Sunday, April 29, 2007

Plantu Mouche Sarkozy




Les manoeuvres les plus récentes de la politique ne sont guère favorables aux excès des caricaturistes même les plus prestigieux, dont on pourrait penser qu’ils auraient quelque licence privilégiée pour grossir le trait. En effet, le "Nouvel Observateur" vient de balancer des plats bouillants venus tout droit depuis la cuisine des relations brûlantes entre les dessinateurs et les grands candidats aux élections présidentielles, qui en imposent au chaland qui achète les journaux.


C’est de Plantu qu’il s’agit, dans cette affaire de la méthode sarkozyste au plein du pays de la méthode cartésienne. L’homme des 31 pour cent s’est piqué de montrer comment on devait dessiner correctement, et au plus grand caricaturiste de France et du "Monde" aussi. C’est pourquoi, la rédaction suit l’affaire de très près. Et ceci, depuis le mois de décembre 2005, quand un motard apporta un pli urgent du Ministre de l’Intérieur et destiné à Monsieur Plantureux, dit Plantu soi-même pour les dames qui aiment sourire aux artistes galants.

Le mot du Ministre devait faire un peu vache-qui-pleure, car il insistait sur la nécessité de cesser de le montrer en caricature de lui-même. Alors que c’est non seulement autorisé par la loi, mais que la caricature est conseillée par la démocratie qui aime tantôt se fendre la bobinette. Et justement à propos de ses plus éminents représentants, qui l’ont bien cherché la plupart du temps quand ils s’assoupissent à l’Assemblée ou quand ils parlent aussi. Même Louis XIV devait ne jamais mordre de sa mâchoire dorée, pendant que La Fontaine lui donnait des airs qui sentaient le fauve dont il fallait nettoyer la cage au Karcher.


Aussi, Daumier se fichait-il littéralement de tous les sénateurs et députés que son poulailler de sculpteur put contenir pour qu’il y figurât la République des cops et coquelets, bien crêtés sur le dessus du crâne. A la fin tous étaient dégarnis, car ils se furent bien enrichis et rendus gras en des hémicycles de vieilles masses soudées à leurs sièges électoraux entre-eux. On peut en voir encore les figurines modelées par Daumier qui sont exposées au Musée d’Orsay. Le trait est dur mais il rend bien tout d’une époque assez semblable à la nôtre.


Pourtant, au XXIè siècle , Sarkozy voudrait que tout ceci passe comme un pli à la police motorisée. S’il pouvait limer la mine de plomb de Plantu mine de rien, ne le tenterait-il pas sur-le-champ ? Pour commencer, il proposa à Plantureux un dîner pour en débattre (ce qui est amusant). Sans doute comme le renard invita la cigogne. Plantu se méfia pour la raison qu’il connaissait les renards, puisqu’il les croque tous les jours.


Et, Sarkozy avait fait tout ce foin de la ferme pour une mouche que Plantu dessinait au-dessus de la caricature Sarko. Il est vrai que Plantu la posait auparavant sur la tête de Le Pen pour des raisons d’hygiène politique. Puis, il mit un brassard avec "I.N." écrit dessus le bras de Sarko, qui voulait dire Ministère de l’Identité Nationale. C’est le Ministre qui avait commencé.


Plantu prit la leçon très au sérieux, car le lendemain il mit trois mouches. Pour voir s’il y avait quelque pétochard à la rédaction qui basculerait "le Monde" libre par une manière de morale très versée en soumission. Aux dernières nouvelles fraîchement sorties de la mare, la rédaction tient encore. Et le Ministre, devenu candidat, ne pourra refuser son portrait avec ses trois mouches buzzantes par Plantu. Sarko devrait se consoler en pensant que les mouches étaient des taches qui maquillaient les natures cachées des visages de séducteurs, dans la société des princes et des privilégiés de l’ancien régime dont il est issu, à ce qu’on dit tantôt dans sa biographie politique.


Et de toutes façons, ne disait-on pas au XIXè siècle : "Bête comme un artiste !" Aussi, comment les dessineux pourraient-ils comprendre ou prendre de tels plis si forcés qu’ils sont envoyés par des motards qui les effraient. Plutôt que les artistes se plieraient aux ordres du Ministre, fut-il devenu présidentiable et donc plus sujet à la caricature qui fait mouche.


Demian West

Thursday, April 26, 2007

Art Politique People


Pour admirer les Globes de Coronelli exposés à la Bibliothèque François Mitterrand, une éminente journaliste de Apaite et Demian West durent passer le long d’une galerie où sont exposés les portraits d’hommes et de femmes politiques français récemment photographiés par Jean-François Robert. Ce couloir, tracé par un tapis rouge interminable, en devint encore plus lourd à parcourir, quand nos deux cartographes oublièrent le beau jardin philosophique de la cour intérieure de la Bibliothèque. Tellement ils se virent écrasés par ces 60 images de visages en vastes gros plans, dont on peut et doit voir chaque ridule et duvet hypnotiques. Puisqu’il n’y avait nul endroit pour les éviter.

