Monday, March 27, 2006

La Peur des Oiseaux


D’aucuns l’appellent une peste des oiseaux, et tous les médias disent : la grippe aviaire est là ! Tous alors, d’observer et d’étudier le vol des oiseaux, et leurs parcours migratoires, pour prévenir et circonscrire la maladie et probablement pour conjurer la grande peur d’une nouvelle pandémie qui nous emporterait, à ce qu’on dit, dans l’hécatombe de millions d’individus.

Depuis les années 80, au tournant de la fin de la guerre froide, nous nous sommes comme tournés vers de nouvelles peurs bien vastes, pour y prendre à nouveau nos aises. Et, nous vivons en des modes des contaminations fantasmatiques qui sont aussi des peurs hypertrophiées : d’abord du sida, puis, de gonfler la plus terrible panique de la vache folle, pour nous envoler, maintenant, vers cette peste qui nous promet des chiffres à des hauteurs et à des vastitudes insaisissables, en manière de train fantôme qui s’échapperait en montagnes russes.

Car, nous montons vers des altitudes qui semblent plus favorables à la peur et comme pour filmer un nouveau thriller hitchcockien...des oiseaux.

Certes, nous n’en sommes pas encore, aux terreurs paniques qui prenaient des régions et des villes entières, dans l’Antiquité. Montaigne nous le rappelle : des populations entières de grandes cités se jetaient à la rue, subitement et sans raison, et s’entretuaient comme enragées. C’est pourquoi, ces événements ont été peu commentés, tant leur souvenir effrayait encore. On ne comprend toujours pas, alors que nous venons de voir des émeutes considérables resurgir, mais dans d’autres contextes plus idéologiques et religieux.

Pour tenter de maîtriser ces grandes angoisses de masses : il était une pratique dans l’Antiquité, qui consistait à observer le vol des oiseaux pour en tirer, ou pour en lire, les augures ou les signes favorables ou néfastes pour la meilleure conduite de la société. En outre, les prêtres étrusques, ou haruspex, disséquaient les oiseaux : pour lire, dans leurs organes, les signes que les dieux y auraient laissés aux fins de communiquer avec les hommes, préalablement initiés à la lecture de ces mystères. Tout le bâtiment de l’Etat Romain était fondé sur cette croyance. Et, l’Empereur en était l’Auspicium ou l’Augure, c’est-à-dire le Pontife garant de la bonne marche de la société, dont il devait maîtriser la prescience des événements à venir. Toutes ses vertus romaines étaient en conformité avec la "Politique" d’Aristote : vers tous principes de précaution et de prudence, soit de prévision. Et, ce sacerdoce de l’Empereur impliquait aussi qu’il veillait, tout autant, aux bonnes moeurs, très différentes et plus machistes encore que les nôtres.

Les prêtres de ces rites, se réunissaient sur les sommets du paysage, pour être plus proches des dieux et de leurs messagers ailés ou angéliques. Puis, ils traçaient, avec un bâton, des limites dans le ciel. Alors, attendaient-ils le passage d’un vol d’oiseaux dans ce ciel circonscrit, pour interpréter ce signe, selon des formules de lois et des livres qui nous sont perdus, aujourd’hui.

Tout comme eux : nos savants et médecins attendent-ils le vol des oiseaux pour les disséquer, et pour lire des suites favorables ou plus sûrement néfastes ou funestes d’une sérieuse grippe aviaire. Et, selon leurs prévisions, certes, scientifiques, mais dont les médias nous ont fait leurs lectures prédictives sur le mode fantasmatique, et bien avant l’heure.

C’est pourquoi, on pourrait lire un autre signe dans ces pratiques : c’est-à-dire qu’il serait utile de rappeler que Freud est passé d’une approche physiologique des maladies nerveuses, vers son concept d’une analyse de l’âme, la psychanalyse, après son étude singulière de ces augures antiques, que nous venons d’évoquer. Et, c’est ainsi que sont nées, d’une part l’analyse de la signification des rêves, et d’autre part, les analyses de toutes les névroses qui bougent l’individu ainsi que les masses.

