Saturday, October 04, 2008

J'accuse deux fois !

Prospective du journalisme citoyen censeur

Dans son projet préalable, le journalisme dit "citoyen" voulait donner la parole à chacun dans une société ouverte. Et à l'ensuite de péripéties sur plusieurs années, le paysage qu'offre ce journalisme a bien changé. Aujourd'hui, on assiste sur Agoravox à une pratique de la censure ciblée personnellement, systématique et sans aucune raison contre des propos modérés a priori et qui sont une simple expression de la pensée critique.

Quels sont les effets d'une telle censure ? tout d'abord cette pratique manifeste quotidiennement sa pratique même. Et donc elle dénonce, par ceux-là-mêmes qui ne le voudraient pas, leur pratique dont ils prétendent mensongèrement qu'ils ne la pratiquent pas, tout en la montrant à chacun et chaque jour.

Il s'ensuit que les auteurs ou rédacteurs qui voudraient encore agir ou s'exprimer dans cette ambiance troublée sont quasiment contraints d'agir dans ce sens hypocrite et donc de simuler qu'ils ne verraient pas ce phénomène, pour sauvegarder leur possibilité d'être diffusé et ne pas se heurter à leur direction, et quand ils ne sont pas rémunérés ni obligés.

En revanche, ils perdent donc beaucoup de leur intégrité et de leur moralité à tout le moins d'écrivant, sinon journalistique. Car le propre du journaliste est qu'il refusera de voir un confrère censuré ou tout simplement qu'un auteur le soit, sans critiquer immédiatement une telle pratique non conforme à la liberté d'expression. Les plus affiliés d'entre les rédacteurs vont jusqu'à tenter de légitimer et justifier la censure d'un auteur pour garantir la liberté d'expression, ce qui est non sens qui leur échappe par la raison de la mauvaise foi évidente.

Ainsi, la censure produit-elle lentement ses ruptures et un effet de séparation du corps qui censure d'avec la société ouverte. Et une pensée unique et autoritaire ou paranoïaque s'impose entre les murs qui pratiquent l'exclusion de ceux qui s'expriment librement. Et tout ceci se pose dans une atmosphère de non-dits qui deviennent une règle répressive qui agit par toutes voies de la peur et qu'elle est une violence contre l'esprit, mais aussi à l'intérieur des murs qui censurent et entre censeurs et complices.

Par ailleurs, tous les auteurs qui publieraient encore dans cet espace de dérive sectaire en viennent à être résolument déconsidérés ou plutôt dévalorisés par leur propre mutisme que la société ouverte pourra forcément interpréter comme une forme de lâcheté qui est toute à l'inverse du journalisme et de la citoyenneté véritables. De la même façon, les contenus des articles seront en tous points conformes au climat hostile à la pensée libre, qui a tout droit de s'exprimer et que ce droit lui est refusé arbitrairement. C'est le corollaire auto-suggestif qui sait incliner la pente des censeurs plus encore vers le bas, et qui, finalement, agit à basse note et sourde pour le censuré.

Car à la fin, le journal s'achève ou s'appauvrit entre personnes et rédacteurs d'une même pensée toute conforme à la pensée du fondateur qui aura su pixelliser son portrait en plaçant chaque rédacteur selon son gré et sa ligne idéologique. C'est la pente de toutes les entreprises humaines autoritaires et finalement despotiques, qui usent de la censure et qu'elles se présentent souvent sous des apparences mensongères, lesquels masques s'effacent à mesure que le vrai visage se dévoile par le biais des pratiques journalières.

J'ajoute que tout ce raisonnement est imparable puisque vérifié par l'histoire même de toutes les disciplines qui s'expriment dans le champ des humanités et depuis aussi loin que la liberté d'expression s'est imposée. Il y est question de phénomènes quasi physiques ou naturels, comme de l'eau qui sait aller partout où l'espace se libère et aidée par la pente vers le val buissonnant où tout l'esprit de réflexion peut enfin s'écouler librement.

Ce texte sera censuré sur Agoravox autant de fois qu'il paraîtra et sous des avatars divers pour tromper les censeurs : il sera toujours censuré parce qu'il fait peur à la direction qui censure et à la communauté des rédacteurs complices et puisque mon texte dit la vérité qui doit être tue sur Agoravox. Finalement la censure que ce texte va subir est la preuve même de ce que j'affirme, et c'est pourquoi je remercie mes censeurs d'être si conformes à la mécanique de leur pensée qui s'annule d'elle-même, comme l'histoire de la censure le dirait.

D'une certaine façon, ce texte offert aux ciseaux d'Agoravox se veut le "manifeste de la fin du journalisme citoyen" qui a déçu toutes espérances en ses promesses de liberté et de don d'expressions à tous et à chacun, désormais introuvables sous la menace perpétuelle de la censure.

Demian West

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