint sur l’instant ?
Ce néanmoins, Lautrec s’est appliqué, avec l’aisance du diable "by the deuce", à dessiner plus qu’à peindre. Et c’est probablement ce qui a donné cette immédiateté du virtuose qu’on peut encore voir sur les esquisses parfaites et si vite abandonnées par milliers sur du carton ou des panneaux de bois brut, sur des toiles de sac de patates, etc.
Il est un fait que le crayon est plus directement en lien avec le cerveau. Depuis la pointe en passant par la main, et jusqu’aux terminaisons obscures des dendrites qui font l’art au-dedans de l’artiste. Le pinceau est plus souple et moins tendu sur le support. Aussi, le pinceau irait-il moins vite que le crayon. Car l’artiste commande la pointe dure ainsi qu’il le ferait de son doigt même. Peut-être est-ce pour cela que Le Titien se mit à peindre avec les doigts, à la fin de son existence quand il sut se lâcher.
Le XIXe siècle est le temps de l’instantanéité. Désormais, les nouvelles étaient diffusées par voie de presse dans la journée. Quand il y fallait des semaines au temps de la Révolution française, pour atteindre la province. L’invention de la photographie avait révélé les mouvements de la course du cheval. Ce que nul dessinateur n’avait su voir et dépeindre avant que le cliché de la chronophotographie de Muybridge avait exposé ses photogrammes, si explicites que précurseurs du cinématographe. Les peintres de chevaux purent enfin dessiner des courses de chevaux en des mouvements vérisimilaires.
Par ailleurs, le monde devenait plus étroit et les styles orientaux parvinrent jusqu’aux ateliers parisiens où ils surent transformer la manière des artistes occidentaux. Ainsi du rôle de la femme dans la peinture, du cadrage abrupt et des coloris vifs.
Tout d’abord, Lautrec s’inspirait des pastels de Degas pour donner à voir l’image bienveillante qu’il cultivait de la femme et du bordel. Car, il y voyait dans ces lieux, outre la jouissance bien conduite par ces geishas à l’accent montmartrois, des savantes poses de femmes habituées à la nudité comme une peau barbare exposée à l’air des regards brûlants. Il est à noter que malgré son alcoolisme militant et bien qu’il fut si adonné à toutes jouissances faciles, Toulouse-Lautrec dessinait invariablement en virtuose, ce qui est le rare.
Aussi, la pertinence stylistique du japonisme stimulait-elle des cadrages qui tranchaient dans le sujet central, selon la pratique de Degas. Enfin, les couleurs criardes étaient posées à grands coups de pastels sans repentirs, droit au but. Le dessin était si sûr qu’il suffisait d’ajouter à l’oeuvre quelque plages de couleurs hâtivement jetées et de laisser le fond ocre du carton en réserve, pour obtenir des plus illuminants chefs-d’oeuvres de l’art mondial en quelques minutes certainement.
Car, ainsi que le disait le sculpteur Michel-Ange, le dessin est la base des arts plastiques. Et, on reconnaîtra que Lautrec en est le maître insurpassable. Comme on le dirait d’un grand seigneur du Shaolin ou du budo, s’ils étaient des arts plastiques à ce qu’on dit tantôt...
Thursday, August 23, 2007
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