Tuesday, September 30, 2008

Le Classique Jeff Koons

Les oeuvres de Jeff Koons à Versailles ont provoqué naturellement des réactions hostiles et de soutien indéfectible à l'artiste contemporain. Il appert que ce fut exactement l'effet attendu par une telle manifestation. A tel degré que c'est une habitude prise par l'art contemporain et depuis le début du XXème siècle, et donc depuis les primes oeuvres de cet art.

On en conviendra donc aisément qu'il s'agit d'une réelle convention qui concourt à la survenue et à l'exposition réussie de cet art. Si bien que les contempteurs servent les auteurs mêmes qu'ils veulent critiquer. Ne nous cachons pas cette réalité que Jeff Koons était forcément ravi par les réactions hostiles qu'il a su susciter. Car à l'inverse, il en aurait perdu sa légitimité d'artiste contemporain, s'il avait provoqué des seules réactions favorables.

Il y a une sorte de formule manipulatrice dans cet art et sur le mode humoristique. Mais, les critiques s'y laissent toujours prendre, puisqu'ils réagissent de manière impulsive et toujours avec cet espoir d'un retournement de l'opinion contre cet art. Ce qui est de toutes les façons illusoire. Et même un baromètre des libertés. Car si l'art contemporain était généralement rejeté, ce serait le signe d'une régression vers le monde de l'ordre classique mais inerte.

En effet, tous ceux qui se réclament du classicisme hostile à l'art contemporain n'ont guère vécu dans un monde classique, mais dans ses restes ou dans des environnements qui ne correspondent plus aux mentalités qui les ont habités jadis. C'est une culture désormais muséale. Par ailleurs, les classiques contemporains ne sont guère choqués lorsqu'ils font leurs courses dans des supermarchés emplis de mauvais goût dans les rayons, et selon leurs propres critères de jugements. C'est simple, il leur suffit de sortir de Versailles et le kitsch est déjà à l'oeuvre à la rue même, et sans qu'ils en soient choqués, comme ils l'étaient dans les salons à Versailles.

C'est donc bien une sorte de rejet de l'art qui se manifesterait sous couvert de désir d'art classique. Car c'est bien le statut d'oeuvre d'art qui choque. Puisque ces objets du kitsch ou du mauvais goût sont parfaitement acceptés partout ailleurs. Et plus avant, c'est la personne de l'artiste qui est en jeu, puisque l'objet est baptisé "oeuvre d'art" par son seul fait de son choix créatif.

D'une certaine façon, c'est cette liberté du baptême des objets par l'artiste qui est rejetée par une frange activiste de la population, quand la majeure parties des gens a baissé les bras ou plutôt a reconnu la valeur ajoutée des objets dans notre culture prothétique. Qui ne sait pas que sans les objets et notre faculté de les acheter, nous serions condamnés à vivre réellement ? et à prendre conscience de notre état malheureux de personnes jetées dans la réalité sans plus d'autre ressources que de mourir à la fin.

Les objets de notre culture sont des bulles qui nous aident à respirer hors de la réalité. Ils sont une nature recrée et non hostile. Et c'est pourquoi, le kitsch néo-Disney de Jeff Koons manifeste un discours finalement hyper classicisant mais au vif. Puisqu'il voudrait créer une sorte de paradis kitsch et ouaté qui renvoie évidemment au programme du classicisme justement Versaillais : la recherche des origines et de l'âge d'or, quand la nature n'était pas hostile. Tout comme dans les parcs à thème de Disneyland avec leurs animaux audio-animatroniques qui ne dévorent jamais les visiteurs venus s'éjouir la journée.

Il ne faut pas s'y tromper, le classicisme versaillais c'était un spectacle de conjouissance extrême qui voulait extraire l'homme de la nature hostile, et vers un monde des objets uniquement rassemblés pour notre jouissance dans un beau excessif et surabondant. Il n'y a donc aucune contradiction dans la présentation et la monstration des oeuvres de Koons dans ces lieux de l'excès et depuis les origines du classicisme. D'une certaine façon, l'art contemporain provocateur a su rejoindre le discours classicisant, et parce qu'il est entré dans sa phase conventionnelle de la provocation, ce qui est très classique.