Alexandre le Grand arrêta son armée en marche, avant la bataille et sur l’instant, quand il vit un lièvre couper la route de son cheval Bucéphale. Car, c’était un signe de défaite annoncée par cet animal symbolisant la peur, en messager des dieux. C’est ce monde de la fantasmatique dont Sigmund Freud a peint la cartographie, où le plus petit et le plus faible, sinon le plus peureux, peut circonscrire le plus fort et le plus vaste. Tout comme aujourd’hui, un nombre si faible de morts, et encore d’oiseaux, pourrait nous laisser craindre de telles prédictions d’hécatombes en masses.

Car, en dernier ressort ou moteur premier, c’est peut-être la peur de l’inconnu, bien qu’impondérable, qui nous meut le plus sûrement, puisque nous lui faisons nous-même une place en notre lit pour l’accueillir, et même jusqu’à coucher cette peur du côté que nous voulons.

Demian West

Le citoyInternet


Après la parution des articles sur le film "Loose Change" de Dylan Avery, le débat initié par Carlo Revelli dans AgoraVox, en manière d’activisme dit-citoyen et sur le mode journalistique large, s’est étendu, tout naturellement, à la question du droit de s’interroger quant à la thèse officielle qui devait rendre compte de l’événement le plus médiatisé du début du siècle.

Ces articles ont clairement montré tous les présupposés qui suggèrent la grande difficulté que l’on peut rencontrer, lorsqu’on tente de questionner cette thèse officielle. Et à la suite, on a vu toutes réactions qui se sont opposées à ce questionnement de la thèse officielle. Et, des oppositions qui venaient aussi bien d’en-haut comme d’en-bas. Et, elles se sont montrées si dénotatives d’un blocage qui pourrait être bien plus profond sinon institutionnel. Comme si les raisons du refus de questionner étaient si infiltrées, et déjà dans tout le tissus de notre société, qu’elles en seraient devenues organiques. Et, à un tel degré de couture, que la version officielle en serait comme le sanctuaire, presque d’un nouveau culte. Si l’on en juge par les croix qui sont plantées sur le Ground-Zero.

A la vérité, si quiconque tentait d’égratigner, un tant soit peu, cette version officielle, on pourrait craindre que tout le bâtiment de l’Empire contemporain s’effondrerait à son tour. Et, ce qui ne manquerait pas de provoquer les pires tribulations dans nos vies mêmes et pour nos familles. C’est pourquoi, le silence soit la non-information, ou pire encore la désinformation, pourraient paraître les plus avantageuses, en attendant mieux, et si elles servaient uniquement à conserver notre société dans sa survie et sa sauvegarde. Aussi, la raison, mais en tant que rationalité instrumentalisée, serait donc liée à nos intérêts les plus vitaux qu’elle préserverait, aussi bien pour les Etats que pour nous tous.

Peut-être, est-ce la raison qui voudrait que le questionnement au sujet des crash du WTC pourrait être aussitôt considéré, comme une tentative en sous-main d’amener un autre effondrement plus vaste, même par hasard ? Et donc, la meilleure posture, et journalistique aussi, serait d’attendre et de se cacher dans son quant-à soi, et d’en lâcher quelque aperçu, de temps en temps, du bout des ongles sur un mode léger et même caustique. Par crainte d’être pris pour un conspirationniste ou un ésotériste pré-psychotique. Il reste que le mode caustique est très propice à cette forme interrogative.



Dans cette approche prudente, on pourrait y voir, une forme de démarche citoyenne qui s’espacerait jusqu’à rencontrer des formes de l’auto-censure, presque nécessairement, quand il s’agit de tels sujets sensibles et trop mouvants.

Mais alors, qu’en serait-il du journalisme et de ses références ?