Tout d’abord, le passant averti verra, dans cette exposition "Face/Public", autant de citations de l’hyperréalisme des années 70, d’un Chuck Close par exemple, et ses grands portraits : quand la peinture rivalisait avec la photographie. D’ailleurs, on sent bien le traitement pictural et les retouches maniaques qui ajoutent à ces portraits, par Robert, une précision d’insecte dans son travail de rendu des détails. Mais, Chuck Close peignait des citoyens inconnus soient ses proches. Quand Robert a constitué une galerie de la nomenklatura politique qui confine ici au scandaleux, tant la référence aux cultes des personnalités soviétiques ou maoistes est manifeste.
Pire encore : le catalogue de l’exposition et tout le propos de l’artiste affirment le contraire : que ces politiciens sont montrés dans leur plus humble réalité, puisque ils sont pris et fixés en gros plan et dans un décor uniforme. Ce qui paraît aussitôt un mensonge aussi cynique que les discours qui assuraient les légendes dans les arts soviétiques qui se pensaient définitifs quand ils étaient plus simplement extrêmes. Il y a donc une violence qui se dégage de cette galerie qui évoque comme une errance du discours artistique. C’est-à-dire une rupture entre des immortels et les anonymes passants si contraints de courber leur destin sous ces soleils de l’arrogance étalés comme du papier... photomaton is watching you.

Probablement, la classe politique réunie sur ce mur n’a-t-elle pu prévoir l’effet désastreux de cette lignée de big brethren and sisters. Au bout de la galerie exténuante, tous de la bibliothèque, passants et portraits finissent par appeler une autre exposition qui serait composée de 60 portraits de Bush carrément, et tous semblables pour qu’on comprenne bien qui gouverne ou qui est le sujet de l’art qu’on impose à coups de marteau et de faux cils.

Car des personnes venues d’autres continents se postent devant ces peoples des urnes et on se prend en photo primesautière devant ces neuves tours de Monsieur Eiffel. A l’autre bout, le parisien marche d’abord, puis il se précipite vers la sortie, pour vite respirer à nouveau. Car, il craint quelque noyade ou, à tout le moins, une insolation descendue depuis ce mur de la supériorité congelée, mis en oeuvre par le Journal Le Monde soi-même. A-t-on jamais vu l’art afficher à ce degré-là sa connivence avec le politique de tous bords, comme une vassalité qui peut le plus sûrement détruire une carrière ? Car de l’art nous n’en avons guère vu que celui de la retouche photographique stalinienne qui ajoute quelques poils de barbe à Sarkozy, ou à d’autres, pour faire plus vrai au saut du lit, ou mal rasé après le travail d’une journée perdue au ministère du contrôle de l’information.

Demian West

Face/Public :
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3224,50-889273,0.htmlExposition du 30 mars au 20 mai 2007 à la Bibliothèque François Mitterrand à Paris.

Wednesday, April 25, 2007

Découverte de la Kryptonite en Serbie

En Serbie, des médias héroïques viennent de révéler la découverte d’un minéral qui semble très parent de la "kryptonite". En effet, selon le minéralogiste Chris Stanley du Musée d’Histoire Naturelle de Londres, ce nouveau métal correspond, en tous points, à la formule chimique du matériau étranger et fantaisiste qui pouvait neutraliser les superpouvoirs de Superman, le héros américain à la discrète skyline bodybuildée.

Du moins, c’est ce que le chercheur comprit, aussitôt qu’il eut lancé cette formule "sodium lithium boron silicate hydroxide" et que le moteur de recherche le superGoogla tout droit vers l’épisode du vol de la kryptonite par Lex Luthor, dans le real movie. Depuis, tout est bon pour aimanter autant de fantasmes que l’on peut autour de cette neuve merveille, déjà baptisée : Jadarite de la planète Krypton, c’est-à-dire non loin de Jadar en Serbie, ce qui est nouveau !

Toutefois, on a constaté que ce métal troublant ne brille jamais dans la nuit de la chevelure bleutée de Superman ni dans son poing fermé. Aussi, il ne s’en dégage aucune radioactivité qui se porterait bien dans ces débats entre métaux. Plus décevant encore : la jadarite est blanche quand la kryptonite était verte. Souvenons-nous que la kryptonite avait le pouvoir de retirer toutes ses défroques moulantes des pouvoirs à Superman, ce qui, paradoxalement, ne plaisaît pas trop aux filles plus averties des effets de modes.

C’est pourquoi, on se doit, désormais, de compenser un peu en pays serbe, des rêves vite faits de ce métal. Et donc, le quotidien "Politika" a frappé fort sa une, avec ce "S" qui veut dire "Superman" et, du même métal, "Serbie" aussi ! Car, selon la rédaction, il ne faudrait pas chercher plus loin l’origine du "S" le plus "jadarisé" de l’héroïc fantasy made in Amrica. C’est clair ! Pas d’erreur ! "Superman est Serbe !" Et c’est si vrai, que toute la Presse en a barré ses unes de ce krypton-là.

Finalement, cette invraisemblable histoire vraie vient à point d’exploser la planète, pour nous annoncer la seule comète qui pouvait un peu neutraliser les super-pouvoirs médiatiques de Superdupont et ses Elections Présidentielles en France.

Demian West

Tuesday, April 24, 2007

Boris Eltsine a rendu l’âme russe




L’ancien président russe Boris Yeltsine est mort à 76 ans, d’avoir été trop bon vivant. Il était le personnage emblématique du passage de l’ère soviétique à la société de marché en Russie. Tout droit issu de l’appareil ou de la fabrique des grands héros de l’Union soviétique, il s’était extraordinairement accoutumé aux avantages de la société libérale qu’il avait installée, après le sas politique Gorbachev. Plus Politburo encore : il sut laisser toute la boutique vide et la queue devant à son protégé Poutine prélevé au KGB. Car pendant ces entregents communistes et libéraux, les affaires continuent.


Il faut reconnaître que Eltsine savait jouer de ses panoplies d’images très humaines, qui allaient du politicien réaliste et brutal au camarade assez franc et si près des gens qu’il buvait avec eux un coup de trop avant d’aller aux harangues populaires si enivrées à sa gloire. Ce qu’il reconnut dans ses mémoires épais qui lèvent le coude. Souvenons-nous, on le vit tantôt sur un tank et face à la Maison-Blanche et surtout face aux photographes de l’Histoire elle-même. Comme une peinture ou une statue du courage des soviétiques contre eux-mêmes. A cette occasion ce fut pour contrer des putschistes oubliés depuis, quand tous les esprits ont retenu cette image d’Epinal du plus grand résistant gaullien de l’opéra de Moscou.