Demian West

Monday, September 29, 2008

Le Faux Journalisme Citoyen

De la même façon que toutes les entreprises collectives, les organes du "journalisme citoyen" cèdent aux pressions des fluctuations naturelles entre haut et bas. C'est ainsi que les débuts sont toujours montants, quand les phases au milieu semblent une croisière parfois vive, et vers des fins toujours inertes et du désenchantement.

Quand Agoravox a commencé à enfler de ses rédacteurs, la direction s'est vite jetée dans des chiffres qui étalaient des milliers de troupes. Mais chacun des rédacteurs était accepté et inscrit par un robot logiciel qui ne faisait pas le tri entre l'intervenant actif et le passant qui voulait seulement accrocher un badge aux couleurs citoyennes sur sa poitrine muette. Car au fond si peu ont parlé dans les colonnes du journal.

C'est que très vite, on vit des groupes surtout affairés à se gonfler les batteries par des multiplications de pseudonymes qui permettaient de faire illusion et de, finalement, tromper le lecteur dès les premiers mois de ce "journalisme" expérimental plutôt que réellement citoyen. Car au fond, le propre du citoyen en temps normal serait plutôt de lire que de parler en enflant le torse comme au pire grotesque des guerres et des fanfares.

Il y avait des rédacteurs qui écrivaient des articles régulièrement, et ils se groupèrent en un comité de rédacteurs. Et là, sous couvert de confidentialité et de mots de passe étrangement exclusifs de citoyens, ont débattait des projets à vocation d'installer cette nouvelle presse. Mais aussi, on y vit qu'il s'agissait, comme dans toute entreprise commerciale, d'installer les bases de conquêtes qui sont clairement de la mauvaise foi. Car d'emblée, on sentait bien qu'il n'était jamais question, ou comme d'un acte de trahison du clan, de demander des comptes à la direction de Carlo Revelli, ni même de critiquer un tant soit peu cette direction perpétuellement personnelle.

Quand ça commença à sentir le roussi, et parce que la direction ne savait plus comment modérer ou limiter un intervenant artistique, aussi citoyen que ses voisins et que je connais bien, le comité inventa le règlement de compte interne. Avec accusations de toutes les tares jetées sur l'individu qui n'obéissait pas aux règles de l'allégeance si installée que tous la confondaient avec la civilité, quand il s'agissait d'obéissance à une autorité non légitimée pour exercer un pouvoir citoyen : puisque non élue par le Peuple, ou par une de ses parties.

C'est ainsi que le malentendu naît et qu'on confond la liberté avec la servilité.

La pente naturelle fut qu'on évinça et sans raison l'artiste forcément, et parce qu'il agissait en personne réellement libre, indépendante, et en autarcie : ce qui était la condition de son discours libre et pléthorique comme une manifestation de sa grande force de vie, ce qui n'est toujours pas une tare dans une société qui voudrait bien se porter.

Il y eut d'autres péripéties et même électorales. Et dès qu'une poussée de fièvre agitait l'opinion dans le journal qui ne maîtrisait plus rien ni la justice en son sein, on avait le bouc émissaire désigné, comme il convient pour toute société sans lumière ni texte constitutif sauvegardant les droits de chacun. C'est qu'un journal dit "citoyen" n'est autre chose qu'une réunion de gens qui veulent tous s'exprimer également comme à la rue, et finalement, ça se termine en bagarre généralisée. Sous couvert d'échanges bien-mis en pages techniques et décoratives qu'on appelle le web 2 et des lopins de zéro.

La direction personnelle inventa le commentaire noté par chacun, les articles notés et toute la panoplie des mesures vexatoires qui devaient contenter les poussées pulsionnelles des personnes un peu perdues dans la société, et qu'elles n'avaient que cet organe de parole pour exprimer leur souffrance et par des accès d'une haine si régulière qu'elle finit par transformer ce journal en un champ médiatique d'une violence inadmissible.

Mais, on le constatait bien, la politique à court terme produisit une audience comme un blitzkrieg bref et sans espérance dans l'avenir. D'abord hausse des audiences en raison du pugilat autorisé qui attirait tous les frustrés de la société, puis chute progressive assurée par la lassitude et par le caractère répétitif et dépourvu de toute solution de débat sur ce mode violent.

