Wednesday, October 29, 2008

Monday, October 27, 2008

John Mac Cain


John Mac Cain par Demian West

Thursday, October 23, 2008

Tuesday, October 21, 2008

Friday, October 17, 2008

Y a-t-il un journal dans Agoravox ?

Il y a peu, on disait "Qui ne connaît pas Agoravox ?" en exagérant la notoriété du site et conformément aux comportements des start up et des bulles informatiques. Aujourd'hui, on se contente de regarder l'effet de traîne de ce qui semble une esthétique de la disparition de ce journal, qui vire à la collection de pensées marginales et ésotériques, qu'il faut bien reconnaître assez délirantes.

Mais pas sur le mode des fanzines des années 70 ou underground, non ! il s'agit manifestement d'une sorte de dérive, qui était déjà perceptible dès le dispositif de création du journal en 2005. Car, il faut cesser de rêver, ce sont tous des robots qui gèrent ce journal au jour la journée.

C'est clair ! il suffit de s'inscrire comme rédacteur avec une adresse e-mail, tout ce qu'il y a de plus bidonske, et vous voilà inscrit rédacteur et commentateur, sans aucune vérification de vos compétences de jardinier ou du docteur ès bricolage nucléaire pour bien-discuter de couture, par exemple.

En fait, vous êtes prêt à verser à grandes louches d'épicier de la grande distribution votre journal personnel et intime balancé au lecteur qui croit y lire le fameux journalisme nouveau. Quand c'est de la feuille de chou sortie recta par le trou personnel et que souvent elle ne sent pas bon. Il suffit de lire pour s'en rendre compte des traces brunes des chemises qui s'y expriment genre Stalina qui a fait un beau voyage dans les Allemaignes des années 30.

Jugez-en ! depuis ses débuts, on s'y bat dans ses forums autour de l'islam et des choses de curetons de choc laïc, et sans laisser depuis des années qui sont une véritable guerre de tranchée, qui n'a pas bougé d'un pouce moussu. Tout simplement, parce que ceux qui s'adonnent à ces joutes férocement excessives viennent pour ça, et qu'ils sont heureux que ça ne change pas. Ils viennent pour la baston, dirait le joueur de hockey qui aime outrement décompter les tombales du score au tableau d'honneur des mortesmédailles.

Et, pour gérer ces équipes, il n'est d'utile que quelques robots informatiques qui laissent ronfler ces luttes d'intestin. Et pour attirer le passant vers les encarts publicitaires, qui doivent rapporter peu en matière d'infos citoyennes. On me le concèdera aisément.

Les mêmes robots décident aussi de la censure programmée. Car il suffit qu'un auteur ciblé par les programmes apparaisse, et aussitôt il se voit amputé de tous ses membres de commentaires et son compte rédacteur vitement détranché, puis il est interdit de site, ce qui est un achèvement de politesse webique. Ce que tous et même ses contradicteurs finissent forcément par le voir, et ce qui réconcilie tout le monde contre ces robots-mêmes qui ne voient toujours rien d'humain, même 40 ans après "2001 Space Odissey" et son sémillant Karl à la voix chaude de parrain de l'espace, et pour cause...

C'est un dispositif tellement bête ou robotique, qu'il suffit à l'interdit bientôt dissident du journalisme citoyen --ce qui la fiche mal au salon d'Edwige-- qu'il aille vers son compte e-mail orange pour créer une nouvelle adresse au nom de jesuisunautre@wanabouh.frrrrrr pour tenter à nouveau d'être rédacteur sur Agoravox et ça marche fissa, comme une lettre au pote robot, qui n'y voit que poudre odieuse qui le zappe par toutes ses narines bluffées à la coke de Gstaad.

Mais auparavant, il y faut bien virer ses cookies de sa machine à troller, certes.

C'est là qu'on se rend bien compte, que le proprio du site est dépassé par sa machine-même. Tiens ! on dirait un titre d'une oeuvre dada de Marcel de la famille Duchamp, de très bon lieu.

Car le proprio n'est pas un robot, il doit se reposer, faire ses courses, visiter ses familles recomposées et post-divorcées etc. Il doit aussi surveiller ses employés qui doivent bien rester insensibles ou aveugles face à la censure qu'ils diffusent et qu'ils la couvent pour sauvegarder la boutique du magasin et toutes apparences de journal.

Il reste que la critique littéraire et artistique, encore libre en France, nous autorise vastement et largement à dire qu'il n'est plus beaucoup de susbstance de journalisme dans cette Agora-là. Puisqu'il ne fût jamais de coutume en France que le journalisme ou la libre pensée fussent cadrés par des robots dictés ou programmés vers la pensée unique et première. C'est-à-dire vers une pensée mécanisée sans raison seconde ou sans jugement moral ou éthique, qui saurait finalement corriger l'impression première et trop brutale.

Quand le journalisme ne porte plus la nuance, c'est qu'il a disparu.

Demian West

Sunday, October 12, 2008

La peinture du soi Van Dyck

Ce fut un après-midi quand le soleil de l'été indien tranchait au rasoir des peintres les couleurs solarisées des boulevards parisiens éclatés en des terrasses vertes et ivoires des flâneries heureuses. Au bout du boulevard Haussmann, le musée Jacquemart-André fait sa sphynge oedipienne étalée au soleil du XVIIIème siècle renaissant. Là, on peut aller voir et mourir à l'exposition Van Dyck du plus grand portraitiste entre pays flamand et l'Angleterre des Stuart au XVIIème siècle.

Je ne suis pas le narrateur objectif, car j'y étais avec la filmique Deila Vogur qui est un portrait elle-même dans le portrait barocco. Elle portait sa tête de modèle qui se sait ravager la place de Paris; et elle sut mettre les tourbillons qu'il y faut dans cette galerie survenue depuis les miroirs des siècles et donc dans ma tête de peintre tétanisée par la leçon des grands.

