Wednesday, April 26, 2006

La Cour Suprême US piquerait-elle la peine de mort ?


La "Cour Suprême" des Etats-Unis a entendu, le 26 avril, un cas qui semble aller tout au-rebours des conceptions convenues qui voudraient que la peine de mort, exécutée par des injections de substances chimiques, serait indolore. Et donc, qu’elle en serait plus légitime que la chaise électrique.

C’est l’éditorial de la rédaction du "New York Times" et intitulé "Cruauté Létale" qui prit, le 26 avril, une position très explicite dans ce débat : qui s’ouvre en ses débuts, juste pour juger de la recevabilité de la demande de Clarence Hill. Ce dernier est condamné à mort par l’Etat de Floride, et il considère que l’exécution de sa peine serait non-constitutionnelle, si elle était administrée en des mesures non-conformes, car elles ne lui garantiraient plus une mort sans souffrance inhumaine.

Le "New York Times" est certain de l’issue favorable que rendra la Cour Suprême, en sa probable déclaration de la totale non-constitutionnalité de la peine capitale. Et avec une telle certitude, qu’elle serait appuyée par d’autres courants et formules de Justice, qui étaient jusqu’ici favorables à cette peine. Car, le discours qui prétend que ces exécutions provoqueraient les pires souffrances et les plus terrifiantes, pendant le process d’exécution, s’étend et s’espace dans toute l’opinion américaine et jusqu’à la Cour Suprême.

Pour exécuter le condamné : on lui injecte trois substances chimiques mortelles, dans un ordre croissant à respecter : la première anesthésie ; puis la seconde paralyse les muscles et pour empêcher la respiration ; finalement, la dernière arrête le coeur jusqu’à la mort du condamné. Et, si ces substances étaient mal-administrées, ou injectées en une séquence et dans des mesures non-conformes : il s’ensuivrait immanquablement, que le condamné vivrait sa mort en ressentant d’intolérables souffrances et ajoutées d'angoisses conscientes.

Et pire encore : sans qu’il puisse exprimer, ni par des sons, non-plus que par des gestes, son agonie, rendue encore plus inhumaine devant une assistance de témoins, presque rassurés sinon épargnés, car ils pensent le condamné endormi et inconscient, alors qu’il est paralysé. Et qu’au-dedans de lui, c’est le pire tumulte de la mort, et que nul ne voit, et dont on n’entend aucun de ses cris inhumains.

Des experts évoquent : une hyper-sensibilité due à des "suffocations conscientes de douleurs aveugles si propres à l’arrêt cardiaque" et cependant que les témoins n’y verraient qu’une mort assistée par un sommeil injecté tout-proprement. Or, les "Human Rights Watch" avancent qu’il y aurait de plus en plus de preuves de ces effets, de ce qu’il faudrait enfin nommer : une torture institutionnalisée par la mauvaise application de cette peine de mort. Laquelle est la plus courante aux Etats-Unis, et la plus critiquée aussi.

Ce qui change : il y a peu, un Juge Fédéral, en Caroline du Nord, a suspendu une telle exécution, pour le temps qu’on saurait lui assurer que le condamné serait bien rendu inconscient, et dès la seconde injection : quand les souffrances commencent à monter, si la conscience n’était endormie au préalable. D’autres éminences de Justice évoquent cette "Machine de mort" dans les termes les plus explicites de Justice Harry Blackmun qui dit la peine de mort "non-constitutionnelle totalement", et qu’elle irait à l’encontre du 8è amendement : comme l’appuie la rédaction du "New York Times".

Et, dans une piquante formule en manière d’achèvement : que seule une Justice qui accepte la peine de mort, saurait être un peu troublée par la pensée que celle-ci pourrait être appliquée par des méthodes non-conformes, ou en quelque procédé non-constitutionnel.

Demian West

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