Le journalisme, soit les échanges des informations, ne pourrait être une quelconque censure, ni même l’auto-censure. Au mieux, ce serait d’informer de tout et sans égard pour les intérêts en jeux. Cependant, il n’en est pas moins vrai que l’information est une valeur marchande du Marché des échanges. Et donc, elle y est instaurée comme une monnaie dans la dialectique de ce Marché. Et, cette bonne information devient alors, et naturellement, constitutive de son autre forme mais pervertie, et qui verse donc nécessairement dans son moment contraire, par le fait de la dialectique des échanges : et donc, quand elle passe de main en main, ou quand elle est intéressée par d’autres intérêts que d’informer et qui la dénaturent au passage, quand donc elle verse dans la non-information puis dans la désinformation. Enfin, dans ce mouvement dialectique continu et sans fin : elle tend, à nouveau, à informer, lorsque le temps du cycle, de ses contradictions dans divers débats qui l’auront éprouvée et l’auront nourrie, la restaurerait à nouveau vers son moment initial et donc le plus informant. Autrement dit : l’information se diffuse, puis elle se pervertit en son contraire, enfin elle est débattue vers la nouvelle et meilleure information.

Somme : il en ressort que les formes du journalisme, s’il est vivant, s’étendent à tout un champ de contradictions d’une vérité qui reste toujours à formuler, et qui ne serait jamais atteinte dans sa vérité ultime. Et, le débat suscité par AgoraVox, et dans les termes citoyens de Carlo Revelli, semble se situer dans cette action, et dans ce vaste mouvement vers la meilleure information. Car, elle est projetée dans le champ le plus propice de l’internet, dont on sait qu’il favorise les réciprocités entre individus, et qui sont nécessairement tous des citoyens dans la République. Et, pour qu’ils échangent leurs "vérités" ou leurs références qui en seraient reconnues, puis débattues et enfin acceptées par le plus grand nombre. En cela, ce projet semble être bien-conforme à l’acception du terme de la citoyenneté, selon Rousseau qui voulait qu’on transmit la souveraineté au peuple. Non-pas en tant que le peuple serait une masse indifférenciée, mais qu’il serait riche de toutes ses différences. Et donc parfois, nous serions tous riches de nos faiblesses mêmes, sinon de toutes nos contradictions car éprouvées par nos contradicteurs mêmes.

Cette souveraineté citoyenne est donc une, et, en conséquence, elle est certes représentative, mais de toutes les différences qui constitueraient l’ensemble infini des potentialités de tous les individus ou les citoyens : qui seraient tous des reporters en puissance sinon en acte. Ainsi, pouvons-nous voir, dans le projet du journalisme citoyen, comme une réactivation, parmi d’autres, du moment historique : quand Rousseau voulut créer une démocratie qui ne devait pas verser dans la démagogie, trop consensuelle et plus contraignante.

Aussi, cette vertu citoyenne serait la plus manifeste et représentative, quand elle s’exprimerait par le biais et la nature même du nouveau média internet. Car, le net propose l’immédiateté des échanges et des réactions diffusées sur le net, selon les plus nombreuses singularités des informations individuelles, qui informeraient immédiatement tous les citoyens le plus réciproquement et socialement. C’est une grande vertu du pouvoir informatif et participatif du net,qui est forcément journalier et même plus immédiat à la minute, et donc transformateur de tout le tissus social, qu’il saurait informer et transformer favorablement, pour le bien commun et individuel de nous tous.

L’internet se présente, donc, comme un champ social si multiplié en d’innombrables individus, et qui en seraient des centres de rédactions et de visions activistes. Et donc, on voit bien la différence structurelle qui oppose le réseau internet de tous les citoyens, à la Presse plus traditionnelle, et l’inclut dans le même temps, par le fait citoyen. A l’inverse, la Presse traditionnelle s’était imposée, jusque-là, en représentant le plus éclairant du peuple éclairé, mais selon une structure pyramidale et hiérarchique, en tous les cas corporatiste.