Ce fut un éclatant moment de la vie artistique, qui se sait effacer toutes les pénombres. Quand on passa devant chacune de ces têtes, qui ont traversé les siècles dans une effrayante modernité de notre temps : C'est qu'elles semblent non pas d'hier mais de ce matin, on sentait presque l'odeur charnelle sortie du lit, quand les innocents ne sont pas tout à fait réveillés de leur nuit de vérité. Les mains sont grandes dans ces tableaux grands eux-mêmes, et on fut étonné de tant d'espace déplié pour des portraits si intimistes, mais en pleine démonstration de leur puissance sociale.

Van Dyck est l'artiste des noirs savants et protestants. Il y place des moires habitées qui tournent abondantes comme l'air et les fraises d'amidon blanc géométrisé autour des visages denteliers. Tout l'effet pictural est réservé au visage qui rayonne d'une fraîcheur si dehors du tableau, qu'on y sent l'air que souffle le bourgeois dominateur; puis le regard vague des aristocrates conscients d'eux-mêmes jeté sur le dessus du vent populaire; aussi le sourire mutin des femmes libres avant l'heure dans les coins escachés des appartements pleins de chambres vertes et roses probablement libertines.

Les cheveux sont buissonnants et bordéliques comme le nez un peu rubicond mais jocond du couperosé roi dandy Charles, qui pose tout de même à la Keith Richard avant l'ère. Tous les détails y sont : Ce peintre Van Dyck s'est auto-représenté avec des doigts très fins de l'artiste ou du sybarite efféminé, quand il sut plâtrer les doigts des marchands pour leur en mettre plein les mains du métier viril, et de significations politiques dans cette peinture. Car tout y est composé en des motifs d'une composition régulière et ordonnée comme un stéréotype de l'homme de pouvoir marchand ou politique confondus.

Hormis que l'aristocrate de naissance regarde hors du tableau quand le négociant vous toise à droit fil jusqu'au bas de votre colonne vertébrale qui en vibre comme la tige de métal souple, et en passant par vos yeux qui le voient ici et maintenant. Ca vous choque comme un râteau que vous prenez en pleine façade de votre boutique de maître velléitaire.

C'est grand, c'est bien foutu et par un salaud de peintre tellement il est bon, comme dirait Picasso. Et on en sort dans un état de mutisme survolté de révolte de toute cette charge d'art, qui demande à sortir par tous les doigts des pinceaux qui appellent dans l'atelier des vieilles huiles musquées, comme une charge de hussards sur les champs catalauniques.

Je pris Deila par le bras et nous allâmes nous affaler sous le soleil vert des monstres de la circulation parisienne, pour nous étourdir plus encore de plaisirs entre un déca et un jus de fraise extravagant. Deila avait sa mèche blonde sur son front blanc comme la steppe habillée pour l'hiver par Yves Saint-Laurent. Ses grandes lunettes noires démontaient le mythe de Lou Reed et nous rejouaient au naturel la neuve Garbo qu'elle est sûrement, comme l'avenir le dirait.

Je divaguais sur la musique doucement ultrasonique de son accent slave et mon regard maraudait sur son petit pull noir dont je suis amoureux aussi, et soudain je me pris de savoir jusqu'où descendaient ses jambes pliées comme le livre entr'ouvert des recettes des plaisirs indiens dont on fait les temples à l'amour. Cette glissade ne cessa plus comme la sensation d'avoir vu, ensemble, la meilleure peinture du monde : et nous sommes allé peindre, chargés de ces sortilèges des peintres anciens qui renaissent par nos espérances de les suivre dans leurs oeuvres.

Dans le musée, il y avait un grand miroir vénitien voilé par une sorte d'usure de teinture magique. Il évoquait les traversées des mondes coctaldiens, quand les âmes qui dorment entrent dans les miroirs soudainement aqueux pour visiter ou retourner dans le monde des songes, où nous flottons et volons bellement comme les mots entre les esprits.

Et dans ce miroir merveilleux, on peut s'y voir et vivre aux XVIIème et XVIIIème siècles, qui sont là restés à l'intact avec toutes ces âmes qui nous ont précédés, dedans les portraits et dans l'âme du mobilier et partout dans les haut coins des tentures et des mondes intérieurs de ce palais et des maisons de vie. Là, nous étions unis pour l'éternité par la magie des arts picturaux et visibles, auxquels nous avons tous deux voué nos vies entières.

Demian West

Thursday, October 09, 2008

La crise ! Coluche au cinoche.

Il n'est nulle part mais il est partout, derrière le gris aveugle des écrans saponifiés qui tentent de manipuler les masses inertes. C'est l'homme de la foule qui est le maître de ses dépôts de toutes ses économies qu'il a dû poser dans des banques qui s'entrechavirent pendant une crise mondiale aux allures de théâtre excessif, presque d'amateurs.

En effet, depuis plus d'une semaine que les médias nous annoncent des nuées d'épargnants faisant la queue devant leur banque rétive, on n'en voit pas le moindre lopin d'une queue qui traînerait sur les trottoirs où l'on peut toujours voir l'homme de la rue dans ses activités ménagères cryptées et inchangées. C'est donc que la panique de la bourse des médias ne prend pas.

D'aucuns diront : Pas pour l'instant ! quand à la telly des journaux flasheurs, les journalistes éclairés pas les spots des ambulances professent cet oracle depuis si longtemps qu'il en est devenu sans effet d'influence ou de suggestion velléitaire. Tout pareil au dispositif plastique de toute bonne oeuvre de Warhol vouée à démonter les stars et le système des médias : La répétition ennuie et désamorce le message contenu et diffusé par les images...

Car c'est probablement d'un bras de fer assez nouveau qu'il s'agit. Puisque nous voyons bien deux forces qui se font une opposition ferme et fixe. Et la première, les médias, veut contraindre la seconde et dernière, la foule. Et ce qu'il en ressort nettement, c'est que ça ne marche plus. Peut-être ce dispositif n'a-t-il jamais fonctionné, et nous en sommes rendus à cette évidence : Que les gens n'écoutent pas les médias pour gérer leurs propres intérêts en lesquels ils ont placé tout leur coeur et donc leurs billets d'amour bien vert qui trust-en-God.