Forcément, il y eut des critiques puis des réponses sous forme de censures et d'exclusions. A la fin, ceux qui étaient censurés s'en firent des titres de réputation de véracité. D'autres se sont jetés dans la révolte, et cette méthode prétenduement citoyenne parvint à transformer des agneaux en des loups qui se vêtaient de la vulgarité, ne serait-ce que pour être entendus par la règle ou la politesse des dents et des mâchoires qu'on constatait sur le journal.

Enfin, l'artiste s'y ennuyait tant qu'il délaissa le projet, pour des mois. Il savait que dans le même temps, il retirait à ce journal une grande part de transe de la dévoration. Puisque le bouc émissaire ne remplissait plus son rôle de détournement des vrais débats. L'échec devenait manifeste, car les meilleurs partaient. Et donc, la théorie secrète de Revelli qui voulait que chacun qui entrait dans le dispositif ne pouvait plus en sortir, elle se révéla morte.

Tant il est vrai, que les fondateurs de ce journalisme sont persuadés de la dépendance qu'ils créent et par des dispositifs techniques autant qu'informationnels. Et tout ceci est une illusion entretenue par ceux-là-mêmes qui y croient. Depuis des mois, l'audience baisse et les mêmes dialogues se répètent comme un vide qui se voudrait remplir un espace vide.

La raison est que le journalisme citoyen n'a pas de réalité citoyenne autre que toutes les activités dans la République. Il n'est qu'une activité de loisirs et rien de plus. C'est pourquoi, il ne s'exprime que sur le mode ludique. Par exemple, les dérives et délires autour du 11/9 qui sont de la fantaisie, les joutes interminables entre faiseurs de bons mots juste agréables pour la lecture mais pas pour un débat sérieux, les exclusions et censures comme on sort des joueurs au football... rien de plus.

Et, il va de soi, que c'est un journalisme plus proche des amuseries de la télévision, et si loin des articles de la Presse papier qui parle quand même d'événement, d'idées et de faits vérifiables. Le "journalisme citoyen" c'est le journal de l'homme de la foule qui veut s'amuser et se plaindre même du beau temps. On ne lui demande pas d'avoir fait des études ou de lire des livres gros et sans illustrations, non ! on lui demande de discuter le bout d'étiquette des grandes surfaces et au bistrot du coin.

C'est donc dans la dénomination inaugurale que les concepteurs de journaux citoyens ont trompé le citoyen. Car ils ne pouvaient sérieusement se convaincre qu'ils allaient trouver de l'information vérifiée en s'adressant à l'homme de la foule. En revanche, ils avaient besoin de la foule pour exister et se répandre en conquêtes économiques comme des apprentis Disney, qui voulaient amuser le monde selon les exigences les plus simplistes et les plus populaires.

Et c'est la raison de la contradiction énorme qu'on trouve entre un projet réellement citoyen et des entreprises marchandes qui doivent faire de l'argent à tout prix, et finalement en offrant des spectacles violents qui ravissent les peuples cruels et désenchantés qui tournent vite en spectacles d'esclaves.

Et c'est là qu'est l'imposture.

Demian West

Saturday, September 27, 2008

Liberté d'expression active

Quand je me suis exprimé librement sur Agoravox, un journal dit "citoyen", les concepteurs et propriétaires du site on vite compris que j'exerçais ma liberté d'expression sans que je m'interroge auprès d'eux des conditions de cette liberté. Et tout d'abord, ils ont vu une sorte d'aubaine dans cette survenue d'un auteur un peu excessif dans ses aises, qui manifestait peut-être l'esprit imprévu de leur projet libertaire. Puis, ils ont compris que la liberté est aussi une promesse de critiques parfois douloureuses, qu'on reçoit de ceux-là-mêmes qu'on pense avoir libérés. Quand ils étaient libres en préalable. Et comme toute personne qui a ses intérêts en jeu, les patrons du journal, et principalement Revelli qu'ils mettent en avant, ont tout tenté pour me faire taire, tout en espérant que je change d'attitude.

Mais, en agissant ainsi, ils n'ont fait que creuser l'écart entre ma liberté et leur nécessité de la brider, jusqu'à tenter de la réduire à une soumission improbable. Et ils sont entrés dans le cercle vicieux de la censure d'abord passive, puis active. C'est-à-dire jusqu'à agir sous couvert ou indirectement auprès d'autres organes de presse ou d'autres blogueurs pour créer un réseau hostile à l'auteur libre. Car le fond d'un organe de presse est qu'il induit automatiquement une allégeance de celui qui voudrait y publier pour la ligne éditoriale ou plutôt pour la direction rédactionnelle, et finalement pour un seul dirigeant.