Par ailleurs, il est une autre différence entre le journalisme du net et le journalisme traditionnel : le Marché de l’information et ses Maîtres savent en produire toute la valeur marchande, pour en tirer le meilleur bénéfice. Ainsi, ils peuvent en raréfier la diffusion pour en augmenter artificiellement la valeur sur le Marché. Comme ce Marché de l’information et ses Maîtres peuvent diffuser en surabondance, une information qu’ils voudraient banaliser et donc pour lui retirer sa valeur la plus précieuse : c’est-à-dire son contenu qui aurait un pouvoir transformateur de la société. Il est évident que les Instances du Marché useraient de ce dispositif de banalisation, uniquement pour neutraliser des informations qui pourraient nuire au Marché ou à leur leadership. Autrement dit : les instances de l’information qui veulent se maintenir en leurs places sommitales, se doivent de veiller à l’avènement de tout nouveau dispositif qui pourrait entamer leur leadership, et donc pour le maîtriser.

Et, les nouveaux modes de l’internet seraient, vraisemblablement, dans cette configuration d’outsider. Si l’on en juge par les réactions hostiles, mais prudentes tout-de-même, qui ont tenté le dénigrement des pages traitant du film "Loose Change" sur AgoraVox. Et, des pages qui traitaient d’un événement pas si subversif que ça. Car, ce film est un événement média de fait. Et donc, il devait être traité comme on doit traiter tout le reste. Aussi, la force exagérée des réactions critiques exprimerait-elle bien plus un malaise de fond quant à la nature du médium internet et quant au journal citoyen lui-même, qu’un débat sur la qualité de l’information d’un événement plus ponctuel, comme le fut l’annonce du film de Dylan Avery.



Il reste, qu’à se frotter à ce débat, la Presse traditionnelle s’est laissée comme emporter par les liens dans ce nouveau médium : car il apparaît vraiment comme un nouveau mode de la citoyenneté, et donc très attractif, puisqu’il diffuse un débat dans son immédiateté englobante, et sur des modes favorables qui seraient la structure même et l’économie de l’acte citoyen le plus contemporain, et par l’internet. Le journal citoyen et l’internet seraient donc des médias sans-médiateté : et finalement im-médiats.

Et, outre leurs modes de séduction, il apparaît que ces nouveaux médias agissent sur le mode, assez révolutionnaire, de l’appropriation de nouveaux territoires internet, par ceux qu’on pourrait nommer des "citoyInternets".

En effet, il est utile et légitime qu’on s’interroge quant aux tentatives de préemption d’un si bel outil en réseaux de capture comme l’internet. Soit, les forces traditionnelles tendraient à le préempter pour y étendre leur maîtrise. Soit, les citoyens eux-mêmes l’investiraient pour s’y incarner, en quelque sorte. Au préalable du net virtuel, nul ne pourrait ignorer encore que le Marché présente une structure toute-orientée vers l’appropriation. Il suffit de constater l’appétit des majors et des téléchargeurs, en face, qui sont enrôlés dans une lutte acharnée pour la mainmise sur le réseau et tous ses objets-flux, à disposition. Aussi, il faut reconnaître, d’emblée, que le processus de préemption, vers la confiscation, serait comme déjà inscrit dans le médium internet ; Puisque ce médium propose, et dès sa création par sa structure même que l’on pourrait dire réciproque et réversible, une invitation à toutes les appropriations dans ses réseaux comme offerts. Où le citoyen puis le Marché global et les Maîtres seraient tous confondus en la même personne, parce qu’ils empruntent le même flux qui dissout les frontières des identités et des rôles : c’est-à-dire qu’ils seraient tous réunis dans le même réseau universel et dans ses mêmes flux d’informations. Et finalement, sont-ils tous confondus : en un seul appétit ou une dévoration de type libidinal. Autrement dit : chaque centre et acteur du réseau est, en quelque sorte, un des citoyens et un des Maîtres à-la-fois ou simultanément. Car, il s’approprie ou préempte tous les échanges, sur le mode des flux qui sont virtuels et souvent fantasmatiques. Et, le réseau lui-même en serait la matrice amniotique ou la Mère nourricière et génératrice : soit le maître-champ.