Du grand art d’agit prop néolibéral. Et qui nous a bien enseigné que la persistance des grands Etats en Asie se sait primer sur les masses et les destins des individus moyens ou petits. Et que, pour mener ces masses et pour les gouverner, il y faut des natures d’Hercule ou de dragons exagérés et outranciers qui sont, dans le même temps, des personnages du théâtre énorme. Ces vastes natures terribles apprennent à manoeuvrer et à manipuler des vagues et des masses populaires infinies, par le biais de feintes transmises par la tradition politique en ombres chinoises.


Vraiment, tout était effet de manche chez ce briseur de glaces. Quand il fracassa le protocole US par un éclat de rire qui sut faire l’économie de longs palabres diplomatiques. Ou quand ce rire achevait quelque contrat comme une signature singulière et vive apposée entre les deux grandes puissances, entre l’ours et l’aigle chauve. Vrai, Clinton sut lui donner la réplique pour le grand bêtisier des fous rires, certes impromptus, mais juste là où il fallait pour la bonne prise dans le drink. Ainsi, Eltsine était-il tout l’inverse d’un Mitterrand figé dans son masque si pharaonique que jamais ridé par aucun sourire, selon les conseils pratiques d’une sage Catherine Deneuve qui ne vieillit jamais.


A l’inverse, Eltsine a donc bien veilli et profité (on s’en doute), en Falstaff inoui de la politique des ogres qui paraissent des bonshommes. Et finalement, c’est probablement ce théâtre et cette bonhomie feinte qui sut mettre de l’huile dans le pire rouage incontrôlable du passage incertain du communisme à son contraire. Car, il y fallait un Polonais doux et amer comme l’épée du dogme, Jean-Paul II, et un Russe un peu versé dans la vodka pour bricoler cette machine-là du XXe siècle, et finalement désamorcer cette bombe froide qui fit long feu pendant 70 ans.


Demian West

Les USA feront le premier cyberdébat présidentiel




Les médias Yahoo, le Huffington Post et Slate viennent de rendre publique l’annonce de deux débats sur le Web, dans le cadre de la campagne des élections présidentielles aux Etats-Unis en 2008. Cette nouvelle vient d’être lancée sur le Net, quand en France, le projet de débat internétique du 16 avril a fait chou blanc en raison de la trop tardive entreprise du projet et en raison des dysfonctionnements manifestes qui sont survenus entre la presse et les grands médias traditionnels et les nouveaux médias dits "citoyens" de l’internet.


Ce sont donc deux événements majeurs et une première, du Net et de la politique américaine puis mondiale, qui seront enregistrés après le Labor Day, aux USA. Et aussitôt seront-ils diffusés simultanément sur trois sites internet, à deux reprises, soit une émission pour chaque grand parti. Il va de soi que tous les citoyens pourront intervenir et interroger immédiatement et directement les candidats et même voter pour donner les appréciations de leurs prestations webiques. Bientôt, les invitations seront envoyées à ceux des prétendants qui auront annoncé leur candidature. Enfin, les postulants pourront débattre de tout lieu choisi selon leur convenance.


Le débat consacré au parti démocrate sera animé par Howard Dean. Et la fondatrice du Huffington Post Arianna Huffington a déclaré que les débats internet sont l’étape inévitable des avancées citoyennes des démocraties contemporaines. Et Scott Moore, qui dirige le département "news et informations" de Yahoo !, ajoute qu’il s’agit d’ouvrir les portes de la démocratie à tout l’électorat américain. Puisque chacun pourrait interroger directement les candidats.


Il reste que l’échec du débat français a privé le Web hexagonal de cette première qui marquera les résultats de toutes les élections à venir, et partout. Car les Américains ont devant eux tout le temps qu’il leur faut pour réussir cette entreprise et cette première historique qui signe plus encore le fait que les élections américaines deviennent un fait d’intérêt mondial. Finalement, ces élections et débats seront visibles sur le Net comme si le reste du monde et le Net devenaient une étoile de plus, certes immense, ajoutée au drapeau américain.


Demian West

Monday, April 23, 2007

Regain de la Politique




Les Français ont voté massivement, comme s’ils avaient retrouvé le sens de l’acte citoyen majeur qu’est le vote politique. C’est une nouveauté extraordinaire si l’on mesure le chiffre de 85 % de votants et pour un premier tour des élections présidentielles.


Le fait qui se détache le plus certainement est le lien que l’on peut constater entre cette majorité d’opinion (donnée avec la grand précision des comptes sortis des urnes) et la chute radicale des voix du Front national. Plus encore : en Alsace, le Front national est en quatrième place quand il régnait il y a peu. Tout ceci signifie, sans plus aucun doute, que le Front national n’est pas représentatif d’une force qui peut faire basculer la France, et pour longtemps encore. En conséquence, la France reste un pays attaché à ses valeurs républicaines.


Par ailleurs, les extrémistes de gauche subissent la même défaveur. Aucun de leurs candidats n’excède les 5% de votants. C’est donc la fin des idéologies extrémistes ou des idéologies d’appareils de masses. Les idées sont désormais mouvantes et fonctions des situations et contingences du champ politique et sociale.