Ceci n'a aucun avenir dans notre société ouverte. Et le plus amusant est que ces personnes sont parfaitement au courant des structures libertaires du net qui incitent à la liberté. Ils en ont même pris cet argument pour se permettre d'être encore plus répressifs, en ajoutant que le web redressera ce petit jeu sans réelle intention de nuire à l'auteur, selon eux. Mais, tout ce qu'on peut constater aujourd'hui, c'est que ce journal citoyen et la sphère participative est devenue répressive et quotidiennement appliquée à la censure. C'est un échec pour le moment...

Aussi, je me suis exprimé sur d'autres blogs, par exemple, j'ai lié des amitiés avec Esther Spincer ex Zara Whites. Et je pensais que sur son blog on pouvait s'exprimer librement, et d'autant qu'elle me considérait son meilleur ami. Ce qui était certainement sincère à cette époque. Mais, j'ai dû rapidement constater que, impliquée dans une action politique pour l'écologie et publiquement, elle ne laissait passer que les commentaires non seulement en accord avec ses affirmations, mais qu'elle ne favorisait que les commentaires carrément adulateurs. J'ai donc compris que là aussi, j'étais en quelque sorte instrumentalisé, ou plutôt ma liberté d'expression très active et inventive servait de gourmandise attractive et de prétention de plus grande liberté d'expression en pratique sur ce blog. Ce qui était un mensonge...

Bien entendu, je ne me suis pas laissé enferré dans ce lien et vers ce groupe que je considère perdu sur une pente sectaire. Car, même pour une meilleure amie, je ne laisserais dire que des bains de sièges pourraient guérir le cancer ou baliverner en ces termes plus dangereux que grotesques. Et quand je me suis opposé à cette dérive, et que Esther s'est mise a effacer mes commentaires sans m'en avertir, et ce pendant qu'elle laissait des commentaires d'un goût si douteux que je n'en dirais pas plus, j'ai dû m'opposer et rompre aussitôt. Et aussitôt de la même façon que sur Agoravox, Spincer s'est agitée auprès d'autres organes pour qu'on interdise mes articles. J'ai donc compris et vu la nature du contrôle qui tentait de s'exercer là.

Et c'est, chaque fois, la même chute de toute l'organisation qui tente ce genre de procédé. Pour ma part, je suis persuadé que ces blogs ne sauront pas évoluer dans le monde qui vient et qu'il est déjà là. Car ce monde du net de l'expression libre c'est le mien monde comme le vôtre...

C'est la règle des libertés et mieux encore des nouvelles libertés : l'amitié, l'honnêteté, et surtout quand le discours est politique, n'autorisent jamais ces compromissions avec le mensonge. Et pire encore, rien n'autorise la censure qui dirige un groupe pour le mener vers des cultes soit de la personnalité, soit d'une idéologie qui sont des impasses. Si le web était submergé par ces officines, nous serions vite pris dans un monde de délires ésotériques et propices à toutes les révisions des savoirs et des moralités les plus élémentaires pour notre survie.

Et c'est pourquoi, je m'exprime uniquement sur des blogs qui me laissent libres de dire entièrement ce que je voudrais, et c'est la raison pour laquelle vous pouvez toujours me lire, ou me haïr si le coeur vous en dit en ne me lisant pas si vous le désirez, et sur le blog de Quitterie Delmas. Car elle ne censure vraiment pas. Et c'est pourquoi elle est inscrite autant qu'elle écrit une action politique qui ne serait pas vaine : puisque l'arbre y porte des fruitions qu'on peut goûter sans craindre que la récolte serait suspendue l'année prochaine.

La liberté d'expression est un mode vital pour les individus mais surtout pour les auteurs et les artistes.

Demian West

Blog expression

Quand on aime s'exprimer librement, et parce que la nature et la société dans laquelle vous avez grandi vous y ont formé, vous espérez que le net serait cet espace de libre expression enfin accompli. Vous y allez donc sur ce grand pied de franchise. Et d'abordée vous vous cognez à des comportements excessifs. Vous vous dites que c'est un effet de la libre expression qui crée en quelque sorte cet enthousiasme enjeuni et très énergique dans ses réactions.