Ainsi, la spécificité du journalisme citoyen et, singulièrement, quand il est inscrit dans le réseau internet qui est sa marque de légitimité, serait bien défini par l’acte de préemption ou d’appropriation. Et donc, il s’agit bien d’un acte citoyen d’appropriation de la chose publique, ou de la "Res Publica". Un acte d’appropriation, du réseau et des informations, réalisé par chaque citoyen, quand il s’approprie tout ou partie du réseau internet et qu’il en devient donc un maître qui saura informer le réseau, en retour contributif ou rétributif. C’est cette ancienne citoyenneté qui aurait été comme émoussée naturellement par de plus anciens médias, et notamment par la télévision, qui a su confondre tous les discours informatifs banalisés, car si entendus qu’on ne les entend plus.

Avant cet avènement actuel de la sphère internet qui agit selon ses modes propres, et qui sont les plus impliquants : qu’ils nous immergent dans une sorte de transe informative et journalière, aux retombées et prolongements certainement citoyens. Et le proNetariat et AgoraVox seraient probablement les primes manifestations des citoyInternets dans les rues ou les flux virtuels à venir.

Demian West

Libre diffusion merci

Sunday, March 26, 2006

INTERNOUGHT

//GROAN ZERO//

1. Le fait que les réactions qui s’opposent au questionnement de la thèse officielle, viennent d’en-haut comme d’en-bas, serait dénotatif d’un blocage bien plus profond et institutionnel.

2. Les raisons en seraient quasiment organiques ou infiltrée depuis longtemps dans tout le tissus de notre société. Et, à tel point que la version officielle semble le sanctuaire.

3. Car, si elle devait être, un tant soit peu, enfoncée ou égratignée, on craindrait que tout l’édifice de l’Empire contemporain tombât. Et, jusqu’à provoquer les pires troubles et changements dans nos vies mêmes et dans nos familles.

4. Donc, le mensonge, le cas échéant, ou l’immobilisme, à tout le moins, ont leur meilleure raison d’être bien-installés, s’ils servent à ce que la société survive à ce soupçon de skandalon planétaire.

5. La raison, en tant que la rationalité instrumentalisée, est-elle donc liée,et même cousue aux intérêts majeurs des Etats et du communs, et enfin des singuliers.

6. En conséquence: questionner au sujet du WTC serait, probablement, considéré comme une tentative d’amener un autre effondrement plus vaste.

7. Aussi, la meilleure position, et la plus confortable, serait-elle d’avoir son quant-à soi et de le lâcher de temps en temps, sur le mode léger presque caustique.

8. Ce qui est une démarche citoyenne, mais jusqu’où peut-elle aller, ou s’autorise-t-elle à aller avant d'être contrainte de s'appliquer un dispositif d'auto-censure.

//T’WIN PRESS//

9. Le journalisme, soit l'information, ne serait pas la censure, ni l’auto-censure, ce serait au mieux d’informer de tout sans égard pour les intérêts en jeux.

10. Mais, l'information instaurée dans la dialectique du Marché, est constitutive du mouvement qui se contraint de verser dans la non-information et donc pour désinformer.

11. En attendant de pouvoir informer à nouveau, quand le temps dialectique serait revenu à son commencement initial du mouvement dialectique sans fin.

//C’EST LA FAUTE D’IMPRESSION A ROUSSEAU-GROUND-ZERO//

12. L’information citoyenne, c'est-à-dire agissante dans le champ des réciprocités entre les citoyens, serait les vérités acceptées par le plus grand nombre.