Certes, Sarkozy a fait une bonne campagne, notamment stratégique, puisqu’il a su rallier des votants du FN pour devoir, aussitôt la victoire acquise au premier tour, se radoucir pour courtiser le centre de Bayrou ; et qu’il apparaît d’ores et déjà que Ségolène Royal n’a d’autre chance de pouvoir gagner qu’en s’alliant avec Bayrou, puisqu’elle n’a aucune réserve sérieuse à gauche.


C’est donc un recentrage de tout le théâtre politique qui vient d’éclater à la surface des urnes transparentes. Comme si l’élection présidentielle était devenue, en quelques semaines, une étape d’un jeu politique à trois. Et plus jamais ce duetto improductif qui se repassait la patate chaude qui devait nourrir un corps social malade et affamé.


Le centre est donc l’arbitre et le "faiseur de roi" si l’on peut dire. Mais, tout en retirant constamment à ce roi élu les pleins pouvoirs dont il pourrait abuser selon sa pente naturelle. C’est probablement pour cette raison des coulisses de la politique que l’allocution de Bayrou donnait tous les accents d’une victoire. Surtout quand, dans le même temps, Borloo et d’autres acteurs des débats télévisés courtisaient outrageusement Bayrou, et jusqu’à gêner les journalistes stars qui n’avaient jamais vu autant d’appels du pied fin et si courbés.


C’est donc un théâtre de la politique curialiste et courtisane qui vient de sortir des urnes. Et il annonce bien les futurs débats qui seront marchands à l’Assemblée nationale où les décisions seront toutes vêtues, et à chaque fois, de manteaux rapiécés ou nécessairement entre-tissés d’alliances avec le centre, qui est le pivot de la politique nationale. Finalement, nous allons vers cinq ans d’inertie, peut-être favorable, car rien ne changera brutalement, au point qu’on le remarque assez dans la vie et dans la société. Hormis que les Français sont réconciliés avec la politique et loin des extrêmes, au milieu du pays.


Demian West

Thursday, April 19, 2007

Analyse des Vidéos du tueur de Tech Virginia




Après le massacre de 32 personnes au Virginia Tech, les documents et bandes vidéos envoyés par le tireur Cho Seung-Hui sont décryptés par la population, comme par les analystes. En effet, on sait désormais que le jeune Cho s’était rendu à la poste pour envoyer son testament aux médias, entre les deux massacres qu’il a menés consciencieusement du dortoir de l’Université jusqu’aux salles de classes.


On est étonné par tant de froide résolution comme on en verrait pour exécuter une revanche sinon une vengeance très profondément ourdie. D’une certaine façon, l’Amérique sent bien, à la violence du choc qu’elle éprouve, qu’il s’agit d’une faille psychologique qui s’est ouverte comme un gouffre tellurique qui fait trembler toutes les collectivités du pays. On se dit aisément, que le premier licencié venu et par un patron abrupt, pourrait acheter une arme, juste au coin de la rue, pour revenir achever tout le bureau et toute la boutique perdue.


D’ores et déjà, les news balancent la chaîne des témoignages sans fin, qui nous décrivent un Cho timide, peu enclin aux échanges avec ses camarades. Aujourd’hui, tous ses compagnons d’université martèlent qu’il éprouvait les plus grandes difficultés à maîtriser l’anglais. Ce qui permet d’insister lourdement sur ses origines coréennes, dont on cherche étrangement par quel biais elles pourraient être liées à ces débordements, dans une Amérique très sensible aux frontières ethniques. Il faut chercher ailleurs.


Certes, il s’exprimait mal et peu. Presque jamais, ou en baissant la tête, et avec une voix sourde et fabriquée comme théâtrale, mais du malaise plutôt que de la jubilation. Et ce sont certainement des indices d’un profond désaccord entre la personne et son environnement. Aussi, tous reconnaissent qu’on se moquait, et publiquement, de Cho sans en mesurer la blessure qui le dévastait sûrement, chaque fois plus encore. Toutefois, la somme de ces complexes et frustrations ne saurait produire un tueur, car alors les rues seraient en plein débord de tireurs fous sortant des bouches des undergrounds. Ce qui n’est pas si sûr.


En conséquence, il faut entendre le témoignage du tueur soi-même. Le terrible Cho a laissé des textes et des vidéos qui manifestent explicitement qu’il était inspiré par un pseudo-romantisme trouvé et nourri par des films violents mettant en scène des revanches sanguinaires. Et pire encore : il était fasciné par l’exemple ténébreux du massacre de Columbine.


Dans ses vidéos-testament, il hurle des slogans apparemment incohérents qui paraissent des revendications haineuses. Mais, on note surtout des reproches faits à des personnes riches, qui ont tout et qui exigent plus encore de lui. "Votre Mercedes n’était pas assez..." "Vos colliers en or n’étaient pas assez, vous Snobs" "Votre vodka et votre cognac n’étaient pas assez. Toutes vos débauches, pas assez ! Tout ceci n’était pas assez pour satisfaire vos besoins hédonistes. Vous aviez pourtant tout." Ainsi, les allusions à des abus probablement sexuels dont il aurait été la victime, et qui auraient donc causés son besoin de revanche apparaissent-elles au jour, certes maladroitement comme des non-dits mais exprimés dans ces "plus" ou ces "pas assez" scandaleux.


Entre autres appels chtoniens d’un Cho déjà désincarné avant même son suicide, ces mots témoignent, selon les spécialistes, de violences ou de viols que Cho aurait subis et qui l’auraient mené à se trancher définitivement la gorge du monde pour en finir avec lui, si l’on peut ainsi dire. Malheureusement pour ses nombreuses victimes, il a choisi la façon la plus outrancière et scandaleuse qui soit. Finalement, c’est peut-être dans ces "plus" ou ces "pas assez" qu’il faudrait désormais chercher et comprendre la raison macabre de cette explosion de violence sourde, qui montait à basse note pendant des années. Et dans l’Amérique dévouée aux armes libres qui finissent toujours par parler et cracher le feu, à la place des personnes qui s’éteignent.