Et cette foule est un grand ensemble qui se sait non-agir de sa façon inerte, comme un esprit de la foule qui ne communiquerait pas ou d'une façon si invisible ou intuitive que globale ou universelle, peut-être métaphysique. On dirait que l'individu y prend toute la mesure des gesticulations médiatiques, qu'il a certes pu décrypter depuis des décennies qu'on se fiche du public en lui annonçant hier, et par des foudres d'analyses cumulées, ce qu'il ne se passera jamais le lendemain.

Il reste que je ne confondrai jamais l'homme de la foule avec les intervenants agités des journaux du web dits "participatifs". Car là, s'y expriment des troupes de charlatans et de vendeurs de leurs propres discours sur eux-mêmes, que le monde n'attendait jamais et tout pour néant, ou pour distraire l'après-midi des maisons de passes ou de repos qui n'en demandaient pas tant de ces niaiseries et de ces grossièretés jetées à la rue du web. En revanche, l'homme de la foule parle peu mais il n'en pense pas moins, comme il dirait.

D'ailleurs, c'est bien dans ces journaux éphémères que la foire à la panique est la plus vive et même emportée, quand dans la rue tout est calme, et on peut circuler y a rien à voir ! Hormis, le film "Coluche", qui sort dans quelques jours, et que là ! nous tenons certainement une vraie nouvelle de quelque importance "informative" (ce qui est déjà un gros mot), et probablement "panique" au sens que le libératoire Topor donnait à ce mot et au mouvement artistique "Panique"qu'il avait créé et fédéré avec des pointures du coup de pied au culier par la provoc.

En procédant à la réincarnation filmique de Coluche, le flegmatique Antoine de Caunes et l'excellentissime Demaison-Coluche frappent un grand coup dans la clinique des films pèpères qui bricolent l'événement. Là ! c'est du sérieux ! dirait Sarkozy pour ouvrir le bal des journaux à grands tirages de couvertures à soi.

L'homme de la foule ce n'est pas le paniqueur ni le paniqué, non plus que le bourseman excité par la chaleur du gouffre à gaufres des rôtisseries des neufs et cheap hamburgers aux rats dans Wall Street district. L'homme de la foule c'est le spectateur hâtif d'aller voir le film événement, qui met enfin en rôle le véritable homme de la foule que fut Coluche. Et que cet homme-là osait dire des trucs qui seraient traqués comme la dernière folie de nos jours, une folie vouée immédiatement à une trépanation de la zone humoristique de ses tripes de cerveau, heureusement non encore localisée.

Courrez voir ce film dans lequel Deila Vogur, la muse enchérie de Demian votre humble narrateur, joue une top-modello qui est un canon chargé jusqu'à la gueule de la caméra aussitôt ravagée et fondue par tant de beauté germanopratine, déjà perceptible dans la bande annonce qui brûle. (C'était la minute promo glissée par notre monde des profits pas petits, O mes frères et soeurs !) Tout le monde s'y met à courir vers le revival Coluche comme une manière de retour vers le paradis perdu et l'Âge d'or.

A l'inverse, d'autres s'y prennent mal comme Lederman l'ex imprésario de Coluche et d'autres avidités familiales, qui se jettent déjà contre le film pour en ralentir le succés annoncé, en bons petits boursicoteurs et spéculateurs sur le scandale et prendre le film en otage. En d'autres termes, pour qu'il en tombe des petits gains procéduriers ou événementiels, et donc pour bien-profiter du retour de Coluche qui savait faire. La crise !

Nous vivons une époque de grands bouleversements de créances païennes. Alors n'ayons pas peur d'être l'homme de la foule qui osait dire aux prophètes bibliques : "Mangeons et buvons car demain nous mourrons. " Et profitons en pour tenter quelques dernières folies, qui passeront bien avec le reste de la médecine. En d'autres termes coluchiens : "Foutons leur au cul !"

Car demain tout reprendra son cours merveilleux des anesthésistes gaffeurs et aussitôt amnistiés. Ceux des paumés qui auront changé leurs économies en lingots d'or les revendront à perte ruinés, et l'homme de la foule qui n'aura pas bougé, pas paniqué, ce sage retournera à son anonymat nocturne du plus grand sommeil encore de ses lourdes masses inertes. Quand les moucherons médiatiques ne les piqueront plus, puisque la crise ne sera plus de saison.

Demian West

La Maison de Balzac à Paris.

Au 47 rue Raynouard dessous le Palais de Chaillot, on s'arrête devant un porche qui donne sur le vide et sur une vue parisienne étrangère. On baisse les yeux vers le petit jardin d'un vert piqueté de petits lieux de tables et de chaises couleur bronze au milieu de bosquets sur le vieux pavé du XIXème siècle intact. On entre dans la dernière maison que Balzac occupait à Paris, dans sa déchéance de l'écrivain ruiné mais au bord de sa postérité à compte illimité ouvert.

C'est un escalier d'une bonne jetée raide vers le bas que l'on prend et pour bien prendre la vision de cette maison au toit d'ardoises bien ordonnées et luisantes de la lumière des journées d'octobre en plein krach de pluie du soleil aussi. Balzac vivait là au second étage qui donne sur le jardin. Dessous, deux niveaux donnent sur l'autre façade plus noble sur une petite cour pavée et vers un passage du vieux Paris, et restauré comme s'il était flambant neuf de ses réverbères aux teintures nocturnes des bourgeois encanaillés.

Deila et Demy sont entrés dans l'appartement de l'ogre, comme pour y être dévorés par son air chargé de toutes les vies illustres que le solitaire Balzac fréquentait, probablement pour mieux inventer ses figures exhaustives de la "Comédie Humaine". Nous sommes dans un des trois musées littéraires de Paris, après la maison de Victor Hugo et le musée de la Vie Romantique. Les salons sont rouge comme les salons des expositions du Louvre, où tout l'art du XIXème siècle s'est montré, a été débattu par le cruel dandy Baudelaire, et s'est couvert des médailles de la frime des arts officiels du tierce Napoléon.

