Thursday, May 17, 2007

L'Impressionnisme Style International à Giverny



Au Musée d’Art Américain de Giverny et jusqu’au 1er juillet 2007, les petits esthètes des champs peuvent jouir du printemps sur le mode artistique et impressionniste. En effet, c’est une agréable collection de peintures de la mouvance impressionniste qui est présentée dans une exposition, autour du groupe de 1885 à 1915, qui insiste sur la communauté d’artistes que Monet sut réunir près de lui dans l’hôtel Baudy.

Tout le monde connaît le jardin de Giverny, où Monet invitait Clemenceau et toute le Paris people de son temps. Comme il eut invité des êtres surnaturels dans un de ses tableaux les plus espacés en un jardin. Il avait créé sa manière lumineuse, en quittant l’atelier du maître académique Charles Gleyre. Avec son ami Renoir, ils créèrent la manière claire, quand ils allèrent ensemble dans la forêt autour fontainebleau chez les Barbizonniers, ou à Argenteuil puis en Normandie. Et pour y étudier les phénomènes naturels de la vision impermanente.

Bien que soutenus par quelque rare peintre académicien dont Henner, les impressionnistes ont créé et imposé un nouveau langage visuel, contre toutes les règles et les ordres convenus. Tout d’abord, ils ont brisé la grille de la perspective héritée de la renaissance (la série des "Gares" de Monet). Puis, en restituant toute la force de la lumière par la pratique du pleinairisme (ou de la peinture en plein air), ils ont montré comment la luminosité sait dissoudre le réel dans nos flux subjectifs.

Mieux encore, les impressionnistes ont lentement abandonné cette nécessité de représenter un référent ou un sujet. "Les Nymphéas" de Monet sont donc précurseurs de toute la peinture abstraite. Car, si l’on sait se perdre dans le tableau, on sent bien que seules les couleurs et l’harmonie musicale sont devenues le vrai sujet de l’oeuvre.

C’est à Giverny que Monet instaura un leitmotive très important dans la peinture : la "meule de foin". Il faut savoir qu’à cette époque, les meules de foin étaient aussi banales dans le paysage, que les poubelles d’aujourd’hui sont triviales dans les rues de Paris. Et aucun peintre qui se voulut digne de son art, n’aurait osé peindre un objet aussi vulgaire ou sans intérêt pictural. Cependant de nos jours, nous y voyons une poésie presque absolue, quand à l’époque ce fut un choc, comme si les peintres et le monde était devenu fous.

Plus tard, ce fut Kandinsky qui visita une exposition des oeuvres de Monet, désormais mondialement reconnu en ce début de XXè siècle. Et devant les meules, le jeune peintre russe eut la révélation de l’abstraction. Car, il ne vit plus la représentation d’un objet peint mais un nouveau langage ou la musique des couleurs assemblées. C’est après cette révélation, qu’il a peint les premières aquarelles abstraites de la peinture. Toutefois, nous savons, aujourd’hui, que les premières oeuvres abstraites sont aussi nées dans l’atelier deu symboliste Gustave Moreau qui s’amusait à peindre des sortes d’essais sur des bouts de papier qu’il pensait sans suite.

A Giverny, Monet sut réunir des intimes autour de l’hôtel Baudy et des disciples, comme Frederick Carl Frieseke, Richard Miller puis Louis Ritman, ainsi qu’une foule d’artistes qui espacèrent cette nouvelle vision en un style international. La postérité américaine des impressionnistes devint une mine de virtuosités invraisemblables, dont on ignore encore beaucoup des talents et des subtilités, en Europe. Enfin, il est à noter que ce courant a su intégrer sans la moindre nuance des femmes-peintres qui ont partagé cette renommée internationale, ce qui était le rare en peinture.

Demian west

"Giverny Impressionniste : Une colonie d’Artistes, 1885-1915." Jusqu’au 1er juillet 2007, Musée d’Art Américain à Giverny.

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