Demian West


Pour voir les vidéos cliquez ici :http://video.ap.org/v/en-ap/v.htm ?g=8F49641D-7553-402E-B712-C31F81E6DC71&t=s60&p=ENAPus_ENAPus&&f=TXHOU

Présidentielles USA 2008 : le trésor est démocrate




Dans les primaires des présidentielles de 2008 aux Etats-Unis, des experts ont déterminé une nette avance des démocrates pour la récolte des fonds qui doivent ouvrir au plus haut-siège de la Maison-Blanche. En effet, quand le camp républicain du président sortant Bush n’a pu réunir que 29 millions de dollars pour ses trois candidats aux primaires, les démocrates ont su attirer un montant de 60,8 millions de dollars et pour trois candidats également.


Pire encore pour les républicains, les espérances des soutiens aux dauphins de Bush n’excèdent pas 40 %, ce qui laisse dire à "USA Today" que les clefs de la Maison-Blanche sont en passe de changer de mains politiques. A la vérité, aux Etats-Unis, cette mesure des fonds apportés à la campagne des candidats est un étalon d’observation assez sûr, quant aux prévisions des résultats sortis des urnes. Et la différence, au double pour l’avantage des démocrates, plaide pour un alignement de toute la sphère médiatique et économique sur cette attente de la victoire des démocrates en 2008. D’autant qu’on n’avait pas vu une telle défaveur d’un président sortant depuis 1974 et le limogeage pitoyable de Nixon, et auparavant le ferme rejet de Harry Truman en 1952.


Demain, ce sera donc une course symétrique de trois candidats contre trois, à l’instar de la fameuse course des Horaces contre les Curiaces dans l’Antiquité. Mais, avec une femme parmi eux et à la pointe talonnée du camp démocrate : la sénatrice Hillary Clinton de New York. Avec elle, les sénateurs Barack Obama et John Edwards devront avoir les pieds ailés comme Hermès. D’autant plus que Clinton les devance déjà avec 33,7 % d’opinions favorables, contre 24,7 % pour Obama et 16,8 % pour Edwards, selon "RealClearPolitics.com".


En face, la fratrie adverse se compose de l’ancien maire de New York, le très people Rudy Giuliani, qui bénéficie de 30,5 % d’opinions assurées par "RealClearPolitics.com". Quand McCain remporte seulement 11,5 % et Fred Thomson piétine à 9,7 %, loin derrière la victoire.


Pourtant, les Américains ont une manière de faire les comptes qui sait ajouter de la complexité à ce jeu des prévisions électorales. Un peu comme en France on s’amuse à piéger ou à miner les rails des sondages qui prétendent annoncer le plus sûr gagnant, avant que ce soit aussitôt démenti par les faits. Par exemple, nul ne peut ignorer aux Etats-Unis que Obama a su récolter le plus fort taux d’aides financières pour les primaires. Ceci, avant que Hillary Clinton redresse son retard par un transfert de ses fonds pour sa campagne des sénatoriales. Ainsi, Obama, qui avait 24,8 millions de dollars, s’est vu devancé par Clinton, quand elle décida d’ajouter à ses 19,1 millions, les 10 millions depuis sa cassette de sénateur. En conséquence, Clinton se vit à la tête de plus de 30 millions à la fin mars, ce qui aide pour la route qui monte à la White House. Toutefois, l’Afro-Américain Obama a su marquer les esprits par sa prouesse qui sut mettre l’ambitieuse Clinton dans l’urgence sinon la panique. Par ailleurs, il est inutile d’évoquer la fortune du troisième prétendant qui est laissé loin derrière, comme un misérable qui ne saurait se payer un siège mais un strapontin pour diriger la plus grande ou puissante démocratie du monde.


Quant aux républicains, ils n’ont plus la confiance des investisseurs de la politique, comme si leur temps était dévalué. Et jusqu’aux faibles 12 millions que Giuliani a fastidieusement raclés dans les fonds de tiroirs de la campagne à la Maison-Blanche, ruinée par son locataire actuel.


Il ne fait plus trop de doute que les démocrates, et partout dans le monde, tournent la page d’une politique dure et droitière qui laisse désormais la main. Comme en France où les élections de dimanche prochain s’aligneront probablement sur la social-démocratie allemande ou italienne, en tous les cas européenne, et bientôt américaine comme notre propos l’amène. Finalement, les forces politiques du centre-gauche reçoivent, d’ores et déjà, le vent de la foule devenue favorable. Et les électeurs portent ces forces de la social-démocratie vers une grande traversée transatlantique qui changera certainement les politiques étrangères et l’avenir du monde dans un sens plus modéré et conciliant. Car ces changements annoncés sont inévitables, dès lors qu’on voit même les forces financières, traditionnellement ultralibérales, mettre la main à la poche pour écarter la politique de Bush qui a échoué, et pour soutenir enfin les démocrates partout.


Demian West

Tuesday, April 17, 2007

La BundesWehr dénoncée sur Youtube

Une video balancée sur le Net vient d’interdire toute velléité de renaissance de racisme dans la Bundeswehr. En effet, en juin 2006, un vidéaste prenait la vidéo d’un instructeur qui formait un groupe d’hommes en armes, et par des méthodes que l’on pensait interdites dans l’armée allemande, et pour cause.

