Thursday, January 08, 2009

La guerre "sublime"

Autour de la neuve guerre israélo-palestinienne, on reçoit à nouveau le déluge d'infos et de débats de tous ceux qui ont les méthodes qui mènent à droit fil vers la paix et sans que les instances supérieures n'y parviennent jamais. C'est le grand manège média qui refait un tour for free et pour les enfants. Et de l'autre main, on écarte ou on oublie ceux que ça gave jusqu'au débord.

C'est une bonne façon de remettre le pied à l'étrier pour commencer une année sur un grand pied de guerrier. C'est clair ! pas d'erreur ! ça donnerait quelque énergie qui nous manquait il y a peu, l'année dernière et dans les premiers jours de 2009. En revanche, il semble peu probable que nous soyons réellement concernés par cette guerre de cent ans qui ne dit pas son chiffre.

Regardez, comme les flux médias nous cooptent, en quelque sorte, pour nous jeter dans des histoires qui ont pour seul avantage de remplacer la politique vernaculaire et franchouillarde le long des tablées disputeuses avec nos proches. Somme : Tout ceci fait partie de la grande scène des distractions, entre soldes bien utiles, et régimes pour perdre son surpoids qu'on s'est embesogné à l'acquérir pendant les fêtes et tout pour le perdre.

Ces distractions fumeuses vont jusqu'à montrer des enfants morts en grappes pour dire l'exceptionnel de l'horreur qu'on banalise aussitôt. Car l'image est forcément désincarnée et inframince. Puisqu'elle est véhiculée par un médium de la distraction, qui donne toujours cette teinture à l'info. Le spectateur est projeté dans ce que le XVIIIème siècle appelait "le sublime" et qu'il s'opposait au "pittoresque". Par exemple, lorsqu'on est bien accroché au bord de la ravine et qu'on regarde en bas, on ressent vigoureusement cette impression du sublime qui nous dépasse, et bien loin de la vision idyllique et picturale de la bergerie de Marie-Antoinette à Versailles.

C'est ainsi que les petits Louis XIV de la petite bourgeoisie d'aujourd'hui s'égaient et se distraient de leurs contingences quotidiennes si répétitives que rassurantes. Ce sont ces mêmes petits-bourgeois qui disent aux puissants ce qu'ils devraient faire pour arrêter le conflit. Mais on se doute bien, qu'il ne s'agit que de bavardages parliers en hâtiveté de braverie. Car si le conflit cessait la distraction en serait éteinte aussitôt. Et que tout ces entregents diplomatiques, saupoudrés sur le champ social des cafés et des forums du web, épuiseraient l'alimentation en palabres. Comme on tarirait la gazoduc sibérien, et pour faire parler ultimement de cet épuisement.

Nul ne douterait plus qu'après la fin du monde, et quand il n'y aurait plus rien et même pas une mobylette, il se trouverait encore un journaliste média, ne serait-ce qu'un homme-tronc dont le bas aurait beaucoup souffert de l'Armageddon, et pour qu'il nous dise cette dernière nouvelle que le monde n'est plus. Comme jadis, la 5 s'était éteinte dans une sorte de "couic" dont les parasites électroniques sur l'écran agonisant semblaient des façons de galaxies crunchées et vite remplacées par un zapping furieux vers autre chose.

Demian West

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