Saturday, September 02, 2006

Reality Shock

Durant le "Forum International d’Ete" de l’INA, on s’est interrogé, avec Pierre Sorlin l’animateur des débats entre chercheurs, sur les suites, dans les appareils médias qui ont rendu compte des évéments du 11 septembre. En effet, ces catastrophes filmées en direct, avec des morts survenant en live, a contrario si l’on peut dire, ont induit des réflexions autour de cette nouvelle exigence imposée aux médias télévisuels classiques.

Subitement, cette brutale réquisition du temps continu offrit au spectateur un dévoilement furtif des fonctions et des institutions télévisuelles. Car, l’hyperréalité déborda de l’écran en des manifestations des dessous fonctionnalistes de la télévision. En raison des bousculements des programmes et des approximations dues aux improvisations précipitées qui tenaient tout par le tremblement du fait. Plus avant, on y vit des différences culturelles émerger des choix des traitements de l’information.

D’abord, une sélection s’est imposée par la hiérarchie des coûts induits : puisqu’ il fallut bien annuler des émissions avec tous les revenus pubicitaires qui y étaient associés, sans parler des dépenses en sur-régime avalées par les embauches urgentes de tous journalistes, et des traducteurs etc. Tout l’édifice en trembla plus encore : quand on dut, dans le même temps, et rendre compte de l’événement et faire face aux rumeurs de la désinformation hâtive, qui étaient déjà à l’oeuvre comme si elle furent liées à la nature même de l’événement. C’est pourquoi, les chaînes publiques se contentèrent d’assurer le débat géopolitique : n’avaient-elles point leur certitude tranquille de conserver leur audience fidèle assez ? En revanche, les chaînes du secteur privé surent mettre en scène des accents plus humains des témoignages pris sur le vif ; et qu’ils arrachèrent les émotions d’une neuve audience qui fut acquise ou raptée à l’avantage des chaînes privées.

Certes, il fallut choisir dans la hâte extrême : soit on donna le tout crash en direct, en alternance de débats de studio ajoutés de diffusions de moments d’archives ; soit on tentait le recul semi-documentaire, rendu plus solide par tous experts auprès des sujets vite montés en explications plus ou moins magistrales. Soit encore, on osait le différé assez improvisé en des voix-off qui traduisaient le crash simultanément au fracas qui devait faire : plus vrai que vrai. Mais comment pouvait-on donner une suite cohérente à ces fragments de vies qui tombèrent en direct ? Peut-être, en jetant cette suite de récit plus ouverte, vers un deuil improbable. Et finalement, en la pressant vers une tentative d’enregistrement du choc, en des tuyaux rationalistes du plus sûr mode géopolitique. Et toute cette chaîne de production d’informations puis d’absorption et de dévoration, de l’événement fut, diffusée sur dix jours à peine.

Outre, on entreprit de donner un sens métaphorique à ces événements, car il s’agissait de les intégrer profondément dans nos mémoires en tant qu’événements historiques légitimés. On les compara donc aux chocs du passé historique et bien archivés. Certainement, pour y distribuer des nouveaux héros sentimentaux et vitaux, qui devaient constituer ce nouvel imaginaire symbolique. Comme on le fait pour ériger tout monument et mémorial dans le marbre de l’âme collective.

Là, on comprit vite qu’il était risqué de dégager une identité claire des motifs de chacun qui était impliqué dans le choc : on discerna que CNN ou de Al-Jazeera, ou les musulmans séparés de l’islam radical : étaient tous vaguement identifiés dans la connaissance collective. Puisque, toutes les instances médias étaient trop adonnées aux exigences utilitaires de la propagande et du contrôle des images aux fins des politiques, économiques aussi. Et que ces instances paraissaient bien agir depuis les coulisses mouvantes de la guerre d’opinion qui jaillit aussi en terreur. On comprit lentement que toute autorité intéressée étaient forcément plus avide de persuasion que de diffuser des informations objectives. La vérité dirait qu’on traitait l’information et le terrorisme : selon les différences établies par le rapport des forces issu du conflit israélo-palestinien.

Plus largement et plus subtilement, il fallut rationaliser la peur pour tenter de reconstruire les identités individuelles ou nationales, très éprouvées. Et par le biais d’une convalescence soutenue par tous moyens de communications : depuis les e-mails jusqu’aux téléphones portables, et en passant par toute la blogosphère si discuteuse et disputeuse. On y affirma vite que le sensationnalisme avait trop servi le terrorisme. Et on versa, aussitôt, dans la critique de la télévision. Pendant qu’on cherchait, dans le même temps, plus d’infos objectives : mais ailleurs, c’est-à-dire loin des discours dominants.

Ce qui entraîna irrémédiablement la perte d’autorité de toute la sphère télévisuelle. Et dans un glissement vers des strates ajoutées en empilements de médias et de canaux internet surabondants : et donc, vers le neuf reality shock de la blogosphère.

Demian West

1 comment:

Anonymous said...

Post de Falloujah sur Agora

Soutien à Démian West
Je demande à tous nos Amis sur chaque article posé de poster un mot de soutien à Démian West par solidarité, et marquer par ce fait notre forte désapprobation, quant à l’éviction, et l’interdiction qui lui est faite, de poster des commentaires non seulement nous subissons la censure éditoriale" par des refus de publications dont les arguments eu égard à la qualité des articles proposés, se ridiculisent par eux mêmes" mais de plus, l’emblême même D’agora vox notre Démian west au pinceau plumitif fort talentueux est interdit, lui qui n’a jamais tenu de propos allant à l’encontre de la politique éditoriale prônée par Carlo Revelli, mais qui s’est insurgé, et à juste titre sur la nouvelle politique de notation et de délégations de censures qui ne profitent qu’à l’arbitraîre.

Cette insurrection à laquelle je m’associe par solidarité et conviction envers mon Ami Démian West.

Falloujah