Voyez ! Pour mener un entraînement à vocation des conflits dans des pays étrangers, l’instructeur a posé le scénario d’un véhicule s’arrêtant devant son groupe d’hommes, quand trois Afro-Américains sortent du véhicule pour outrager verbalement la mère de chacun des soldats allemands. Puis, la vidéo donne la voix de l’instructeur qui exige de ses troupes qu’elles tirent sur les Afro-aAméricains du Bronx, et qu’ils stimulent leurs tirs par des injures obscènes qu’ils doivent répéter en hurlant.

La vidéo a fait le tour du monde depuis qu’elle a été diffusée sur le Net, il y a deux semaines. Plus encore, depuis samedi quand elle explosa sur les téléviseurs allemands, c’est le bal des soupirs tranchants dans une Allemagne devenue quasi muette. Cependant, toute la hiérarchie de l’armée jusqu’à Thomas Raabe, le porte-parole du ministre en charge de la défense (de filmer), se liquéfie en excuses anglophones de guest star sur toutes les télévisions américaines. Par ailleurs, Raabe ne manqua pas de faire l’apologie de la remarquable armée allemande depuis cinquante ans, pas avant cette période, bien sûr !

Des spécialistes tentent d’analyser les causes de ces dysfonctionnements prétendus étrangers aux règles qui sont en vigueur dans la Bundeswehr. Assiégés ils tentent cette explication de fortune : la réduction du contingent provoquerait l’afflux de recrues assez grossières. Puisque la soldatesque plus sophistiquée préfère déserter et se battre à la City de Londres ou à Berlin, pour d’autres profits de golden balles.

Pour autant, ces german golden boys, devant leur home theater, devront chercher la vidéo hors de l’Allemagne. Car la bande immatérielle a vite levé le camp du site allemand "myvideo.de". C’est désormais tout "YouTube" qui se la repasse comme un pistolet armé contre le casque à pointe qui reprend de vieilles antiennes racistes et xénophobes qui font froid dans le Bronx.

Immédiatement, le président du Bronx Adolfo Carrion jr. a exigé des excuses qu’il a bien entendues, mais avec une crainte perceptible dans les visages afro-américains qui s’expriment sur tous les grands Networks. Surtout, depuis qu’ils savent qu’aucun de ces soldats ni l’instructeur lui-même ne connaissaient rien du Bronx où ils n’avaient jamais mis les godillots.

Nous ajoutons tous ces détails qui tuent pour bien insister sur le fait que les seuls théâtres de stratégies, auxquels l’armée allemande se destine et se prépare, s’étendent à l’est entre l’Afghanistan et d’autres endroits où les derricks sont susceptibles de prendre feu sous un tir nourri par tant d’obscène violence occidentale. Déjà, plusieurs instructeurs allemands ont été arrêtés et jugés pour avoir maltraité leurs propres recrues, en 2004. Aussi, d’autres crâneurs ont posé avec des crânes humains pour des photographies qu’on vit étalées dans la presse du papier qui glace. Et, quand d’autres jeunes junkers jouaient au foot avec ces mêmes caboches et dépouilles.

On constate que les excès et transgressions dans la Bundeswehr avaient certainement dépassé une limite intimiste, pour qu’on les prit sur le fait sur le Web. Finalement, les nouvelles technologies, qui induisent de nouvelles pratiques et de nouvelles échelles de diffusion immédiates, ont permis d’alerter l’opinion mondiale à propos de ce qui pouvait paraître anecdotique et qui était probablement l’annonce d’un glissement dangereux dans un lieu le plus miné qui soit par sa mémoire : l’armée de l’Allemagne réunifiée.

Demian West

Monday, April 16, 2007

Kasparov-Poutine : échec au tsar




Sans l’avoir engagée, le président russe Poutine se trouve pris dans une partie d’échec et contre un grand maître du jeu. En effet, Garry Kasparov a su étonner toute la classe politique post-soviétique, quand il décida de marcher résolument vers son engagement politique protestataire. A tel premier rang, que, depuis sa première manifestation contre le Kremlin en décembre dernier, la mouvance, qu’il a créée sous l’intitulé "Autre Russie", a provoqué le maître du Kremlin à des pratiques de terre brûlée qui ressemblent bien à des stratégies fuyantes.


Samedi dans la rue moscovite, l’"Autre Russie" devait manifester ses craintes que le pouvoir russe soit confisqué par un seul homme et par ses premiers cercles assez "staliniens". Auparavant, la municipalité de Moscou avait tenté tous les prétextes en manière de parade pour circonscrire la protestation si bien menée par un stratège international, à tout le moins aux échecs. Certes, on accepta que la manifestation puisse prendre ses aises place Tourgueniev, mais jamais qu’elle ose s’étendre jusqu’à la place Pouchkine. Puisque ce centre est manifestement trop populaire pour ces festivités de la politique post-soviétique. Pourtant, Kasparov sut attirer 1 000 manifestants dans le circuit autorisé, quand d’autres milliers s’éployèrent partout ailleurs, et contre l’ordre municipal. Mais, n’est-il pas si conforme au principe d’une contestation qu’on fiche un peu le désordre révolutionnaire ?


On y vit même Mikhail Kasyanov qui fut le tout premier ministre de Poutine. Il est vrai que Kasparov rassemble des Russes venus de tous bords politiques, depuis l’extrême gauche jusqu’aux néolibéraux. Hormis la puissante et libérale "Yabloko" qui est trop proche de Poutine pour qu’elle ose lui faire ce genre d’enfant à côté.


La stratégie évidente de Kasparov est le gambit. C’est-à-dire qu’il use d’une tactique de joueur d’échec, qui sait sacrifier un pion pour contraindre l’adversaire à ce qu’il déplace ses pièces majeures hors de leurs cases de protections. Et pour que Kasparov prenne aussitôt les pièces précieuses de son adversaire aussi imprudent que hâtif. Et c’est bien ce qui se produisit, quand la police arrêta autour de 100 personnes, et qu’elle en repoussa 170 autres, devant le poste de police qui détenait Kasparov, son fou, sa tour et toute la troupe des pionniers, pour en libérer dans la foulée. Ce fut un sacré happening qui sut démontrer que la démocratie russe a du plomb dans l’aile plus que dans ses dents gâtées.