13. Les principes, de la nouvelle citoyenneté, énoncés et même créés par Rousseau, avaient leur singularité dans le moment qu’ils trans-mettaient la souveraineté à tous du peuple.

14. La citoyenneté selon le principe de Rousseau: est la souveraineté du peuple, non en tant que le peuple serait une masse indifférenciée ou anonyme non-singulière, mais en tant que cette souveraineté reconnaît ses contradicteurs et ses contradictions.

15. Car cette souveraineté est UNE et, dans le même temps, elle est la plus représentative de toutes les différences qui sont constitutives de la masse créatrice et polymorphe du peuple.

16. C’est donc le moment historique: quand Rousseau a tenté de créer la première démocratie, c'est-à-dire qu'elle devait être non-démagogique.

17. Un journal pourrait être dit citoyen, à la condition qu’il serait l’écho ou l’organe du peuple, mais en tant que manifestement représentatif de toutes les différences et singularités, dans ses discours et dans ses informations.

18. La citoyenneté serait représentive dans son immédiateté, par la diffusion des plus nombreuses singularités des informations individuelles qui informeraient le peuple le plus réciproquement et socialement.

19. En vertu d’un pouvoir informatif et participatif, forcément journalier et même plus immédiat à la minute, et donc transformateur au jour la journée de tout le tissus social, qu’il aura su informer et trans-former favorablement, pour le bien commun et individuel.

20. Par le mouvement dialectique sans fin: du déjà-informé qui devient non-informé, vers l’informé qui n’est plus informé, et qui doit être à nouveau le plus et mieux informé.

//NIOUZE YORK KATA//

21. L’information serait citoyenne si elle venait directement depuis toutes les singularités innumérables du peuple, désormais infini dans le champ social multiplié de l'internet.

22. L’information serait citoyenne si elle n’était pas préemptée par la nécessité d’un discours accepté et autorisé, en tant qu’il s'imposerait représentatif du peuple éclairé.

23. L’information serait préemptée par le capital et le Marché qui la rendrait rare, pour augmenter ou ajouter sa valeur marchande.

24. L’information serait multipliée par le capital et le Marché, pour la banaliser et donc en retirer sa plus haute valeur transformatrice. Car, cette valeur transformatrice pourrait nuire à la conservation du Marché.

25. L’information serait la citoyenneté confisquée par la seule classe qui existerait encore, et depuis la Chine jusqu’à New York: la classe bourgeoise et le Marché.

26. L’internet serait un nouveau mode de la citoyenneté, en tant qu’il diffuserait naturellement l’immédiateté, qui serait la structure même de l’acte citoyen contemporain.

27. L’internet pourrait être préempté pour l’avantage du capital et du Marché, et pour la seule classe qui existerait encore: la classe bourgeoise.

28. Le processus de préemption, vers la confiscation, serait inscrit dans le médium internet, car il pourrait offrir une structure réciproque et réversible, où le citoyen et le bourgeois puis le Marché seraient tous confondus en la même personne, ou le même flux, soit le même réseau universel et les mêmes organes d’informations, finalement tous confondus: en un seul appétit ou dévoration de type libidinal.

29. Le processus de préemption serait inscrit dans la structure même du Marché, qui serait organique de la seule classe bourgeoise qui contiendrait tous les acteurs du peuple - devenu pseudo-peuple dans le champ internet des pseudo.

30. La classe bourgeoise et le Marché, autrement dit nous-mêmes aurions préempté la citoyenneté.

31. La citoyenneté aurait été préemptée, parce qu’elle aurait été délaissée par la conscience bourgeoise si malheureuse, depuis le temps de la fin des idéologies, quand les idéologies contraignantes, depuis les radicalismes de droite et de gauche, ont été confondues dans et par le médium télévisuel, avant l'avènement de la sphère internet, soit de la transe internet.

Demian West

Friday, March 17, 2006

Burgaud Night, Good Luck !