Vous faites même l'événement tantôt, dans cette foire d'une expression libérée et souvent sur le mode du n'importe quoi qui doit absolument sortir, si longtemps qu'il était retenu dans les boyaux de cerveaux contraints et ferrés par la culture officielle et par l'autre bout populiste aussi.

Puis, le naturel reprend son dessus. Le dénigrement tourne au harcèlement, et plus vous seriez en vue et plus vous êtes apposté en cible de ce nouveau jeu de massacre. Les plus ignares d'entre ceux qui n'ont rien à dire ont désormais la parole pour dégoiser sur toute tête qui dépasse. Les intellos et parisiens sont des cibles très recherchées si bien qu'elles déserteront le net, qui s'en trouvera plus bête encore.

Dans ce bazar des nouvelles réputations qui montent et s'effondrent aussi vite que la bourse de la bêtise, on y voit tous les génies méconnus bardés de diplômes étranges et qu'ils sont oisifs sans boulot et qu'il tentent donc tout naturellement de refaire le monde, voire de prophétiser le monde de demain. On comprend combien les incultes attendent de ceux qui ne savent pas gérer leur vie, qu'ils les informent et leur annoncent le futur. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes : quand les aveugles mènent les aveugles dans la prochaine ravine au premier virage.

On y voit aussi, d'anciennes stars qui voudraient se refaire une brillante notoriété au polish, et par des voies très populistes du new age, sur le mode écologique, mais versé dans la déchetterie à l'arrière-goût de poubelle même scato. C'est que dans les commentateurs on trouve toute la fleur des parlers vulgaires qui s'épanchent. Il y a des débats entiers pour savoir ce qu'est une "louche à merde", quand pour ma part, le second terme m'éclaire assez et sur la nature de l'objet aussi sur la qualité de l'intervenant.

Pire encore, dans ces officines de l'espoir maquillé en médecine volée, on nous dit que le bain de siège guérit le cancer, ce qui jette quand même un doute cartésien chez un commentateur qui ose le dire aussitôt. Il sera effacé comme toutes ses interventions depuis l'origine du monde et du blog. C'est qu'on ne plaisante pas avec la loi mise en oeuvre par la direction du blog, qui modère à coup de faucille et marteau sous le chêne robur de la Justice personnelle. Et ça veut faire de la politique...

Il est un lieu commun à toutes ces expressions de la nouvelle blogolerie, c'est qu'elle est très prompte à la censure et au lynchage meutier de tout ce qui serait différent de cette expression ordinaire, c'est-à-dire qu'on s'y moque de tout esprit et surtout de l'esprit de culture. Si tu ne critiques pas tout ce qui réussit, si tu t'exprimes correctement et si tu aimes la culture et les arts ou la littérature, tu es un danger ou une menace pour ses espaces en chute libre de l'expression. Car, exprimer ce que la nature a de plus lâche et faible, comme la jalousie et les pulsions haineuses et la censure arbitraire, c'est juste user de sa liberté de s'exprimer soi mais du côté où l'on a rien à dire sinon à excréter.

Et forcément, ça n'a d'intérêt que pour le tas et pour ceux qui s'en nourriraient.

Demian West

Thursday, September 18, 2008

La Maison Atelier de Delacroix à Paris

Quand on entre dans la cour du 6 rue Furstenberg près Saint-Germain-des-Prés, on se trouve vite avalé par un étrange escalier raide de tout bois qui sent bon les senteurs du XIXème siècle. Il monte haut même très haut vers le génie Delacroix mais dans un lieu intimiste.

C'est un endroit du meilleur goût de discrétion. Peu de visiteurs, on y est presque en famille à tout le moins entre amis soudains et dont les yeux expriment beaucoup de sentiment de surprise et de bienveillance. Il en faut, car nous sommes dans l'antre du lion qui sut libérer la peinture française des règles académiques en précurseur de tous les modernes de la fin du XIXème et du XXème siècle entier.

On sent dans l'immeuble aux formes classicisantes cette poussée tumultueuse et dans le même temps intime du romantisme de l'âme ou du génie voué à n'être jamais compris. C'est l'exigence de cette peinture jamais achevée et toujours prise ou libérée dans la tempête de sa propre réflexion.