Dans les réseaux très étroits mais vastement étendus de la hiérarchie poutinienne, le maire de Moscou a réagi immédiatement, en affirmant que les manifestations posaient des problèmes spécifiques à Moscou. D’ailleurs, pour faire épaule à sa bonne foi, il ajouta dans une superbe langue de bois bien cireuse qu’il avait pris coutume d’interdire jusqu’aux manifestations favorables à Poutine. Voilà donc un homme qui n’a pas peur de glisser dans les escaliers lustrés du Kremlin. Plus fort encore : le Conseil de la Ville de Moscou suggère qu’il serait désormais nécessaire qu’on limite la densité des populations qui manifestent dans la rue, à deux personnes pour dix mètres carré. Démocratiquement, on pourrait s’interroger sur de telles confusions rapides et moscovites qui sont faites entre l’espace qu’il faut à la danse et celui qu’il faut aux manifestations politiques. Et surtout, sur cet empressement des maires à garantir un si vaste espace entre les opposants, mais tout pour en réduire le nombre... on s’en doute !


Toutefois, il reste intéressant de noter que, malgré la poussée des mouvements démocratiques et citoyens dans le monde, plus souvent confinés à l’internet et au cyberespace, c’est bien la rue qui reste encore le lieu de l’affrontement politique réel. Ainsi, Kasparov a-t-il démontré sa subtile analyse qui sut provoquer à la faute, un des présidents en perte de démocratie qui gouvernent depuis les Etats-Unis jusqu’en Russie. Souvenons-nous qu’à Washington, le Congrès des démocrates fait le siège de Bush, selon une légitimité accordée par la rue qui exige la destitution du président. Mieux encore : le reste du monde est le lieu d’une confrontation des forces démocratiques renaissantes contre des potentats qui sont déjà au pouvoir depuis deux mandats présidentiels, qu’ils ont corrompus tout pour s’y maintenir, en ignorant toute résistance citoyenne.


Finalement, c’est une troisième partie d’échec qui commence. Puisque nous sommes à la fin des seconds mandats présidentiels de Bush et de Poutine, et donc vers un troisième règne que Poutine voudrait bien engager. Quand, le téméraire Kasparov, lui, conteste le droit même de jouer cette partie. Aussi, Bush et Poutine, les deux tsars des superpuissances qui n’en finissent pas de décongeler la guerre froide, vont-ils certainement tomber sur un coup d’échiquier citoyen. Dans une Russie largement favorable à Poutine comme l’Amérique était fanatisée par Bush, Kasparov pourrait déjà annoncer ’"échec au tsar", à ce stade de la partie. Puisqu’un ancien conseiller économique du Kremlin, Andrei Illarionov vient de déclarer à la presse que la trop forte présence policière a clairement manifesté la peur paranoïaque et irrationnelle qui paraît lézarder tout le long le Kremlin.


Demian West

Friday, April 13, 2007

Insulte Média




Plus aucune manifestation d’excuses publiques ne peut arrêter le courroux des Noirs américains qui ont été gravement insultés par Don Imus, la star des médias. En effet, la semaine dernière, Don Imus avait traité l’équipe des basketteuses de la Rutgers University de "nappy-headed hos" ce qui est comme les traiter de prostituées noires. Et pour la seule raison qu’elles venaient de perdre le championnat universitaire du Tennessee. La chose fit un grand buzz qui traversa tous les grands médias de masses.


De toute évidence Don Imus pensait faire un joke online qu’il voulait de plus frappante coutume. Et pour le coup, il a réussi à lever toute l’Amérique contre ses propos, et carrément contre lui-même. Car, il vient d’être viré de tous ses shows de NBC, dont le célèbre "Radiothon" aux 100 millions de dollars. C’est donc que la chose, ou l’affront, est prise avec sérieux. Quant à CBS, ses directeurs hésitent entre une suspension de deux semaines ou le limogeage pur et simple pour attitude incitant à la haine raciale.


Il est vrai que les grandes marques Procter & Gamble, General Motors et American Express viennent de retirer leurs budgets publicitaires de toutes les émissions animées par Don Imus. Par ailleurs, le sénateur Barack Obama, qui est très bien placé dans les primaires pour le camp démocrate, a publiquement désavoué Don Imus et la chaîne qui oserait encore l’accueillir.


Désormais, Don Imus voudrait calmer le feu de la dynamite des mots qu’il a lui-même allumé. Car nul ne saurait dire : lequel, de la grossièreté de ses injures ou de leur seul caractère raciste, emporterait la palme du plus sûr suicide médiatique de l’animateur grisé par le vent des ondes qui refluent. Aujourd’hui, Imus veut rencontrer les filles de l’équipe qui sont bonnes joueuses puisqu’elles viennent d’accepter. Quand elles sont sincèrement heurtées d’avoir été publiquement souillées dans la défaite qui rend vulnérable.


On pourrait tenter de victimiser le coupable Imus, car il semble pris dans un réseau de lynchage public. S’il n’y avait ce risque qu’il a fait prendre à la société entière. N’a-t-il point tenté de banaliser une injure raciste et massivement ? Et dans une Amérique qui paraît de plus en plus sensible à ces maltraitances envers ses minorités qui pourraient bientôt être représentées à la Maison-Blanche.

