Tuesday, January 08, 2008

Le trop plein dans l'opposition à Sarko


La France semble comme détranchée en deux parts, l’une à droite qui peine et l’autre à gauche qui soupire. Car on entend de plus en plus les soupirs tranchants du Parti Socialiste qui se cherche une figure fédératrice, qui saurait porter quelque coup enfin utile au flanc de Sarko la bête de séduction.

C’est un phénomène manifeste et grandguignolesque que le même jour et dans toute la Presse, plusieurs articles vantent dans le même temps, toutes les figures majeures du PS, comme la personnalité qui va rafler la mise. Aujourd’hui, on nous sert du Royal fédératrice à 30 % de l’électorat du PS ; aussi du Jack Lang comme l’homme providentiel qui connaît tout l’art de la séduction des milliasses de people bien subventionnées par sa vision de la culture ; mieux encore un Strauss-Kahn qui fait dans le lointain pour voir s’il n’est pas un peu l’homme du XXIè siècle, dirait Audiard. Et finalement, on donne aussi dans le sûr sanctuaire de la capitale, en mettant Delanoë sur son trône chiraquien de l’Hôtel de Ville si bellement couché en bord de Seine vers toutes Présidences allongées.

On le constate aisément, c’est une opposition qui s’oppose surtout à elle-même, comme au meilleur des aventures d’Astérix et les sarkozystes. Chacun, des héritiers de la pensée mitterrandique horrifique et mirifique, veut installer son courant qui servirait la seule couleur de sa personne. Qui en douterait encore. Et aucun ne songerait à céder un tant soit peu de terrain à l’autre qui serait, à ce qu’on dit tantôt, de son propre camp.

Pis encore, Lang enverrait des billets de félicitations et quotidiens à Sarkozy. Car il y sent quelque récompense en maroquin, dont il s’était longuement accoutumé au fumet aphrodisiaque. Certes, Jack est traumatisé, comme toute la gauche à terre et éreintée par le débauchage des ministres Kouchner et Bockel par Sarkozy le malin. Mais le Lang, dandy inouï, se flatte d’avoir été un précurseur de cette ouverture, quand il avait participé au comité Balladur. Ce qui lui valut l’expulsion hors du saint des saints du PS. Désormais, il voudrait participer au gouvernement Sarko, et s’y opposer mais de l’intérieur. On connaît la suite en utopie idéaliste, qui sait cacher des ambitions plus personnelles... Et pourquoi pas ?

Dans le même temps, la sphère internet reste le refuge des peuplades essaimées après la défaite. Des journaux citoyens se composent en des traînes de troupes semblables à celles qu’on vit se fixer dans le congélo de la retraite de Russie, bien avant la glace Poutine. Et tous se lamentent sans penser un instant, qu’il serait de saison de choisir un représentant de l’opposition, bien unique et de la trempe du petit Sarko, qui s’agite sans laisser en virtuose de la stratégie politique.

Il reste que la conférence de Presse à coeur ouvert, annoncée par Sarko lui-même, risque à nouveau de tourner en son spectacle aussi séduisant qu’une boule explosant le jeu de quilles à gauche. Si l’on en juge, par le fait que les maîtres du PS prêtent leur flanc à la moindre chiquenaude de langage qui saurait les faire tomber. Ils en alimentent même les discours en se dénigrant littéralement entre eux et par voie de Presses conjointes.

C’est probablement ainsi qu’on perd brillamment, c’est-à-dire quand on est au sommet de son éclat et de ses compétences. A l’instant de la mort de De Gaulle, ne craignait-on point le trop plein plutôt que le manque ?

Demian West

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