On sort de la maison pour descendre un petit escalier vers le dehors, et on entre par la petite porte dans l'atelier. C'est un endroit illuminé de couleurs délicates. Il est si vaste en impressions et si intimiste en sérénité et en dimension, que Deila et moi nous nous y sommes éclatés de joie d'être dans ce lieu. Elle est serrée dans son jean gris comme deux colonnes du marbre le plus précieux et fin d'Orient ; elle regarde les toiles léonines en bougeant nonchalamment sa crinière du blond cendré rare et poudreux dont les marchands d'onguents capillaires tentent encore la couleur.

Je suis jeté dans la ravine de l'extase, par elle, et conjointement par les esquisses de la "Mort de Sardanapale", qui donnent à voir tout le programme de la peinture vraie : c'est-à-dire la peinture qui montre le travail pictural de l'artiste et non la seule réalité brutale. On y voit des coups de crayon si savants que posés là depuis les origines à Lascaux. Tout y est juste comme dessiné par l'insecte qui sait où frapper sa proie de façon innée et imparable.

Le grand peintre est avant tout un dessinateur achevé. C'est le préalable. Dans cet atelier conçu pour recevoir la lumière comme on décharge des balles de foins depuis le haut de la grange, on se guide vite près la place où Delacroix postait son chevalet pour torturer ses critiques et contempteurs. On comprend que la lumière devait y transformer les métaux et huiles vulgaires en des lopins du soleil Alexandrin lui-même, comme l'or des orients que Delacroix sut imposer. C'est à Saint-Sulpice, non loin du musée, qu'on peut voir la toile immense "Le combat de Jacob avec l'Ange" qui est le manifeste fondateur de l'école orientaliste en France.

Dans cette atmosphère de velours qui doux-fleure l'huile et les bois, Deila sort de son sac du top-modello son éventail japonais aux couleurs de "la vague" de Hokusaï. Il faut dire qu'elle revient d'un tournage où elle fit l'actrice qui sait prendre la lumière et qu'elle sait aussi se cacher un peu comme la star warholienne. Je m'étonne de voir qu'on sache porter des bottes noires aussi longues, mais c'est un haut-fait anatomique inouï qui se prête à ses jeux vestimentaires.

On sort de l'atelier et on descend jusqu'au jardin. Là, on peut admirer la façade néo-classique à la wedgwood de la maison et de l'atelier. Il y a un bouquet d'arbres un peu exotiques et des bancs ou des chaises où l'on peut s'asseoir pour rêver à des temps échappés dans l'escalier des souvenirs épuisés. C'est donc, qu'il faut les recréer et par une belle discussion aimantée par l'art et par les charmes de la beauté ultime, assise sur le banc, que je pouvais contempler et boire sans retenue. Franchement, pour parler entre amis enchéris, les bancs à Paris et dans les jardins rares et cachés, c'est le top mondial du dernier romantique.

On remonte dans la maison, et on visite la suite des pièces emplies de petits tableaux exquis et bien-choisis qui disent l'histoire non achevée d'un Delacroix énigmatique. On sent bien que l'énigme a su harponner un peu de notre âme qui reste suspendue entre l'atelier et le jardin de ce musée unique et sur une des plus belles places de Paris. En retour, le musée ne quitte plus nos esprits. Car la vie en débord ajouté par cette visite s'éploie plus belle encore, comme la muse Deila, vers les cafés des illuminations artistiques et littéraires à Saint-Germain-des-Près.

Saturday, September 13, 2008

Real Ground Zero

La blogosphère est si vaste que d'aucuns s'y perdent. Ce vertige de l'expression libérée, jusque dans ses délires néo-médiévaux, provoque manifestement des effets d'auto-intrigue des personnes qui seraient dépourvues du sens critique. C'est un peu ce que la traîne du Ground Zero démontre amplement. Voyez comme des stars vaguement people et surtout connues pour leur éclat d'ignorance revendiquée, en d'autre termes qu'elles sont fières d'avoir quitté l'école avant même de savoir ce qu'on y enseignait, ces stars genre new age se précipitent dans ce nouveau champ du tout possible : où les plus incultes peuvent professer des théories sans avenir hormis dans le cirque média de la provocation.