Vrai, il était sur fond noir, sous un lustre ténébreux, comme pour nous dire des couleurs du malaise. Ses deux avocats massifs et mouvants, comme deux ailes de part et d’autre dans le dos, genre l’ange déchu, quoi ! Le bien et le mal scénographiés, comme à la télé. Vrai aussi, que le Président de la Commission parlementaire était montré sur fond clair, et pour les mêmes raisons, mais a contrario cette fois.
Et là, ô mes frères et soeurs, je sentis bien quelque évocation des mises en scènes, que l’on pourrait dire maccarthystes, et parentes des chasses aux sorcières fantasmatiques. Assez, pour ne pas craindre qu’elles fussent peut-être volontaires, ou quelque chose comme ça.

Ah ça ! J’étais chez moi, c’est sûr, en liberté, comme qui dirait dans mon quant-à-soi. Genre mon vieil Alex de l’ "Orange mécanique", mais bien rangé des charrettes de ces terreurs paniques. On nous avait annoncé, façon de parler, de la bidonske bidoche bézoumni, à la téloche des familles. Un juge qu’ils allaient juger tzarrible... on allait voir !

Le visage de Burgaud dans le noir, était si blanc ou vert, enfin d’une couleur qu’on ne connaît pas trop, si nous ne l’avons pas déjà ressentie nous vider de nous-même : la couleur de la terreur. Au gré de nos souvenirs angoissés de noctambule, et d’abord si doucement mélancoliques, dans le tableau intitulé "Nighthawks" de Hopper en 1942 ; aussi, des lumières blafardes et soufrées des distorsions effrayantes de l’expressionnisme allemand, en noir et blanc ; enfin, le black and white si "love and hate" de la "Nuit du Chasseur", de Charles Laughton en 1955.

Ce film noir qui nous narre la terreur d’enfants pris au piège, par un imposteur qui s’est introduit habilement, sous couvert des habits de l’autorité morale, dans leur propre famille. Et, dont la mise en scène dramatique nous dit, plus subtilement, des jugements hâtifs des maccarthysmes ; aussi, pour arrêter toutes les charrettes à la Burgaud, de celles que le juge mit en branle, quand-même.

Car, nos glazes tivi-sidérés virent cette réthorique de la terreur, ou esthétique de la terreur, qui vira un peu à l’imposture : quand le juge fut maquillé comme en victime photo-anthropométrique, à la place la plus médiatique qui revenait plus certainement à ses victimes. Au moment, quand nous venions juste de sortir de la projection du film de George Clooney : "Good Night, and Good Luck", autour de Ed Murrow et de son émission "See it now" sur CBS, aux temps de la terreur du maccarthysme. Et, qu’il paraît, aujourd’hui, pour marquer les intolérances de notre époque.

Vrai encore, que la plus forte esthétique de ces images filmées, puis télévisuelles, ajoute du malaise au doute. Parce qu’elles réaniment la scène primitive maccarthyste, en distribuant les rôles et places. Plus largement, quiconque apparaît sur l’écran, en pleine toile, y est forcément promu au rang de star, par le fait même hypnothique : qu’il soit accusateur ou qu’il soit victime. A fortiori, quand il est cadré en place de victime de la question, jusqu’à apparaître si vulnérabilisé qu’on le perçoit, à la fin, comme un enfant tremblant, et donc presque innocent : ce qui a été dit du juge, après cette prestation qu’il aurait demandée.





C’est alors un effet de la télévision, que l’on pourrait dire : icônique. Et, un effet d’icône qui tourne toujours à la rédemption, hagiographique ou héroïque, du type en gros-plan télévisuel. Ainsi, est-ce une rhétorique de l’image qui sanctifie et blanchit, et qui semble favoriser les impostures les plus invraisemblables. Tout comme le ferait le plus habile et le meilleur des avocats. A la différence, qu’il y serait à l’oeuvre dans son plus noble office : ce qui n’est pas la meilleure raison de la télévision. Dacodac ? Ô mes frères.

