Friday, March 09, 2007

La Présidence par-delà les Médias


Le fait majeur de la campagne électorale, pour la présidence de la France en 2007, serait manifestement cette montée d'une vague pour Bayrou que d'aucuns s'efforcent d'ignorer comme pour la conjurer hâtivement. D'une part, cette irruption des votes favorables au centre était-elle attendue autant qu'on feignait de ne pas y croire, dans tous les quartiers généraux à droite comme à gauche. Aussi, on y répond certainement par un recours plus ou moins conscient à des méthodes suggestives visant à produire une sorte d'effet d'indifférence pour amoindrir le phénomène. Mais, dans le même temps, cette attitude fait naturellement penser à ces sociétés qui voulaient ignorer les pires volcans juste en déjeunant dessous leur cratère et couchées dans des décors pompéïens.

Certes, le fait est brutal, quand bien même il mettrait toutes les horloges à la même heure, et sans que quiconque des trois candidats en tête puisse désormais dépasser le trio, de la sienne tête. Tous sont entre 24 et 26 % dans un petit carré de crin qui produit déjà son plus grand et meilleur effet de rasseoir les ambitions de Sarkozy et de Ségolène Royal, soit du bi-partisme et de ses satellites médiatiques. Car, il est patent que ces points gagnés dans les sondages par Bayrou ne viennent pas au bénéfice des grandes messes médiatiques, mais au contraire et à nouveau, ces progrès viennent des travaux et des réflexions conçus dans les consciences personnelles et singulières, et donc jamais moutonnières ni panurgiques.

Comme si les grandes machines médiatiques avaient lancé à la catapulte les deux candidats phares, et assez loin pour qu'ils iraient à profiter de cette ligne de force, quand ils perdraient vers la fin tout le crédit amassé par les seuls dispositifs de ces machines et du pouvoir accumulé. Ainsi, comment des personnes sensées, et il faut l'être un peu pour voter, ne verraient-elles pas qu'il y aurait là une rupture considérable, et nous dirions même violente, entre les mouvements réels du peuple réel et ce qu'on supposait être qu'un spectateur perçu comme un peuple inactif intellectuellement et même affectivement.

Cette montée des votes partisans de Bayrou, et hors des circuits médias conventionnels, est la confirmation même de la validité ou de la pertinence de la compréhension du candidat centriste qui savait manifestement où était sis le peuple auquel il s'adressait. Puisqu'il y est parvenu et aisément jusqu'à le rassembler. Quand les autres y peinent encore, tant et si bien qu'ils y passent leur temps à susciter des soutiens et plus fermement auprès d'intermédiaires, plutôt qu'ils s'adresseraient au peuple lui-même. D'une certaine façon, pourrait-on y voir quelque effet de cette accoutumance aux médias qui communiquent toujours par des systèmes de relais.


Le plus heureux dans ces développements, serait cette certitude retrouvée que nous avons désormais, qu'il existe bien une Instance qui serait ce Peuple Français et qu'on pourrait le toucher, le rencontrer et le représenter par-delà ou en contournant les médias massifs et durs. Car, ces grandes fabriques des communications ont, peut-être, oublié que les élections présidentielles étaient une rencontre rare et affective entre les espoirs de chacun et des candidats, pour choisir le plus humain d'entre-eux, du moins celui qui entendrait le mieux et au plus près nos murmures.

De la même façon, l'irruption d'une force élective dans la blogosphère participative fut-elle aussi un moteur puissant de ce contournement des médias anciens. Puisque, les grandes fabriques d'émissions clé-en-main ont démontré leur force d'inertie qui ne saurait plus donner une photo assez exacte et conforme aux mentalités et aux espérances populaires. Simultanément, les grands pouvoirs de Presse ont abordé les blogs avec nonchalance, et les grands candidats jetèrent un oeil emprunté et de loin à Bayrou. Aujourd'hui, on voit nettement s'affirmer une vraie similitude de parenté entre les maîtres-destins irruptifs du candidat centriste et de la blogosphère, qui emportent tout le théatre de la pièce résolue dans la dernière scène du dernier acte.

Finalement, les grands candidats, un peu mécaniques, ont-ils probablement confondu notre époque contemporaine avec une ère supposée techno-scientifique et donc acquise aux machines. Quand le siècle, qui s'ouvre plus encore, serait plus imprévisiblement humain. Selon la simple grandeur qui pourrait évoquer des meilleurs jours de l'âge d'or de la culture humaniste, souvent intimiste car jamais écrasante. En ce sens cet esprit qui souffle sur la campagne est-il conforme et propice au rite dedans l'isoloir. Le sanctuaire où chacun même le plus humble sera à son plein office de citoyen électeur.

Demian West

2 comments:

Anonymous said...
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Anonymous said...

Le phénomène Bayrou.

D'abord une précision, c'est, mais ce sera, le plus important phénomène de la campagne après confirmation, attendons encore qqs semaines.

Ce phénomène montre un nouvel acteur face au monde médiato-politique, la population. Certes internet aide beaucoup, en évitant la pure propagande des capitalistes prédateurs des moyens d'information, mais il existe aussi les problèmes de l'enrichissement des entreprises (et des actionnaires), des classes les plus riches en même temps que la précarisation d'une grande partie de la population. L'insécurité des revenus, des lois, ...
Mais regardons de plus près les deux grands partis.

Le PS : il a perdu – plutôt lamentablement - les dernières élections présidentielles, principalement à cause d'une campagne très 'faible'. Mais il a su « gagner » les élections intermédiaires sauf le référendum. Et chose curieuse, depuis, le PS n'a rien su faire pour intégrer ces deux séismes. Depuis, comment faire confiance à ce parti qui a manifestement perdu de vue la réalité de son électorat et n'en a rien fait, paralysé par une unité de façade ( guerre des chefs et des courants interne) condition apparente de survie.

L'UMP, machine-outil plus que parti, servant la droite, mais tellement peu démocratique, que la guerre des chefs la soumet et la rend incapable de proposer une politique cohérente, elle reste opportuniste, ne réforme que pour satisfaire son électorat ou les entreprises amies, incapables de freiner les méfaits flagrants de la mondialisation (pour le dire vite), tant grande est sa proximité avec le monde de l'argent. Elle perd tous les scrutins avec fracas.


Cela dit, Bayrou, piètre orateur, est plus un pis-aller qu'un choix. Il a le mérite insigne de ne pas être ni ni, comme les partis aux extrêmes de la dte et de la gauche, et il veut rompre avec le traditionnel clivage dte gauche, qui n'existe plus qu'au moment des prises de décision, mais pas dans les discours. Bayrou propose d'associer des idées de droite et de gauche. Il ne se distingue plus et c'est un avantage pour lui, des politiciens de cette droite et de cette gauche.

Mais c'est bien là aussi sa faiblesse. Imaginons, une seconde que Bayrou soit élu président de la République. Quelle droite et quelle gauche, ou dit autrement, avec qui à droite avec qui à gauche, avec quels moyens, quelle logistique pourra-t-il défendre sa politique, et surtout quelle majorité (coalition) à l'assemblée ? Il lui faudra passer par les fourches caudines « de l'argent », donc des partis, des pouvoirs établis. Son petit parti devra s'allier, devra choisir, devra s'adapter (comme ses futurs alliés) Alors que restera-t-il de son originalité ? C'est une possible aventure ...
... à suivre.