Ca vient de sortir des rotatives internétisées. Tout chaud comme le bon pain qu’on aurait bien-séparé de l’ivraie. Oui ! vient-on à peine de plonger agressivement dans la pire campagne électorale qui coule déjà au fond. Et "Marianne" sort sa prochaine édition, et c’est la nouveauté : sans jamais que cette édition de "Marianne" ne dise les noms du maître-duetto : Sarko-Ségo ou Ségo-Sarko. Pas un mot !
C’est Laurent Neumann, directeur de rédaction, qui l’affirme, comme s’il levait le trophée de la plus grande victoire contre soi-même. Comme s’il obéissait au doigt et à l’oeil tantôt crispés sur la gâchette du bulletin épistolaire des lecteurs. Lesquels auraient fait à "Marianne" cette demande que nul ne saurait refuser, puisqu’elle est imposée par cette charge du barillet de la plus sérieuse exigence du journalisme participatif. A la vérité, Neumann semble soulagé lui-même, si presque bien-heureux par l’effet de ce miracle du silence monacalement imposé par le bâillon, mais restauré.
Toutefois, on devine que ce vide innomme n’augurerait pas de suites apaisantes. Car on y sent bien, qu’on voudrait se reposer à la mitan de cette première bataille, dans laquelle on aura compté les occurrences média des noms de ce duetto en-tête, comme on compterait des buts en d’autres circonstances de la coupe de France. Ces deux joutes confinant au stade élyséen qui serait proche du coup de boule ; ainsi que l’attestent toutes les prises de mains et de télés de l’autre duetto d’arrivée au Palais : Chirac-Zidane ou Zidane-Chirac.
Vrai, c’est bien le ton de cette campagne 2007 qui voudrait graver au fer rougi le nom du plus sûr couple gagnant, dans tous les cerveaux votant dans leur plus simple isoloir "in petto". Les historiens de l’art nous dirons qu’il vaut mieux entendre "Sarko-Ségo ou Ségo-Sarko" tant que nous pourrons tenir, plutôt que se couper une oreille par désespoir, comme c’est la coutume instituée par Van Gogh, l’artiste visionnaire de la future génération participative, qui voudrait échapper à toutes ordonnances médiatiques. Aussi, nous faudrait-il vite innover et pourquoi-pas instituer "qui vous savez" selon Neumann, soit le duetto Ségo-Sarko : en tant qu’il serait notre futur couple présidentiel. Je veux dire qu’on pourrait les pacser sur le mode politique, par une nouvelle formule de loi de cohabitation. Un peu, comme on l’attendrait d’un couple qui ne s’entendrait pas et qui resterait ensemble "à quia", sitôt le mariage contracté (devant le maître-électorat), ce qui arrivait souvent dans les accordailles royales et pour raison de stratégie d’Etat.
D’ores et déjà, les é-lecteurs de "Marianne" ne voudraient plus entendre parler du futur divorce annoncé par ce mariage forcé, et tellement people — la cohabitation disputeuse de demain ne se se déchirera-t-elle pas ses enfants tels des programmes électoraux en passe de parlementeries ? A la vérité, dans les quartiers généraux tout à l’assaut, on voudrait tellement impliquer les électeurs dans cette scène de ménage crypté électoral, que les é-lecteurs demandent déjà qu’on efface des cartouches pharaoniques tous les noms des souverains gêneurs, ainsi qu’on règlait ses comptes dans l’Antiquité.
Nous avons donc une semaine de répit. Et peut-être notre coutume participative serait-elle du meilleur goût, si l’on exigeait qu’on n’évoque plus du tout et jusqu’aux étrennes, le pire accouplement que tous craindraient au second tour : le duetto "déjà vu" du front dont j’ai oublié le nom.
Demian West
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