Sunday, May 07, 2006

IRAN-USA : th'war-game



En mai entre Boston et Washington DC, la fameuse revue des intellectuels américains, "The Atlantic Monthly" met la main au plus profond dans le panier de crabes du Proche-Orient, et de ses sites en progressions nucléaires essaimés, sinon bientôt éclatés. James Fallows y fait une brillante analyse du piège dans lequel l’Occident semble ferré. Dans son article, intitulé "Le Pouvoir nucléaire à-côté de l’Irak", il rappelle que, dès 2004, "The Atlantic" avait mis en oeuvre un "war-game", bien que la revue soit très-éloignée du genre. Mais, elle voulait observer et étudier toutes les options prospectives qui se présenteraient aux belligérants du futur conflit qu’on attend entre les USA et l’Iran.

Autour d’une table ou d’un vrai théâtre de ce jeu de vilains, on sut donc réunir des experts dont Sam Gardiner qui est un colonel à la retraite de l’"US Air Force", et qui participa à des war-games, en vrai, au Pentagone et pendant la première guerre du Golfe. On partit donc depuis les positions rigides — on le reconnaîtra aisément — de Ahmed Ahmadinedjad qui veut rayer de la carte tout l’Etat d’Israël : par un discours qu’il tenait, avant même qu’il soit le président iranien. Et après ce postulat — qui frappe du poing sur la table et fait trembler les pions — les experts en jeu se posèrent cette question : "Et maintenant, ce sera quoi ?" Certes, une bonne question, mais surtout quand on la pose, l’arme au poing.

Comme il convient, ils divergèrent sur d’autres points, mais ils furent unanimes sur un point si surprenant, qu’il contredit toutes poses médiatiques : car selon eux, il serait de la plus aventureuse fantaisie, que les USA ou Israël tentent de détruire les sites de la progression nucléaire en Iran, et par des attaques militaires. Etonnant non ?

Tout d’abord, parce que l’Iran a pris la leçon des attaques préventives du F-16 israélien sur l’Osirak de Saddam, en 1981. Ainsi, l’Iran a-t-elle essaimé ses installations sensibles en plus de 12 sites. De plus, ils sont mal-localisés par les USA. Plus avant : les USA seraient trop dépendants du fait que les Shiites irakiens sont les alliés de l’Iran, quand les USA les ont placés au gouvernement irakien. Et donc, que les Shiites " peuvent faire de l’Irak un enfer" dixit Kenneth Pollack, qui est expert de la "Brooking Institution". Pire encore : le choc pétrolier, qui suivrait une quelconque attaque sur l’Iran, atteindrait le plus grand importateur soient les USA eux-mêmes. Et, finalement, une blitzkrieg sur l’Iran aurait un sûr effet de retardement, qui aggraverait les tensions de toutes natures verbeuses, pendant que l’Iran gagnerait, à sa montre, assez de temps pour protéger ses installations en les diversifiant.

Aussi et avec raison, les experts au war game ont su entrevoir une proche revendication des pays du Proche-Orient à se constituer leurs armes nucléaires respectives : pour l’Arabie Saoudite, puis pour l’Egypte, etc. Et, d’une autre main, on pressent la progression des actions terroristes, car désormais elles seraient bien-couvertes par la nouvelle arme iranienne, en manière de menace ultime. Comme on entend déjà les USA y répondre très-diplomatiquement, c’est-à-dire de la façon, cryptée ou codée, des meilleurs gentlemen qui disent : "Toutes options restent ouvertes". Ce qui laisse habilement entendre le meilleur comme le pire à venir. Et, ce qui veut surtout dire que, nul ne saurait plus prévoir de quoi serait fait notre bel avenir. Dans une phrase revendiquée par Bush, et par toutes les présidences US futures, que celles-ci viendraient de John Mc Cain ou de Hillary Clinton. Quant à Israël, ce discours y est encore plus frappant, puisqu’il encourage à la pire option. Et, seuls les Russes donnent un son si inattendu qu’on le nomme délicieusement "la corrélation des forces", comme une formule qui signifierait en fait : parler le double langage pour tous avantages marchands à court terme.