Il est vrai enfin, que la justice appartient à tous. Mais sur l’écran, on nous l’a donnée à voir en juge-machine, selon le vieux fantasme napoléonien d’efficacité. Et, que ce juge avait viré si aigre d’insensibilité déshumanisante, pour, finalement, se ressaisir et se mettre en une place qui revenait à ses victimes. Et donc ce fut, d’une certaine façon, une chasse aux sorcières et une pseudo-victime, bien fictionnelles, qui semblent plus concurrentes du film de Clooney, qu’une utile expression de l’affaire réelle que nous attendions. C’est-à-dire qu’on nous montra une mise en scène qui renvoyait à une fiction, vraisemblablement destinée à nourrir nos dévorations, que l’on voulût tantôt éducatives, mais qui nous ont distrait, dans le même temps, des victimes réelles.

Nous ne pouvons douter qu’il résultera, de cette commission, quelque suite favorable et technicienne du Droit. En revanche, la réalité qui semble s’en dégager, tout-de-suite, de ces tivimages : c’est qu’on se gardera, maintenant, d’être happés par de quelconques chicanes juridiques. Ce qui est sage ! Mais aussi, pour ne pas risquer de tomber coupable bien qu’innocent. Autrement dit, le doute que tous réclamaient dans la procédure, et pour qu’il profite à l’accusé, est aujourd’hui plus étendu et espacé : mais probablement comme notre doute en la Justice même. Mis en scène dans le corps des juges, si humiliés et blessés en live. Ce qui n’était pas utile, mais qui fait image et de la plus forte impression et audience ! Si bien qu’il en naîtra aisément un nouveau mythe, et potentiellement actif dans toutes les familles.

Toutefois, ces icônes posent une vraie question : comment informer et montrer les dérives de nos grandes machines collectives, devenues trop complexes, pour que quiconque puisse prétendre encore les maîtriser ? Si peu qu’elles dévorent donc des individus isolés ou affaiblis.

Et, peut-être, fallait-il montrer, en complément de cette imposture des images du juge Burgaud en pseudo-victime, les images introuvables parce qu’elles n’existent pas : des visages de la terreur des condamnés d’Outreau, pendant leur solitude la plus intime, quand ils étaient en face d’un juge trop jeune et trop mécanique. Mais, nous ne doutons pas qu’elles feront le scénario d’une fiction prochaine. En attendant, c’est le juge Burgaud qui nous les a montrées en les revêtant.

Et, ces fictions-là nous montreront un jour, que, dans ces doutes des procédures cumulées, c’est la procédure elle-même qui devient un préjudice. Puisque, d’une part, le justiciable craint trop la fin, soit la décision qui le condamnerait à tort, soit quand il s’accuse lui-même des pires crimes qu’il n’a pas commis pour fuir ces pressions intolérables, soit quand il tente de se suicider, comme on l’a vu à reprises. Et pourquoi pas, quand il s’offre à la dévoration médiatique...

C’est une terreur de Justice bien-singulière dans notre République, où chacun tombe à la suite, et jusque devant les mâchoires des caméras. Tellement, qu’il nous faut espérer en une dernière Instance, plus au-dessus de ces terreurs paniques : la République, incluant nous tous... A-t-elle certainement tout prévu.

Vrai, je venais de voir ce film, la première du retour du vieil arroseur arrosé, mais d’un juge jugé ! Et, j’étais chez moi, en liberté c’est sûr, dans ce qu’on dit tantôt mon quant-à-soi ! Et j’ai dit en pensant, comme ça, que le truc genre terreur nous mènerait tous à mentir, tellement on aurait peur pour not’peau. Ce qui n’est plus karacho du tout.

Alors j’ai dit comme ça, en moi-même : vrai, si on s’en sort, ce s’ra la chance, quoi !

Demian West