Dans cette charmante maison de l'ogre qui nous paraît désormais un gros chat bon vivant, nous pouvons bien-voir des portraits des personnalités des connaissants de l'auteur. Il y a des oeuvres du bon Riesener, comme on en voit au Musée Delacroix, dont un portrait de Théophile Gautier qui est d'une facture quasiment hyperréaliste ou pré-raphaëlite dans sa conception si méticuleuse qu'inspirée par une lumière rasante, qui sait exalter les coloris les plus délicats de la carnation du poète d'"Emaux et Camées".

Deila, qui est déjà très bon peintre et si jeune, a remarqué abondamment les textures des robes et des tissus chargés des moires de ce XIXème siècle ingresque, qui est désormais à deux siècles du nôtre. C'est dire qu'il s'est éloigné plus profond que tous nos sauts mémoratifs, et vers des impressions que nous devons désormais quémander aux peintures, comme on se tournait il y a plusieurs décennies vers le XVIIIème siècle.

Nous entrons dans le bureau écritoire de Balzac, peut-être son gueuloir, où comme Flaubert, il aurait balancé à très haute voix ses textes pour en entendre les effets sonores les plus impavides en détails et en reliefs attablés. On l'entend presque les dire, à tout le moins les écrire, quand on voit ce bureau gratté et surchargé de ses coups de plumes trempées au canif, et dont les griffures sont noircies comme les gravures d'un Rembrandt au naturel.

Il y a des objets rares dans des vitrines aux allures de monstration d'emblèmes sacrés de l'amitié et des arts. On y voit un vidrecome : c'est-à-dire un versoir à vin pour recevoir ses amis quand ils sont de retour : De l'allemand "wiederkommen". C'est donc un objet aussi rare que l'amitié et nombreuse, et que le mot franchement disparu dans les limbes de la consommation des alcools profonds des poètes trop étreints par l'ivresse.

Dans une petite pièce plus avant, on est au centre de la "Comédie Humaine" dont on peut admirer les personnages en rang de gravures sur bois orfévries en des hauts bien noirs et des creux en réserves blanchies. Ce sont des figures d'une pantomime grotesque à la Daumier mais en plus gai. Car il y a des airs italianisants dans ces déformations de la caricature pour fracasser l'arrogance des puissants et pour adoucir la misère des déchus de la vie parisienne, qui en connut des combles, aujourd'hui encore.

On termine la visite devant les plâtres des sculpteurs qui tentèrent de prendre le contour massif de cet auteur pantagruéliquement dévoreur de la vie, mais qu'il sut bien la digérer et pour nous la rendre tout par son esprit du détail si toujours d'invention de formules littéraires surabondantes.

On sort de cette bulle du temps, par l'escalier c'est-à-dire par la porte dérobée, par laquelle Balzac pouvait fuir ses créanciers, qui sonnaient à la porte emparadée devant dont l'architecture en parement de belles pierres blondes servait probablement à tromper leurs espérances et créances en cet auteur voluptuaire qui ne vivait que pour son oeuvre... et bastant du reste !

Cette visite fut un bon prétexte pour une conversation sur la gestion de la carrière artistique par les artistes-mêmes. Et devant le Palais de Chaillot sous les mots gravés d'or de Valéry jouant avec l'azur sétois autour la Tour Eiffel éternelle, Deila et Demy ont pris leurs aises à la terrasse de café. Là où les parisiens s'ébattent pour faire accroire qu'ils bossent et qu'ils se ruent vers leur besogne de contemplateurs narcissiques de la ville lumière.

J'étais ce chanceux qui peut à loisir, au plein coeur de ce Paris-là, s'envoler plus haut encore vers d'autres continents heureux juste en entrant dans les yeux adamantins de la femme inouïe et aimantée, qui sirotait souverainement son jus de fraise, ce qui ajoutait encore à cette divine cueillette de fruition en Paradis.

Demian West

Tuesday, October 07, 2008

La Presse flambe...

Ces jours-ci et sur le net on ne peut être sûr que d'une seule chose : c'est qu'on vient d'atteindre la scène de la farce totale. En effet, depuis que la crise financière surpeuple les médias - lesquels s'en goinfrent comme de paroles pour se boursoufler et occuper tout l'écran ou le moniteur - on assiste à un déchaînement d'expositions de scénarios délirants, et forcément sur le mode catastrophique du gore.

Qui de mettre en une des photos en noir et blanc, surtout noir, avec des effets de gros lettrages massy en mauvaise surimpression de krach, qui se répéterait uniquement pour survendre le papier de la planche à journaux. Qui encore de rameuter tous ses rédacteurs pour vite ficeler je ne sais quel numéro spécial gouffre, comme un polar bâclé du grand soir dont on vous assure qu'il est apposté juste au lendemain. Qui d'annoncer pis encore, tous conseils qui se précipitent résolument au rebours de ce qu'il conviendrait, et manifestement pour installer une scène du désordre scandaleux qui est vraiment trop bon pour les affaires de la Presse instantanée.

C'est une débauche de Presse papier tout comme de la Presse internet : quand dans les temps placides et creux, elles se font une guerre jalouse dans les couloirs orduriers du web. C'est pourquoi, quand nous voulons nous informer : nous nous sentons nager à contre-courant ou dans un fleuve de béton qui prend. Soit dans une époque d'irresponsables qui jouent à la roulette webique des annonces fausses et grandiloquentes qui trompent, qui bluttent et qu'elles pipent le lecteur volontairement à celle fin de l'accrocher par tous les fils de la peur.