En réalité, les experts ont diagnostiqué que tout ce théâtre serait enferré dans une sorte de double lien : car quoi qu’on fasse, de part et d’autre, on est pris dans un piège. Et, l’Iran en profite pour savoir jouer la montre, et pour aller tout-droit vers sa capacité à résister aux USA : comme le fait la Corée du Nord qui est son modèle. Ainsi, il y avait 12 sites sensibles en Iran, en 2004, quand aujourd’hui, ils sont 25 à tout le moins. Dans le même temps, les alliances shiites, entre l’Irak et l’Iran, vont-elles leur meilleur train : quand le leader shiite Muktada-al-Sadr a laissé échapper pour qu’on l’entende bien, que, si les USA attaquaient l’Iran, ce serait sa farouche armée du Mahdi qu’il laisserait échapper cette-fois, et furieusement pour le coup !

Tous experts en war-game et intervenants semblent, donc, avoir compris que les USA et Israël blufferaient. Quand ils s’attaquent verbalement au gouvernement iranien, pour éviter les vrais débats des intelligences en oeuvre. Et, donc pour ne pas répondre à la question dans laquelle les services de l’intelligence iranienne, si l’on ose dire, veulent les piéger : "Qui voudrait la guerre ?"

Aussi devrait-on comprendre que : le théâtre de la guerre ne se poserait plus en des termes d’attaques militaires, mais en des termes de manipulations médiatiques, qui paraissent certes grossières quand elles sont publiques, mais qui ont des arrières-plans plus subtils, car on y tendrait des discours en toiles d’araignées tissés de double-liens pour piéger les plus puissants et visibles adversaires. Pour qu’ils s’y prennent les pieds dans le tapis, quoi !

En effet, les USA ne pourraient laisser indéfiniment des troupes en Irak ; mais dans le même temps, si l’armé US quittait le terrain, ce serait le désordre, et pour l’usage qu’elle veut faire du pétrole : ce serait "pain at th’pump" soit la douleur à la pompe. Pareillement, les USA ne pourraient indéfiniment laisser des prisonniers à Guantànamo Bay ; mais dans le même temps, ils ne saurait y avoir de procès sans que les tortures, pratiquées contre les prisonniers, y seraient dévoilées pour dénoncer l’idéal US devant son public même, américain et international. Enfin, les USA ne pourraient accepter que l’Iran serait en charge d’une arme nucléaire ; mais dans le même temps, aucune attaque militaire ne serait envisageable avec raison. Ce que le war-game du "Atlantic" et Sam gardiner a démontré. Et, faudrait-il encore évoquer une opinion américaine qui irait à la guerre à reculons, comme elle révise à-rebours les mensonges de Rumsfeld au sujet des pseudo-armes de destructions massives qui firent l’alibi pour envahir l’Irak. Et, manipulations qui alimentent, ces jours-ci le scandale public sur les "Evening CBS News".

Aussi, à l’issue de cette bataille manipulatoire ou war-game-media, ce serait le basculement de la prééminence occidentale, vers tous ponts jetés entre la Russie et la Chine vers le Proche-Orient, qui se dessinerait en suivant les nouveaux Marchés du pétrole...ainsi que la nouvelle donne des cartes géopolitiques. Nous serions donc, déjà, en plein XXIè siècle quoi !

Et nous constatons : que ces conclusions contrediraient les annonces prospectives mais affolées du fameux historien de Harvard : Niall Ferguson qui fit paraître son article sur la future guerre mondiale et nucléaire, qu’il prévoyait pour 2007 jusqu’en 2011, dans le "Telegraph". En effet, selon ses recherches prospectives, cette guerre mondiale devrait débuter en août 2007, par des échanges de tirs de charges nucléaires, à l’issue d’une crise du war-game entre l’Iran et les USA et Israël. Un jeu de la guerre qui évoquerait la Crise des missiles de Cuba, entre les USA et l’URSS des sixties, et qui s’achèverait en un replay du pire choix que fit Truman contre le Japon : quand la guerre, entre l’Iran et les USA, sortirait du jeu en sortant son jeu.

Mais, n’est-ce pas une spécificité des analyses d’historiens, qu’elles ne répètent souvent que les exemples prélevés dans l’histoire, et sans tenir compte de l’élément inattendu ? Puisque par le fait, il n’est pas encore advenu pour être inscrit dans l’histoire. Il serait donc plus probable : que l’arme nucléaire iranienne servirait de bouclier, et de prétexte à toutes actions terroristes bien-couvertes, plutôt qu’elle prépare le théâtre d’une guerre classiquement ouverte si même nuclaire, et dont personne ne voudrait au fond. Souvenons-nous de la sagesse des peuples babyloniens, qui conseillait de ne pas se méfier du chien qui aboie, mais plutôt de celui qui n’aboie pas : où dirions-nous, aujourd’hui, par où il n’aboie pas, car il tiendrait quelque niche plus sournoise pour lancer son attaque perfide.

Demian West

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