C'est assez drôle de les voir courir des lièvres aussitôt lancés sous formes de vidéo Youtubées de 60 minutes pour faire film solide de la science. Et c'est hilarant de voir combien ces élites factices s'approprient ces théories fumeuses qui ont cet avantage, pour elles, qu'elles vont à l'encontre de ce qui est reconnu et établi. Tout juste comme leurs échecs scolaires iraient à l'encontre de l'université établie et pour éliminer les critères mêmes qui ont décidé de leurs échecs. C'est donc bien le point commun à ces tentatives, qui est de renverser la part des Lumières du monde, et pour que le plus ignorant puisse un jour gouverner des masses. Comme au bon vieux temps du fascisme révolutionnaire.

Il reste que ces mouvements de masses raffolées d'obscurité propice au camouflage de leurs propres échecs, ces masses violentent dans le même temps, les milliers de victimes auxquelles nous pouvons inclure les familles sans craindre d'être trop large. L'ignorance n'est pas un simple effet contre-théorique, c'est une violence faite aux réalités et d'une certaine façon, on y sent le désir de révision de l'histoire proche, plus aisément révisable, et qui ouvre forcément vers la révision de l'histoire plus ancienne.

Il s'est rarement produit plus outrageant que ce souvenir au Ground Zero assailli par des troupes malhabiles du net qui ne voyaient pas, en plein sol du 11 septembre 2008, que des milliers de gens se sont recueillis pour se souvenir de leurs morts. Et ces menteurs du net de dire que tout ceci est un leurre, que les victimes seraient responsables de leur propre anéantissement. Sur le net, ils nient des avions, des accidents inouïs et diffusés mondialement en ligne, ils nient des Etats, des gouvernements ; ils nient des parents et des enfants qui ont perdu leur père ou leur mère... Et cette meute qui n'est nulle part pour exercer sa vue troublée par tant d'esprit absent voudrait être la neuve lumière du monde. Quand il suffit d'un mauvais film bidonné par des lycéens dans leur garage pervers, pour les mener tous où on voudrait comme le paysan mène le taureau par l'anneau.

Franchement, l'ignorance, et qu'elle insiste à se complaire dans son état, c'est en l'homme le retour vers la bestialité et ses violences de l'entre-dévoration.

Wednesday, September 10, 2008

Conspiratio Day

Le 11 septembre est à nouveau de saison. On peut annoncer sans se tromper que les vautours médiatiques vont tourner dans le ciel blogosphérique pour remettre les plats du doute quant aux événements qui se sont réellement produits et qu'ils ont tué des milliers de personnes.

A nouveau, des faux-semblants de Presse vont régurgiter leurs forums juste pour dénigrer les victimes et blanchir les coupables, et par simple goût de la provocation. Comme on jette des graffitis injurieux dans les cimetières silencieux et peu promptes aux réponses à la provocation malhabile et forcément haineuse, sourdement à basse note.

On verra encore, des patrons de Presse vulgaire lancer des débats factices et juste pour faire de la tune sur le dos des défenestrés. On verra des commentateurs perpétuer les pires affirmations décervelées et encore démenties par les faits. Pis encore, on verra des écrivains de foire publier des articles minables qui prendront le grand soin de prendre toutes les apparences de la rigueur des dissertations honnêtes, mais sans jamais y parvenir : ça fait des années qu'ils le tentent en vain et qu'ils continuent comme seule la stupidité l'oserait.

Aussi, on verra des lycéens sans diplôme ni étude vendre leur film "Loose Change" sur le net comme des arsouilles apprentis vendeurs d'assurances faisandées et mensongères. C'est le dernier rang des compositeurs d'événements qui se sont mis en rôle sur le net. Et leurs bêtises vont à la vitesse de l'électricité remplir l'espace du net qui reste pourtant vide de leur substance. En d'autres termes, c'est du bavardage du siècle...

On entendra des humoristes abonder dans les thèses conspirationnistes et se rétracter aussitôt et tout pour alimenter le non-événement, en face ou contre l'événement réel dont les morts n'ont plus droit à la parole. Ce sont les vifs qui parlent en leur place et pour nous imposer leurs paroles de tombeaux vides, comme leurs théories dissolues et sans trame ou sans le fil qui tiendrait le tout.