Ceux qui écrivent ces attentats parliers contre le sens commun mettraient littéralement des vies par milliasses en danger. S'il n'était ce calme impavide de la foule sagement inerte qui écoute plus sûrement son argent ronfler dans le calme des dépôts préservés. Plutôt que cette foule confierait ses économies et son matelas à des experts ès hâtiveté de parleries... et tout pour néant.

Souvent, l'inertie du sage paysan sauve des gesticulations épileptiques des intellos du zinc du café du commerce qui donne vastement sur la rue de la maleplace. C'est là que sont les bureaux et sièges troués des journaux citoyens participatifs du grand bordel qu'ils souhaitent, qu'ils veulent et qu'ils tentent de l'installer partout.

Franchement, pensez-vous un seul instant même quand vous seriez trop pris dans la vôtre névrose de web addict, que quiconque prêterait une manière d'oreille attentive et sérieuse à ces faux experts improvisés dans leurs galetas d'oisifs juste reliés à leur ADSL, qui serait leur seule légitimité pour fiche un système mondial par terre ?

Sur le net, n'importe quel étudiant en sieste digestive de ses tripes peut vous pondre un article pompé de moitié dans la Presse du cirque Boursorama, et qu'il peut proposer cette bouillie pour tchat à des journaux à l'esthétique d'agonie comme Agoravox. Et qu'ils seront publiés dans la journée par des comités d'experts en dépêches de faux-derches inconnus ou anonymes.

S'agit-il encore de Presse ? ou de pyromanie verbale pour mettre le feu en tout bon lieu où l'on craindrait qu'il s'éteindrait et que l'audience partirait aussitôt, comme Virgile vit la Justice quitter le Monde. La Presse participative ou citoyenne craindrait-elle l'eau pour se laver à tout le moins ?

Tout ce qu'on peut constater : c'est que ces officines, aux teintures de vautours jamais repus de crashes et de kraches, distribuent la terreur et qu'elles jouent donc sur le court terme, et sans la moindre prise en compte d'une société qui voudrait s'espacer dans le futur. Les journaux de la peur aiment les lecteurs terrorisés.

Leurs instances semblent des nihilistes écrasés par leur besoin d'argent frais publicitaire. Et qu'ils ne voient pas plus loin que la nuit qu'ils espèrent passer dans leur confort de petits agitateurs de Presse expérimentale, paumée à des milliasses d'années-lumière de la vraie Presse, qui se sait nous informer des événements tels quels du jour.

Finalement, cette Presse participative du net confond les analyses prospectives avec des discours post-médiévaux de prophètes occultes et manipulateurs pour leur seul profit. Sartre disait que les mots sont des pistolets chargés : la Presse citoyenne ou participative n'aime jouer que d'une seule balle dans le barillet à roulette. Et cette balle, aussi définitive que la plus grande menace toujours calquée sur le crash des Twin Towers, claque comme un discours le plus bref et sans avenir. Quand la balle a atteint sa cible, soit quand le journal a annoncé ou menacé du pire lendemain, on sait bien qu'il n'y aura plus de second ni de tierce coup.

Alors, le lecteur en vient naturellement à ne plus croire en ces annonces exagérées et donc toujours avortées. Et c'est la Presse qui perd, car le lectorat doutera naturellement de tous propos qu'elle diffusera à l'ensuite. C'est tout l'oeuvre du journalisme dit "citoyen" : qu'il détruit systématiquement la foi ou la créance que le citoyen aurait en la Presse.

Finalement, cette crise de la finance manifeste plus encore une crise de la Presse qui est probablement plus grave encore, puisqu'elle touche et ruine l'esprit.

Demian West

Ukiyo-e ou l'art japonais de restituer la sensation de la femme au musée Cernuschi.


Photo Deila Vogur


Hier, on était pris dans le vent qui tournait autour du musée Cernuschi comme des diableries hirsutes dans les pinceaux japonais. Deila et Demy allaient voir l'expo des courtisanes, mais au Japon à Paris. C'est une coutume de notre époque d'évoquer les courtisanes quand on ne peut saisir toute l'esthétique du destin de Carla Bruni-Sarkozy ou des oeuvres de Jeff Koons à Versailles. Aussi, on doit bien expliquer que le public entend des pratiques assez louches par cette terminologie, qui ne sait pas cacher un très fort parfum d'envie. Le public va vers l'art pour vivre ses fantasmes qu'il n'ose jamais dans sa vie. Car il sait qu'il y a danger à laisser sa libido continentale envahir l'espace du réel.

L'exposition est intimement grandiose, et certaines oeuvres sont couchées-là dans une pénombre qui attire le regardeur à des rapprochements pour coller le nez à la vitrine comme les petits enfants les soirs de Noël, quand l'interdit de déballer ses cadeaux culmine à la répression sensuelle. Pour notre part, nous sommes adultes et nous entendons bien en abuser. Aussi, Deila et moi nous avons apprécié tout cet or posé en des effets très savants, qui donnaient autant de valeur au parergon ou cadre entourant ces oeuvres d'une finesse cultivée achevée.

Il est inutile de se perdre en des considérations qui se voudraient un cours magistral sur l'Ukiyo-e historique, disons simplement qu'il s'agit de peinture japonaise qui se sait nous montrer tous les dispositifs picturaux qui mettent en oeuvre les plus fines sensations communiquées au regardeur. On y voit des kimonos qui sont autant de tableaux dans le tableau assez barocco ; aussi des textures si rares qu'en les regardant on éprouve des souvenances de sensations qu'on a peut-être connues, mais dont on se souvient étrangement. C'est le pouvoir de l'art.

Il y a des toisons, des chevelures, des perruques, des plumes électrisées, des soies et des carnations blanches érotisées toutes représentées par des saillies du pinceau si fines qu'elles semblent une trame hasardeuse ou ordonnée du papier lui-même. Des arbres à pinèdes y sont des partitions de génies romantiques adulateurs de la Nature. Et tous les coloris sont nuancés comme les plus exquises formules de nos parfumeurs mondifiés jusqu'en orient. C'est simple, il est des couleurs qu'on ne saurait plus dire parce qu'il faudrait mêler et mélanger les mots eux-mêmes.

