Wednesday, March 28, 2007

Le Déterminisme selon Sarkozy




En mars 2007, le candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy rencontrait le philosophe Michel Onfray pour des échanges publiés dans "Philosophie Magazine". Le magazine avait confié au philosophe la démarche de dégager la relation des hommes politiques avec les choses de l’esprit ou avec la philosophie, ce qui est bien. Et que ce fût avec Sarkozy ne devait pas démonter ce penseur à la gauche de la gauche, et qui avait conçu d’autres "disputatio" plus viriles.
Place Beauvau, les débuts furent un peu agressifs selon Onfray. Et Sarko fumait son cigare freudien assez, puisque de tous les feux de son impatience. Puis un peu provoc’ il dit le tout-cash de sa philo Sarko : "« Alors, on vient voir le grand démagogue alors qu’on n’est rien du tout et, en plus, on vient se jeter dans la gueule du loup... » !

C’est Onfray qui le dit, puisqu’il y était quand même, et baraquement encadré par les deux gorilles du Beauvau Palace, comme c’est écrit sur son blog dans un article intitulé : "Le cerveau d’un homme de droite". Et, en si bon train de Ministre, on se jetait ces grâcieux échanges avant même l’épreuve des questions au gouvernement. Vrai, il faut avoir la philosophie bien accrochée au cuir chevelu pour persévérer dans de telles relations conceptuelles.

Après les digressions d’usages à propos de la politique électorale, Sarkozy confiait à Onfray cette perle inouïe de ses conclusions philosophiques et éthiques sur le déterminisme : "J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a mille deux cents ou mille trois cents jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense."

Cette déclaration est, aujourd’hui, reprise sur tout le net comme un joke dont il faudrait trouver l’auteur, qui manifestement n’"a aucune formation scientifique" comme le dit le seul indice qui circule par le biais des mails.

Dans une tribune publiée par "Marianne", le généticien Axel Kahn n’a sut se retenir d’opérer tout-de-suite et de dénoyauter le propos de Sarkozy et il y a trouvé une manière d’aveu de la nouvelle droite. Selon Axel Kahn :"La vision d’un gène commandant un comportement complexe tel que ceux conduisant à l’agressivité, à la violence, à la délinquance, à la dépression profonde avec dérive suicidaire, est ridicule et fausse". Encore : "cette conviction réaffirmée par le candidat de l’UMP à l’Elysée confirme ses liens idéologiques avec la nouvelle droite".

Partout la France a peur (disait Giquel), car on s’inquiète de ces visions d’une société déterministe vers le suicide. Puisqu’il n’y a aucun gène du suicide qui aurait été fourgé dans nos GPS du futur citoyen guidé par la politique droitière, ni d’ailleurs dans l’ADN accessoirement. Et pour achever ce suicide volontaire de la philosophie, même Jean-Marie Le Pen, sur "Questions d’info LCP-Le Monde-France-Info" s’est interrogé sur les glissades pseudo généticiennes de Sarkozy qui s’est goinfré tout le gène à peine modifié du parleur hâtif. Le Pen a enfoncé le clou :" "Si nous sommes habités par des gènes qui sont en eux-mêmes criminogènes, ça veut dire que nous n’avons pas la responsabilité de ce que nous faisons. Il a dû se tromper, ce n’est pas possible"

Ainsi, force nous est de questionner en ces termes : Nicolas Sarkozy serait-il l’homme le plus à droite de France ? C’est un débat qui pourrait être un bon sujet de dissertation philosophique sur l’éthique des candidats à l’Elysée pour gouverner tous les Français et donc les homosexuels qui savent ce qu’ils font comme nous tous, puisqu’ils ont le droit de vote.

Demian West

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