Heureusement, il est une justice dans le sens commun et qu'elle est appliquée à la mesure de la lecture de ces torchons qui se disent de la Presse. C'est que les magouilleurs du buzz piquent du nez dans la poussière du Ground Zéro. En d'autres termes, les prétendus "journaux citoyens" qui font buzziness de ces contre-vérités n'attirent plus que les marginaux raffolés de théories grotesques, comme celles qui voudraient ou fantasmeraient la survie de Elvis Presley ou même de Kennedy.

Tout ce bal des menteurs ou des auto-intriguants est en train de s'achever : tellement ils ont amené des excès intolérables ou inadmissibles dans une société ouverte, qu'ils tentent de la fermer à la raison. Finalement, le mensonge s'éteint lui-même et par les dimensions excessives de sa propre complexion ridicule et impossible : il se veut si grand et despotique qu'il s'étouffe ou éclate avant même d'avoir conquis le monde qui est plus grand que lui tout comme le lectorat raisonnable.

Saturday, September 06, 2008

Le "rouge" Valentino aux Arts Décoratifs



Jusqu'au 21 septembre et face aux objets et ordres de l'Empire au louvresque musée des Arts Décoratifs, on peut baigner dans le luxe du couturier italien "Valentino". Je m'y suis rendu avec Deila, avant son shooting chez un grand photographe vénitien versé dans les glossy covers.

Le musée est une architecture blanche régulière et modulaire qui sait jouer des escaliers monumentaux. Dans ce cadre élégant on se sent des âmes de princes nonchalants et voluptuaires. N'y entre-t-on pas "A rebours", comme Des Esseintes, de Huysmans, préférait la pensée symboliste du voyage aux péripéties du trekking à Londres.

D'entrée dans cet imaginaire du vêtement, on tombe quasiment à genoux devant une robe phare de ce couturier si léger que grandiose. C'est une bouffée de rose qui illumine une pénombre savante. Et le mannequin en plastique gris vaguement argenté, et répété sous chaque robe, sait effacer la femme réelle, pour qu'on y imagine la sienne muse en place.

Pour ma part, j'ai trouvé-là l'occasion d'y mettre en rôle la terrible Deila qui est le canon même de la beauté russe, oui mais à Paris ! ce qui est plus encore exaltant. Ensuite, c'est une longue marche à deux et discuteuse dans les galeries de verre de ce défilé statique, dans lequel on est harponné avec une régularité à couper le souffle, par des robes inouïes.

On y voit des harmonies d'ivoire et de noirs peuplés de textures historiées comme les chapiteaux des colonnes romanes. Ailleurs, des animaux rampants et ailés occupent des espaces symboliques et érotiques de ces robes transformatrices de la femme.

Des papillons noirs et vernissés, des serpents espacés dans le dos décolleté vertigineux, et d'autres plumes d'oiseaux humains survêtent, en quelque sorte, la robe qui était une peau, dessous la parure. On pense à l'"éloge du maquillage" de Baudelaire. Et combien le factice est la vraie réalité, quand on cause de séduction et d'affaires de vie ou de mort, forcément. On finirait pas penser aisément que la femme serait l'indien pré-logique de l'homme, un peu son shaman envoûtant.

Plus avant, les robes paraissent des manifestes de l'architecture en mouvement. On y sent des allusions évidentes aux ordres grecs ou classiques, et des fêtes baroques ou galantes qu'on porte sur soi-même. C'est l'effet d'une magie artistique quand on sent les influences russes, française et italienne qui travaillent ce couturier. Quand l'ordre baroque à la française sait cumuler la régularité en façade avec les excès des détails orientaux, de l'axe vénitien-byzantin dirait-on, dans les parties plus cachées... et donc qu'on les voit plus encore.

Enfin, il y a cet étonnant rayon de robes du "rouge" Valentino. Ce n'est plus une couleur, c'est une substance et de l'amour certainement. On en sort rougi par ce feu prométhéen dont nous ne connaissions pas la si liquide complexion de couleur en débord : comme si plus de rouge donnait un autre rouge. Non plus comme une sensation, mais plutôt comme une idée ou un savoir-le-rouge.

Cette exposition est un lieu idéal pour narcissiser la femme que l'on voudrait élever par une ferveur d'amant. En d'autres termes, on y survit heureusement à son syndrome stendhalien, avec cette puissante envie de jouer à la poupée. Mais en adultes consentants et conjouissants des beautés de l'art pas si décoratif que ça.








Photos par Deila Vogur