Les figures de femmes extrêmement raffinées sont posées dans des cloisonnés aux traits en pleins et déliés qui évoquent ou plutôt qu'ils sont le mouvement dans la composition : un dispositif repris par Gauguin. C'est donc une perfection que l'art japonais sut atteindre, comme les Grecs avaient inventé les dispositifs subtils de l'entasis ou des déformations souplesse qui donnaient la force et la vie qui respire et se gonfle courbement à leurs monuments, pour qu'ils soient semblables à des athlètes bandant leurs muscles au vif. Là, au Japon c'est toute la boutique des sensations infinitésimales et vastes comme la vague, qui sont mises en peinture pour en faire une sorte de bibliothèque ou une barque solaire et mémorative qui sait voyager au-travers du temps, pour nous rejoindre et nous informer de ce que ces hommes ont su sentir au contact de ces femmes, plus oeuvres d'art que l'art lui-même.

La réalité est encore plus puissante. C'est la leçon que j'ai reçue près de Deila, qui paraissait une icône d'actrice des années 20 ou 30, dans son ensemble noir aux moires de lettrines d'architecture parlante, et sa tête hyperblonde sertie par un col d'oiseau emparadisé en automne, et accentuée par un rose de lèvres sur sa soie de la plus nippone distinction picturale. En visitant plus avant la collection permanente Cernuschi, nous avons, au contact vibrant et fécond de tous ces objets de l'histoire des arts japonais et sous un bouddha immense et massif, devisé de l'importance de la composition et des dispositifs picturaux.

Deila sut rappeler le lieu le plus précieux dans l'oeuvre : qui est la place de l'air qui sait tourner autour des objets ou qui sait créer la perspective atmosphérique. Ainsi de cette maîtrise de la profondeur de l'air, que Vinci puis Monet mirent en oeuvre et Chardin dans ses natures mortes. C'est le lieu de l'art de peindre les sensations. Car la peinture est une invention qui se doit de nous communiquer des lopins entiers de la vie qui passe, et pour qu'elle soit conservée à l'intact.

A la vérité, la peinture sait dépeindre le réel dans sa totalité, quand elle exprime nos sensations et leurs truchements par les dendrites mystérieuses de nos cerveaux, qui sont probablement très éloignés de la réalité brutales que nous ne connaîtrons jamais. L'art est un rêve fabuleux, car nous rêvons le monde dans lequel nous passons sans jamais l'atteindre vraiment. C'est que nous sommes ce vent divin que les artistes japonais nous donnent à voir dans ses effets de tourbillons qui tournevirent, tout comme on les voit et comme on en sent le parfum des sensations, dans les dessins scrutateurs de Léonard de Vinci et la pensée contemplative de Héraclite le prime philosophe occidental.

Demian West

Saturday, October 04, 2008

La Valeur sûre.

C'est quand le sol semble se dérober sous nos semelles bien planes d'atomes glissants qu'on est tout prêt à se rendre compte de ce qui compte vraiment. C'est mieux d'avoir de l'argent, car la misère sait fâcher les meilleurs amants quand ils traînent au lit d'une bohème entretenue comme un luxe qu'on ne saurait plus se payer à deux à table. Vous pouvez toujours essayer la formule, on y trouve vite une sorte d'usure qui amène tous prétextes habiles pour que le plus petit accroc dans la couture entre-deux s'achève en une chicane d'abord indéterminée puis définitive. C'est selon les coups qu'on les donne ou qu'on les reçoit, comme on dit tantôt à la gazette des tribunaux.

Ainsi, à l'issue de la crise financière après l'adoption arrangée du plan Paulson, les problèmes d'argents seraient-ils désormais mis de côtés dans le fauteuil pouilleux de la salle d'attente sous le poster décollé des Tournesols de Van Gogh, comme on nous le conseille à la télé. Des experts nous ont bien affirmé qu'il fallait attendre six mois dans ce sas pour savoir si nous devions soit arracher nos économies aux banques lourdement fermées au petit matin, soit tout transformer en or garanti ou en immobilier difficilement vendable. Mais il y a toujours beaucoup d'espoir en réserve, car six mois c'est plus qu'il en faut pour agir même pour le plus buissonnant paresseux enraciné dans la jungle amazonique.

C'est aussi un bon moment du temps, pour bien réfléchir à ce quoi nous tenons vraiment, hormis la rampe de la ravine ou de l'escalier qui monte, on ne sait pas encore le vrai sens que cette histoire va prendre. Pour ma part, je ne manque jamais de me référer à l'amour à la love quoi ! Car cette énergie ou félicité douce et éjouissante est plus abondante que l'argent puisque plus immatérielle d'aucuns disent irréelle, dès lors qu'on n'en connaît jamais la source de ce Nil intérieur, on peut toujours en tirer des piscines replètes jusqu'au green. Vrai, que l'énergie qu'on en reçoit est bien plus féconde en oeuvres de soi-même, en conjouissances aussi, et en surprises jamais attendues ni prévues, même par le plus fou des sages en errance sidérale et que ce promeneur-là des Amériques-Indiques est très rare quand même.

D'un autre côté, quand on a rencontré l'amour, il vaut mieux le manifester et par des dons, le rendre tangible quoi ! En d'autres termes, il faut montrer les valeurs invisibles du tout cash, pour qu'on puisse bien les compter, surtout pour l'avantage de la partie sollicitée qui aime bien voir. Car les mots sont souvent prodigues en effets, mais aussi facilement venteux que les gesticulations d'une langue versatile et changeante du serpent, et donc plus voluptueuse que voluptuaire. Ainsi, pour garder l'amour il faut le montrer comme on le fait paraventure dans les peintures de "La petite marchande d'amours", représentée par le peintre néoclassique Vien pour Louis XVI et sa Marie-Antoinette qui, historiquement, perdit la tête pour son mari tout de même. C'est un fait avéré même pour les complotistes du net en pleine révision de l'histoire des chutes de corps majestueux.