Demian West

Thursday, April 12, 2007

Google-Darfour

Pour annoncer la mort de l’artiste Sol LeWitt, il faudrait le présenter dans son cadre même le plus primaire. Pourquoi ? parce qu’il était un représentant majeur de l’"art conceptuel" né de l’"art minimaliste" des années 60. Il serait inutile de présenter des photographies de ses oeuvres qui sont tantôt des architectures qui exigent un déplacement du regard pour les appréhender, et d’autres fois ses oeuvres ne consistaient qu’en des notes semblables à celles d’un concepteur de mécaniques de la physique amusante.

Sol LeWitt est mort à 78 ans à New York pour prouver encore que l’art conserve longtemps les vieux peintres jusqu’au temps de la vieillesse si propice à leur expression entièrement libérée. LeWitt fut d’abord un artiste de l’art minimal qui naquit de l’expression de Mies van der Rohe le dernier directeur du "Bauhaus" de Gropius : "The less is more" : "Le moins c’est le plus". Cet architecte majeur du XXè siècle a imposé un urbanisme américain à la ligne géométrique épurée. Puis, des artistes se sont saisi des valeurs du "design" naissant, assisté par la production en chaîne ou industrielle de modules pour les utiliser dans des jeux de constructions parfois très étendus spatialement "in situ" ou dans des musées qui les présentent.

L’art minimal s’est épuré jusqu’au geste, et enfin vers l’abstraction c’est-à-dire vers la dématérialisation même de l’oeuvre d’art. Et dans un projet bien ancien, puisque il avait été lancé par Léonard de Vinci soi-même, pour lequel l’art était une "cosa mentale". Avant Vinci, on considérait l’art comme un artisanat peu chargé d’intellect : ce qui était un jugement faussé que seul un artiste philosophe pouvait redresser. Ainsi, Léonardo insista sur cette dimension intellectuelle de l’art qui s’exprime plus par l’idée ou le "concetto", plutôt qu’il dessinerait des formes visuelles.

Par conséquent, lorsque Sol LeWitt faisait oeuvre d’art contemporain en exposant ses carnets de notes pour des projets — qui seront d’autant plus conceptuels qu’ils ne seront jamais manifestés dans une architecture en dur — il fait oeuvre d’art contemporain et conceptuel. Et c’est un art qui est en lien avec la tradition même des arts les plus classiques qui y trouvent leur achèvement paradigmatique et quasi platonicien.

C’est pourquoi en forme d’hommage au "concetto" de LeWitt, nous avons jugé plus utile de mieux présenter ces arts minimaliste et conceptuel qui ont su bouger et tendre toute sa vie. Car ces deux courants de l’art ont été son "moto" ou motif qui en fit un artiste majeur qui s’est imposé tout dans sa discrétion la plus austère d’un chercheur de l’esprit dans les formes de la modernité classique et géométrique, c’est-à-dire philosophique.

Demian West

Wednesday, April 11, 2007

Sol LeWitt s'efface

Pour annoncer la mort de l’artiste Sol LeWitt, il faudrait le présenter dans son cadre même le plus primaire. Pourquoi ? parce qu’il était un représentant majeur de l’"art conceptuel" né de l’"art minimaliste" des années 60. Il serait inutile de présenter des photographies de ses oeuvres qui sont tantôt des architectures qui exigent un déplacement du regard pour les appréhender, et d’autres fois ses oeuvres ne consistaient qu’en des notes semblables à celles d’un concepteur de mécaniques de la physique amusante.

Sol LeWitt est mort à 78 ans à New York pour prouver encore que l’art conserve longtemps les vieux peintres jusqu’au temps de la vieillesse si propice à leur expression entièrement libérée. LeWitt fut d’abord un artiste de l’art minimal qui naquit de l’expression de Mies van der Rohe le dernier directeur du "Bauhaus" de Gropius : "The less is more" : "Le moins c’est le plus". Cet architecte majeur du XXè siècle a imposé un urbanisme américain à la ligne géométrique épurée. Puis, des artistes se sont saisi des valeurs du "design" naissant, assisté par la production en chaîne ou industrielle de modules pour les utiliser dans des jeux de constructions parfois très étendus spatialement "in situ" ou dans des musées qui les présentent.

L’art minimal s’est épuré jusqu’au geste, et enfin vers l’abstraction c’est-à-dire vers la dématérialisation même de l’oeuvre d’art. Et dans un projet bien ancien, puisque il avait été lancé par Léonard de Vinci soi-même, pour lequel l’art était une "cosa mentale". Avant Vinci, on considérait l’art comme un artisanat peu chargé d’intellect : ce qui était un jugement faussé que seul un artiste philosophe pouvait redresser. Ainsi, Léonardo insista sur cette dimension intellectuelle de l’art qui s’exprime plus par l’idée ou le "concetto", plutôt qu’il dessinerait des formes visuelles.

Par conséquent, lorsque Sol LeWitt faisait oeuvre d’art contemporain en exposant ses carnets de notes pour des projets — qui seront d’autant plus conceptuels qu’ils ne seront jamais manifestés dans une architecture en dur — il fait oeuvre d’art contemporain et conceptuel. Et c’est un art qui est en lien avec la tradition même des arts les plus classiques qui y trouvent leur achèvement paradigmatique et quasi platonicien.

C’est pourquoi en forme d’hommage au "concetto" de LeWitt, nous avons jugé plus utile de mieux présenter ces arts minimaliste et conceptuel qui ont su bouger et tendre toute sa vie. Car ces deux courants de l’art ont été son "moto" ou motif qui en fit un artiste majeur qui s’est imposé tout dans sa discrétion la plus austère d’un chercheur de l’esprit dans les formes de la modernité classique et géométrique, c’est-à-dire philosophique.

Demian West