Monday, October 22, 2007

Le suicide évangéliste avant les primaires aux Etats-Unis

En guise de sondage sur le vif qui saurait annoncer le résultat des primaires des présidentielles aux Etats-Unis, le camp républicain s’est réuni le 20 octobre à Washington et sous l’aile jalouse des évangélistes qui réclament leur part. En effet, c’est une coutume de la politique américaine qu’on sache où l’on pose ses pieds. Ainsi, les grands donateurs aux partis qui s’affrontent pour gagner la présidence peuvent-ils élire, en quelque sorte, leur champion dans des meetings aux allures de vente à l’encan.

Le GOP ou "Grand Old Party" des républicains compte huit candidats aux primaires et mieux encore, aux élections présidentielles du pays qui prétend à gouverner les deux hémisphères. Leur leader est Giuliani qui semble le seul à pouvoir assurer une position nationale. Pourtant, il jette quelques doutes dans le camp évangéliste, puisqu’il tolère explicitement le droit à l’avortement, qui est éliminatoire et non négociable pour ces religieux de l’extrême. Par ailleurs, pendant cette assemblée à Washington, Giuliani n’a pipé mot sur ses timides ouvertures vers le mariage homosexuel. Ce que tous les donateurs Bible au poing attendaient. L’assemblée pensa défaillir quand Giuliani lança tout en se retenant à temps, qu’il voulait " réduire les adoptions et favoriser les avortements" quand le tumulte de la foule tourna au rire aigre. Il reste que Giuliani avance par la force persuasive de son "nettoyage" de toutes prostitutions et pornographies à Time Square, en tant que maire de New York.

Les leaders évangélistes, dont Bauer le sponsor du meeting, soutinrent deux candidats Huckabee et Romney. Ce sont eux qui firent l’enjeu de ce sondage vers les primaires. Huckabee passa derrière Romney, et de peu. Toutefois, c’est Huckabee qui emporta sans conteste, car ses voix venaient en majorité des donateurs présents. Et qu’ils comptent plus que les voix venus des internautes qui épaulèrent Romney.

La question est d’importance, car le dilemme pour les évangélistes est de savoir quelle voie prendre pour mieux distribuer leurs forces et pour gagner, comme au bon vieux temps de Reagan et de Bush Senior. En préalable, il apparaît déjà que le camp républicain met trop de candidats dans la joute, et manifestement dans un certain désordre. Quand le camp démocrate se joue entre deux candidats très charismatiques, le candidat à teinture ethnique Obama et Hillary Clinton de l’étoffe des femmes, ce qui est doublement nouveau. Et nul doute que le candidat démocrate se dégagera nettement et bientôt. Puisque la trêve des coups bas entre Clinton et Obama vient d’être rompue par toutes sortes de mots fratricides vus à la télé.

C’est donc une course folle qui s’est précipitée, quand Huckabee a prononcé autant de thèmes et de propos religieux que de termes politiques dans son discours. C’est dire si la puissance évangélique et ses influenceurs ne veulent rien se refuser. A tel degré que, par crainte de perdre, certains évoquent le soutien pour un troisième candidat dans le GOP. Car Huckabee est réputé économiquement faible pour prétendre à emporter cette course de fond. Ce troisième candidat des évangélistes serait un opposant à Giuliani, s’il venait à triompher aux approches des primaires. Pire encore, des évangélistes à bout parlent même de la création d’un troisième parti. Ce qui déchire définitivement les forces mêmes des évangélistes, et si près de la saison des primaires quand les fruits tombent.

Tant et si bien, qu’on parle déjà sur CBS News et dans la presse américaine, sur le ton amusé sinon du démontage, que la mouvance évangélique s’adonnerait au goût du suicide, à tout le moins politique, quand leur religion l’interdit expressément. Il s’agit bien de la peur de perdre qui sait affoler le GOP, au début même de la course à la présidence qui s’annonce mal. On le reconnaîtra aisément.

Demian West

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