Souvenons-nous que la cour était raffolée de ces tableaux où l'on voyait une marchande sortir des petits angelots ou des amours ailés d'un petit panier, pour les vendre aux dames aisées et pré-romantiques déjà, dans leurs appartements aux marbres et à l'or fin de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Juste avant la révolution qui sut frapper le grand coup, qui engloutit tout le rêve dedans le panier dessous les vacillités exorbitées de la guillotine.

Et nous voilà, par ses détours controuvés des soupirs tranchants de l'amour, à nouveau rendus aux portes du négoce et des coffres à bijoux des vieilles familles, mais toujours en des valeurs sûres puisque dans le même temps elles sont du sentiment. Et donc aller vers les affaires du trésor ce n'est certainement pas aller au rebours de l'amour. D'autant que là où est notre trésor on y trouve également notre coeur, disait la sagesse babylonique. C'est comme la vieille histoire crapuleuse du chauffage par la cheminée ou par la chaudière pétroleuse si liée aux nécessités de la chaleur humaine par le simple et le prime contact charnel : Il y a toujours un combustible qu'il faut aller chercher à la cave coquine, après l'avoir extrait du sous-sol, ou trancher du bois même le scier à la sueur du front d'Adam et de nos actions qui craquent comme le feu des banques qu'elles doivent alimenter par la grande gueule.

Il faut donc compter sur tout ou faire feu de tout bois. Et surtout il faut miser sur le métal malréputé vil pour les philosophes, pour conserver le plus abondant fil d'or qui se sait vêtir les âmes des plus illustres amants de théâtre shakespearien aux robes tachetées de poison fécond, que nous sommes tous dans nos rêves solitaires à deux. C'est que nous sommes pris dans un monde qui se bat encore contre l'opacité du réel, dont nous ne pourrons jamais faire quelque économie. Et si nous admirions bien le concept même du paradis, il serait une sorte de chambre d'amour bien protégée dans un coffre du luxe éminemment aphrodisiaque dans la soie et l'or entretissés.

On dit que l'argent est aphrodisiaque ! et toute top-modello, qui aime shopper les vitrines en débord sur les boulevards, vous le confirmera en actes immédiatement, ainsi que leurs amants les plus francs et donc les plus chanceux dans cette affaire de love. Pourquoi pas un voyage de noces à Genève plutôt qu'à Venise ? ne serait-ce pas plus franc du collier avec les perles et tout. Le top-modello est une guéparde aux jambes si longues qu'elles la placent bien au dessus des brumes courbées des marais quémandeurs, et qu'elle est si légère qu'elle s'envole aussitôt que fouette la molécule schlinguante du médiocre à l'affût. Vrai qu'on aime tous l'argent parce qu'il garantit l'amour plus que la pauvreté qui n'en donne qu'une illusion très brève et toujours décevante. Un amour de vacance paraît plus riche et curatif.

Finalement, la pauvreté fait l'économie des objets destinés à incarner l'amour, comme elle ferait l'économie des corps en somme et quand ils sont indispensables aux frottements et donc à la combustion des sensations que veulent les sentiments. En d'autres termes, la misère entrave le don quand l'amour et la richesse le favorisent. Il en sort encore des valeurs sûres du panier des amours.

Demian West

La Presse dépressive.

Plus que jamais, il est de saison d'inciter à la panique. En effet, toutes les informations données par des médias en quête d'audience sont servies sur le mode des paniques festives et ludiques. Tout pour accrocher le client pas ses émotions qui le clouent dans son fauteuil devant la telly ou devant le moniteur.

C'est le point commun et de ralliement entre les maîtres des médias et leurs troupes qui ne demandent qu'à être poussées vers là où elles se précipitent d'elles-mêmes. Il n'est que de constater que, sur France 2, Pujadas annonça le non vote du plan Paulson comme une victoire de l'esprit de ruine. On sentit presque des souffles de joie jetés vers les jours à venir, qui assuraient d'être agonisants comme il faut au prime time. Puis en fin d'annonce, il donna en une phrase écourtée, que le plan serait probablement voté dans une reprise au lendemain. Mais sur un ton carrément déçu, que l'affaire s'acheva-là sur un monde apaisé.

Et sur le net se fut la grande foire de la reprise de cette nouvelle déjà dépassée : le plan était refusé. Au vu du nombre des articles qui titraient sur cette non nouvelle, et dès la lecture des premières phrases fanatisées, on comprenait aisément combien les internautes se réjouissaient de la chute du système américain et de la déconfiture de la civilisation occidentale dont ils ne sentent plus. Sinon pour laquelle raison devraient-ils se réjouir d'événements catastrophiques qui toucheraient leurs familles, les gens qu'ils aiment et toute la population qui ne leur a jamais causé aucun préjudice.

Alors, qu'il y a d'autres raisons de se réjouir. Les élites ont su dévier le tir et rétablir une situation propice à faire bientôt des affaires juteuses, comme on dit. Dans l'immobilier, les prix vont baisser et donc les acheteurs sont d'ores et déjà favorisés. Les établissement dont les valeurs s'effondrent en raison de la crise financière vont être rachetés par d'autres puissances et peut-être l'Europe a-t-elle là une carte historique à jouer.

Il reste que les annonces grandiloquentes de la chute du monde occidental sont ridicules, si l'on juge une cartographie apaisée du monde. Car la Chine devenue la première puissance mondiale ne saura jamais faire poids seul contre tout le monde occidental, qui est la plus grand puissance que le monde ait jamais connue. Ainsi, les droits de l'homme règnent encore et pour longtemps.

Enfin, les puissances de l'islam ont trop d'intérêts en jeux en Europe et dans tout le monde occidental. Aussi, quand bientôt l'occident aura su trouver l'alternative au pétrole qui se dessine déjà et heureusement, les pays de l'islam devront négocier avec l'occident et s'enrichir sur d'autres modes : le commerce est civilisateur et pacificateur.

