Saturday, September 02, 2006

Le Standard Al-Jazeera

Le 23 août, dans le Washington Post, a paru une interview de Sheikh Ahmed, qui dirige les éditions de la chaîne Al-Jazeera. David Ignatius lui demandait quelques "nouvelles" de l’état de l’opinion arabe, cinq ans après les terrifiantes vacillités du 11 septembre.

Tout d’abord, il alimenta toutes perversions médiatiques qui inquiètent communément et les USA et tout le monde arabe. De dire aussitôt, qu’aujourd’hui, le monde arabe serait bien plus divisé qu’alors. En raison de son image ternie, et cela vastement. Et le sheikh Ahmed d’insister, étrangement, sur un monde islamique qui semblerait plus affaibli en face d’Israël ; en ajoutant, toutefois, que nul ne saurait dire l’avenir de cet écheveau si entremêlé de pointes que tout y serait lié...

Le Sheikh craindrait un conflit entre shiites et sunnites, une guerre civile qui s’étendrait à toute la région proche-orientale, jusqu’au Koweit, puis au Bahrein et enfin en Arabie saoudite. Et la seule raison de la présence américaine serait qu’elle pourrait retarder ce processus, sinon nous serions en droit de douter de fins plus heureuses, dit-il en songeant au bourbier irakien après trois ans de leadership américain aussi fastidieux que décevant.

Par ailleurs, le Sheikh, qui est un militant notoire de la cause arabe, déplore, hormis pour la lutte palestinienne et la résistance irakienne, la complaisance des jihadistes qui s’enfoncent dans l’autodestruction ou dans des guerres intestines, selon un concept que les Arabes nomment la "fitna".

Le Sheikh est issu de la BBC, et il a rejoint en 1996 Al-Jazeera, qui est un organe de presse désigné, tout stratégiquement, par les officiels américains comme un relais des thèses binladenistes ou tout simplement des thèses les plus radicales de l’islam. Et c’est dans ce contexte, plus ou moins faussé, que le Sheikh Ahmed devrait, en outre, tirer ses news objectives du jeu proche-oriental, dont on sait qu’il vous explose à la figure au moindre écart de présupposés dans le langage.
Pour exemple : la chaîne vient d’ouvrir, à nouveau, une antenne en Iran, après qu’elle eut déplu aux autorités iraniennes pendant dix-huit mois. Simplement parce qu’elle avait filmé le Sud du pays et quelques plaintes des minorités arabes maltraitées par le gouvernement central. Ce reportage s’achevait en une répression des populations ; aussitôt, la sortie de la chaîne. Pire encore : en Irak, la chaîne a filmé les insurrections sunnites qui déplurent au gouvernement shiite, qui la débaucha en 2004. Depuis, Al-Jazeera n’ose plus mettre le pied sur cette mine shiite. Et ce sont ces scandales éclatants qui ont fait l’image ou la réputation d’une "télévision des insurgés", alors qu’il s’agit de couvrir les endroits chauds, comme c’est l’usage dans tous les lieux conflictuels.

Pour achever toute espérance et toute raison journalistique, entre la Syrie et le Liban : quand la chaîne fit une longue interview de Hasan Nasrallah, le leader shiite du Hezbollah, Al-Jazeera fut descendue par les salafistes, lesquels sont des sunnites pro al-Qaeda qui considèrent les shiites comme des apostats. Ensuite, le vif président syrien Bashar al-Assad traita les autres leaders arabes, ni plus ni moins, de "half men" qui n’avaient pas soutenu le Hezbollah dans son combat contre Israël.

C’est pourquoi, après dix ans d’existence, Al-Jazeera se réveille en plein coeur d’un journalisme proche-oriental qui semble éclaté, comme un écorché d’une illustration médicale le plus savamment inquiétante ; et ceci pour tout journaliste qui se voudrait honnête et objectif, ce qu’on attend à tout le moins. Car c’est une région où les sages, mêmes babyloniens ou très antiques, ne sauraient plus extraire une bonne eau de ce mauvais puits.

Et la solution à ces problèmes si organiquement entremêlés serait de mettre en oeuvre des standards de communication qui pourraient affermir les bases d’une communication réciproque enfin entendue, et comme un langage média préalable qui entraînerait les négociations vers une compréhension réciproque enfin conquise, sinon imposée. Et ce serait là un rôle majeur de l’information dans l’immense cité des médias, qui s’étend déjà entre l’Orient et l’Occident.

Demian West

2 comments:

Anonymous said...

Bonjour Démian

Anonymous said...

Post de Falloujah sur Agora

Soutien à Démian West
Je demande à tous nos Amis sur chaque article posé de poster un mot de soutien à Démian West par solidarité, et marquer par ce fait notre forte désapprobation, quant à l’éviction, et l’interdiction qui lui est faite, de poster des commentaires non seulement nous subissons la censure éditoriale" par des refus de publications dont les arguments eu égard à la qualité des articles proposés, se ridiculisent par eux mêmes" mais de plus, l’emblême même D’agora vox notre Démian west au pinceau plumitif fort talentueux est interdit, lui qui n’a jamais tenu de propos allant à l’encontre de la politique éditoriale prônée par Carlo Revelli, mais qui s’est insurgé, et à juste titre sur la nouvelle politique de notation et de délégations de censures qui ne profitent qu’à l’arbitraîre.

Cette insurrection à laquelle je m’associe par solidarité et conviction envers mon Ami Démian West.

Falloujah