Car au fond, le 11/9 fut probablement l'apogée et la fin du terrorisme et jamais l'annonce de la chute de l'occident. Puisque les terroristes ne pouvaient faire plus fort que d'effondrer les Twin Towers, sinon à user de l'arme atomique : ce que personne ne fera dans un monde où chacun veut que son monde continue de tourner ainsi qu'il l'a toujours connu, que l'on soit Staline ou simple balayeur à Plouc-la-ferme.

Et tous les pseudo journalistes du journalisme citoyen qui prétendent que l'occident est ruiné, comme ils prétendent que les USA auraient eux-mêmes explosé les tours emblématiques de leur puissance, ces faux journalistes sont comme des personnes qui se seraient réjouies en bas des tours de les voir ainsi vaciller et tomber.

D'une certaine façon, ils n'informent pas, mais ils agissent par l'effet de suggestion pour ruiner la confiance en un monde conservé, préservé et prospère. Finalement, on voit bien qu'ils sont atteints de dépression et qu'ils expriment leur malaise par leur Presse dépressive et moins citoyenne.

Demian West

J'accuse deux fois !

Prospective du journalisme citoyen censeur

Dans son projet préalable, le journalisme dit "citoyen" voulait donner la parole à chacun dans une société ouverte. Et à l'ensuite de péripéties sur plusieurs années, le paysage qu'offre ce journalisme a bien changé. Aujourd'hui, on assiste sur Agoravox à une pratique de la censure ciblée personnellement, systématique et sans aucune raison contre des propos modérés a priori et qui sont une simple expression de la pensée critique.

Quels sont les effets d'une telle censure ? tout d'abord cette pratique manifeste quotidiennement sa pratique même. Et donc elle dénonce, par ceux-là-mêmes qui ne le voudraient pas, leur pratique dont ils prétendent mensongèrement qu'ils ne la pratiquent pas, tout en la montrant à chacun et chaque jour.

Il s'ensuit que les auteurs ou rédacteurs qui voudraient encore agir ou s'exprimer dans cette ambiance troublée sont quasiment contraints d'agir dans ce sens hypocrite et donc de simuler qu'ils ne verraient pas ce phénomène, pour sauvegarder leur possibilité d'être diffusé et ne pas se heurter à leur direction, et quand ils ne sont pas rémunérés ni obligés.

En revanche, ils perdent donc beaucoup de leur intégrité et de leur moralité à tout le moins d'écrivant, sinon journalistique. Car le propre du journaliste est qu'il refusera de voir un confrère censuré ou tout simplement qu'un auteur le soit, sans critiquer immédiatement une telle pratique non conforme à la liberté d'expression. Les plus affiliés d'entre les rédacteurs vont jusqu'à tenter de légitimer et justifier la censure d'un auteur pour garantir la liberté d'expression, ce qui est non sens qui leur échappe par la raison de la mauvaise foi évidente.

Ainsi, la censure produit-elle lentement ses ruptures et un effet de séparation du corps qui censure d'avec la société ouverte. Et une pensée unique et autoritaire ou paranoïaque s'impose entre les murs qui pratiquent l'exclusion de ceux qui s'expriment librement. Et tout ceci se pose dans une atmosphère de non-dits qui deviennent une règle répressive qui agit par toutes voies de la peur et qu'elle est une violence contre l'esprit, mais aussi à l'intérieur des murs qui censurent et entre censeurs et complices.

Par ailleurs, tous les auteurs qui publieraient encore dans cet espace de dérive sectaire en viennent à être résolument déconsidérés ou plutôt dévalorisés par leur propre mutisme que la société ouverte pourra forcément interpréter comme une forme de lâcheté qui est toute à l'inverse du journalisme et de la citoyenneté véritables. De la même façon, les contenus des articles seront en tous points conformes au climat hostile à la pensée libre, qui a tout droit de s'exprimer et que ce droit lui est refusé arbitrairement. C'est le corollaire auto-suggestif qui sait incliner la pente des censeurs plus encore vers le bas, et qui, finalement, agit à basse note et sourde pour le censuré.

Car à la fin, le journal s'achève ou s'appauvrit entre personnes et rédacteurs d'une même pensée toute conforme à la pensée du fondateur qui aura su pixelliser son portrait en plaçant chaque rédacteur selon son gré et sa ligne idéologique. C'est la pente de toutes les entreprises humaines autoritaires et finalement despotiques, qui usent de la censure et qu'elles se présentent souvent sous des apparences mensongères, lesquels masques s'effacent à mesure que le vrai visage se dévoile par le biais des pratiques journalières.

J'ajoute que tout ce raisonnement est imparable puisque vérifié par l'histoire même de toutes les disciplines qui s'expriment dans le champ des humanités et depuis aussi loin que la liberté d'expression s'est imposée. Il y est question de phénomènes quasi physiques ou naturels, comme de l'eau qui sait aller partout où l'espace se libère et aidée par la pente vers le val buissonnant où tout l'esprit de réflexion peut enfin s'écouler librement.

Ce texte sera censuré sur Agoravox autant de fois qu'il paraîtra et sous des avatars divers pour tromper les censeurs : il sera toujours censuré parce qu'il fait peur à la direction qui censure et à la communauté des rédacteurs complices et puisque mon texte dit la vérité qui doit être tue sur Agoravox. Finalement la censure que ce texte va subir est la preuve même de ce que j'affirme, et c'est pourquoi je remercie mes censeurs d'être si conformes à la mécanique de leur pensée qui s'annule d'elle-même, comme l'histoire de la censure le dirait.

D'une certaine façon, ce texte offert aux ciseaux d'Agoravox se veut le "manifeste de la fin du journalisme citoyen" qui a déçu toutes espérances en ses promesses de liberté et de don d'expressions à tous et à chacun, désormais introuvables sous la menace perpétuelle de la censure.

Demian West